"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



mardi 21 décembre 2010

JOYEUX NOËL !...

Une vidéo de Valentine DELUXE

L'équipe de MEIN CAMP au grand complet (soit BB et Valentine) vous souhaite du fond de cœur de très joyeuses fêtes, et un Noël campissime !...




mercredi 24 novembre 2010

WARREN FLIPPE A LA GALERIE !


BB's MOVIES #7

par BBJane Hudson


Le sucre en morceaux suscita un engouement considérable auprès de la jeunesse américaine des années 60, non pas tant pour ses vertus médicinales ou ses qualités gustatives, que pour ses facultés imbibatoires. Généralement associés à l'absorption de l'Eau de Mélisse, ces petits carrés blancs se révélaient également fort pratiques pour recueillir quelques gouttes de diéthylamide d'acide lysergique, décoction fort prisée de la génération psychédélique, et plus connue sous les initiales L.S.D.
La France, qui n'apprécie les trips qu'à la mode de Caen, se montra nettement plus réservée envers ce produit réputé nuisible aux neurones de ses consommateurs, et en resta sagement à la culture artisanale du chanvre et du pavot. La Belgique, traditionnelle patrie du sucre roux, tenta de mélanger la mixture à de la cassonade, mais ne trouva point le résultat à son goût (encore que notre amie Valentine m'avoua récemment avoir beaucoup apprécié cette substance, dont elle imprégnait ingénieusement des petits cubes de betterave).


Quoi qu'il en soit, une chose est sûre, c'est que le L.S.D. rendait fou – et continuerait de le faire, s'il n'était résolument passé de mode.
Les ravages qu'il opéra sur une multitude de chevelus, barbus et autres beatniks, s'étendirent à une frange beaucoup moins attendue – car plus conservatrice – de la société : les producteurs de cinéma, émerveillés par les horizons artistiques et pécuniaires qu'ouvrait cette déferlante acidique.
Un nouveau courant cinématographique irrigua les salles de quartier, celui des « films de drogue », désignés par le terme générique et forcément yankee de drugsploitation. A vrai dire, le sous-genre n'était pas si neuf, puisque les années 30 avaient déjà produit quantité de bandes flétrissant les effets des psychotropes de tout poil.



Deux classiques de la drugsploitation des thirties

Le titre le plus connu de cette nouvelle cuvée de pelloches "stupéfiantes" est probablement The Trip de Roger CORMAN, où Peter FONDA s'efforçait d'oublier ses déboires conjugaux en s'offrant un voyage hallucinatoire pas piqué des hannetons. Transporté pour l'occasion dans les décors de la série Poe cormanienne, il y rencontrait une sorcière, des amazones travesties en cavaliers médiévaux, une confrérie de nécromants et un nain ricanant (les nains sont toujours ricanants à l'écran, à l'exception de l'hypocrite Joséphine, adepte du sourire crétin – qui ressemble quand même à un ricanement).



Moins connu en France mais beaucoup plus probant, Psych-Out (1968) rassemble un prestigieux trio de délinquants azimuthés (ou plus exactement de comédiens spécialisés dans ce type de rôles) : Jack NICHOLSON, Dean STOCKWELL, et Bruce DERN. Membres d'un groupe de rock psychédélique, ils aident une Susan STRASBERG atteinte de surdité (ce qui est bien fâcheux quand on est groupie d'un rock band) à retrouver son frère junkie dans le foutoir généralisé de Haight-Ashbury, le quartier hippie de San Francisco. A mi-chemin du documentaire sur le péril jeune et du mélodrame toxico, Psych-Out s'offre de grands moments de délire speedé, comme lorsque le futur réalisateur Henry JAGLOM (Always, Déjà vu) se met brusquement à « flipper à la galerie » et se croit transporté dans un film de George ROMERO.
De quoi vous faire lourder vite fait toutes vos actions Béghin-Say.




mercredi 10 novembre 2010

JUSTE UNE QUESTION DE BON SENS


Une nouvelle rubrique de Valentine DELUXE


Il ne faudrait pas croire que la Grande Dame, telle que je vous la chante depuis 6 mois, soit toujours en déphase complète avec la dure réalité du terrain.
En effet, le Panache n’est pas tout dans la vie, et nous sommes allés suffisamment loin dans la démonstration de ses vertus pour aborder maintenant une deuxième notion tout aussi essentielle : le bon sens !
Le bon sens, c’est par exemple, le cas échéant -- et uniquement dans les situations d’absolue nécessité, cela va de soi --, de laisser tomber votre ensemble valises et malles Louis VUITTON de 45 pièces pour voyager léger… et quand je dis léger !...
Ce pragmatisme indéfectible se révélera, dans les circonstances les plus dramatiques, une botte de Nevers imparable pour tirer votre épingle de la meule de foin fétide où pullule le commun des mortels, et où -- bien évidement ! -- vous n’avez rien à faire !
Pour rendre cette démonstration plus parlante, demandons l’assistance d’une grande spécialiste des questions de bon sens, Mme Linda Rogo...
Comment ça « Linda qui » ?... On ne vous apprend donc plus rien de valable dans vos lycées privés pour jeunes filles panachées de bonnes familles ?...


Linda ROGO

Linda Rogo, c’est cette ex-péripatéticienne qui, fatiguée d’user ses talons compensés dans les rues foutrement pentues de San Francisco, a fini par se marier avec l'un des représentants les plus bougons de la maison poulaga locale : le pataud mais attendrissant Ernest BORGNINE (qui porte le tricot de corps comme nul autre, soit dit en passant !)
Arborant pour l’occasion cinématographique qui nous occupe les traits de la très charmante et indéniablement camp Stella STEVENS, notre belle Linda, il faut bien l'avouer, n’a pas que des idées lumineuses.
Pour passer le réveillon du Nouvel An 1971/1972, par exemple, elle avait le choix :
La pizzeria du coin, avec les nappes à carreaux rouges et blancs et le pinard coupé à l’antigel (proposition de M. Rogo), ou bien un magnifique transatlantique effectuant sa dernière traversée en Méditerranée.
Evidemment, réflexe de grande dame oblige, elle choisit la seconde option -- vous auriez fait pareil, rassurez-moi ?
Et bien là, justement : paf !… c’est la bévue olympique !...
Car le rafiot en question, c’est le Poséidon, un transat’ aussi grand et porte-poisse que le Titanic.
Et à minuit pile, entre serpentins, cotillons et farandoles d’usage, le Poséidon se prend une vague de 30 mètres de haut dans le buffet, avec les conséquences que l’on imagine...




Là, vous avouerez, c’est ce qu’il est convenu d’appeler « un obstacle comaque » !
Donc, si l’on tient à répondre « présent » quand sera lancé le générique de fin, faudra assurer, et ça va pas être du mille-feuille !
Par exemple, pour sortir de cette magnifique salle à manger, mêlant judicieusement les restes de décors de précédentes superproductions déficitaires de la 20th Century Fox, à savoir des bas-reliefs du Cléopâtre de MANKIEWICZ/ZANUCK et les verrières art-nouveau du restaurant de Hello, Dolly !* (pour oser ce genre de mélange improbable mais ô combien panaché, associé à une conscience du recyclage écologique très en avance sur l’époque, il faut indubitablement être une folle -- et ne prenons pas cette appellation dans son sens psychiatrique premier, bien sûr !), pour sortir, disais-je donc, de cette salle à manger où tous les passagers sont piégés comme des rats, il vous faudra escalader un sapin de Noël haut comme l’obélisque de la Concorde. Ce sera donc le moment d’avoir l’esprit pratique !
Eh bien, jugeons un peu du bon sens de Mme Rogo en pareille circonstance :




"J’AI MA CULOTTE, J’AI BESOIN D’AUTRE CHOSE ?..."
Souvenez-vous de cet aphorisme, il pourra vous sortir de l’embarras et vous aider à vous rappeler que vous êtes une Grande Dame en toute circonstance !
Si vous passez la douane américaine par exemple, et qu’on vous demande -- sans rire -- si vous n’avez pas été affilié au parti Nazi durant la Seconde Guerre Mondiale, ou si vous avez l’intention d’introduire des armes de destruction massive sur le territoire… vous saurez quoi répondre :



A l’heure où, de ce côté de l’outre-Quiévrain, on vous appellera aux urnes pour un ultime referendum sur l’avenir de la Belgique, quand on vous demandera de quel côté de la frontière linguistique vous souhaitez vous installer avant que l’on n’érige un rideau de fer façon Berlin :






Jusqu'à la minute où vous rendrez votre suprême soupir, quand un employé de la maison Borgnole vous demandera, l’œil anxieux : "Pleine terre ou crémation ?...", vous lui soufflerez donc, dans un râle putride et mortifère :







Et comme épitaphe, au Père Lachaise, sur votre mausolée en marbre rose -- dans lequel vous ne manquerez pas de vous faire ensevelir avec tout votre personnel de maison, de la lingère à la femme de chambre, en passant par le jardinier, la cuisinière, le chauffeur, la masseuse, la manucure, etc..., comme Joan COLLINS à la fin de La Terre des Pharaons -- vous ferez graver en lettres d’or saupoudrées de poussière de You-Kun-Kun :



Bon, comme ça c’est clair, ou il faut que je développe plus avant ?

* Un jour, promis, je vous ferai une bafouille sur les multiples recyclages -- et il y en a de cocasses -- des décors gigantesques de Hello Dolly !… Cochon qui s’en dédit !

jeudi 14 octobre 2010

COMMENT S'ENVOYER DES NOMS D'OISEAUX AVEC PANACHE


LES BONS CONSEILS DE VALENTINE # 11

par Valentine Deluxe


Lorsque j'évoque pour vous le monde harmonieux où batifole la Grande Dame Homologuée, et dans lequel les aléas et pépins qu’affronte le commun des mortels (celui qui stagne au bas de l’échelle du glamour) ont autant de prise sur elle qu’une chiure de papillon sur un jupon d’organdi, mes remarques appellent néanmoins une sévère réserve.
Car tel l’éléphant d’Afrique, dont le tonnage équivaut à l’ego d’une Grande Dame d’âge moyen, celle-ci ne peut en effet s’ébattre que sur un territoire en adéquation avec l’amplitude de sa mégalomanie galopante.


Une Grande Dame Homologuée en période "fort tonnage de l'ego".

Question « public », ça n’est jamais un problème : cabotine comme pas deux, plus il abonde, mieux elle se porte, toute épanouie et resplendissante devant ce parterre médusé par tant d’allant et de charisme.
Mais encore faut-il qu’elle soit la seule de sa catégorie à baguenauder dans les verts pâturages de la grandiloquence panachée (« vert émeraude », les arpents, cela va sans dire !)
Qu’une autre grande dame entre dans l’arène et c’est le clash, le combat singulier et sanglant à qui aura le dernier mot. Un peu comme des négociations entre pré-formateurs de gouvernement dans un certain petit royaume tout plat, avec des cathédrales pour uniques montagnes, et dont je n’oserais prononcer le nom de peur de n’être plus en phase avec l’actualité politico-communautaire de ces dernières heures. Mais de panache, hélas, il n’est point question avec ces animaux-là.
Car s’il est deux conditions sine qua non pour vous crêper le chignon (avec panache) – et Dieu sait que cela manque cruellement au monde politique –, ce sont bien la variété de votre vocabulaire (acerbe et tout confit d’arsenic), et la rapidité fulgurante de vos reparties !





Prêts pour la démonstration ?
J’appelle maintenant à la barre Kim NOVAK et Elizabeth TAYLOR, dans une des scènes les plus jouissives (et inénarrablement Camp, cela va sans dire) du Miroir se brisa.
Réalisé de la façon la plus plate par un Guy HAMILTON aux abonnés absents, il nous permet de retrouver nos deux donzelles en pleine phase terminale de hasbeenization, juste avant qu’elles s’en aillent cachetonner dans quelques soap-operas du petit écran.
Kim a le visage retendu comme une peau de tambour ; si d’aventure elle avait la malencontreuse idée de forcer son sourire, les coutures lâcheraient et les oreilles fuseraient à la vitesse d’un spoutnik, risquant de faire trois morts dans l’assistance.
Mlle TAYLOR-WARNER, elle – déjà ex-Mme BURTON(2 fois) / FISHER / WILDING / HILTON et veuve TODD – transite alors entre deux allées et venues au Betty Ford Center, où elle garde une suite à l’année et où l’on a le bon goût d’harmoniser la couleur des rideaux avec celle des sangles du lit.
Les emmerdements ne venant jamais seuls, elle est aussi en pleine période de boulimie galopante (due à ses incessants déplacements pour suivre son sénateur de mari en campagne présidentielle) et à deux doigts de l’effet « pop-corn » .
L’effet pop-corn ?!?… Mais oui, vous savez bien, c’est quand les bourrelets adipeux commencent à déborder de la gaine de façon incontrôlable, comme un Blob en phase « conquête du monde » !


Un bourrelet adipeux de Liz TAYLOR, en phase "conquête du monde".

Pour faire bonne mesure, les deux drôlesses sont également maltraitées par une costume designer visiblement sous assuétude éthylique (pauvre Phyllis DALTON, pourtant lauréate d’un petit chauve en or pour les costumes de Doctor Zhivago), transformant la première en œuf de Pâques et affublant l’autre d’une potée de myosotis en guise de couvre-chef.
Heureusement pour elles, le panache est donc aussi une affaire de langage... et le leur est aussi fleuri que le bibi de Liz :




mardi 12 octobre 2010

BEAUTIFUL CAMP !


Une vidéo de Valentine DELUXE


L'AVIS DE BBJANE :
Si quelqu'un vous demande un jour ce que signifie le mot "Camp", montrez-lui ça :






samedi 9 octobre 2010

MONTEZUMA MADNESS !


BB's MOVIES
par BBJane Hudson

Vous en connaissez beaucoup, vous, des proprios qui viennent mitonner une omelette à leurs locataires sur le coup de 8 heures du mat', pour les aider à affronter une journée de rude farniente ?... Et qui leur offrent en prime une chorégraphie ancillaire sur les accords hispanisants de Bizet ?...
Dans The Gay Deceivers (connu en France sous le titre inspiré du Piège à pédales), Michael GREER n'hésite pas à se mettre en quatre et à jouer les Maïté d'opéra-comique pour les beaux yeux des nouveaux occupants de son pavillon, un couple de jolis garçons fraîchement réformés par les recruteurs de l'U.S. Army pour cause de déviance sexuelle. En vérité, les deux mignons ne sont pas plus gays que... vous, je ne sais pas... moi, ça tombe mal... disons que vous et John WAYNE, pour prendre un exemple flagrant de virilité inoxydable. Exemple d'autant plus pertinent qu'un an avant la sortie de ces Gay Deceivers, le Duke réalisait le mémorable Les Bérets verts, ode à l'intervention américaine au Vietnam, et que c'est précisément pour échapper à ce conflit que nos deux tire-au-flanc décident de poser aux tapettes.




« Dur dur d'être bébé »
, chantait jadis JORDY avec une gouaille émouvante. « Dur dur d'être pédés », s'avisent Kevin COUGHLIN et Larry CASEY, qui se voient contraints, pour tromper la vigilance d'un colonel soupçonneux, de jouer le jeu au quotidien, et à cette fin emménagent dans un quartier résidentiel uniquement peuplé de folles en chaleur, dont la moindre n'est pas (j'y reviens et boucle habilement une boucle qui tendait à partir en quenouille) leur propriétaire, Michael GREER.
Attardons-nous quelques instants sur ce dernier comédien, dont la trop brève carrière, interrompue par le Sida, témoigne d'une homosexualité fièrement revendiquée et quasi militante. En un temps où les comédiens gays aspirant au vedettariat étaient fortement incités à baisser le pavillon rose et cadenasser le placard, GREER afficha sans complexe sa follitude décontractée et sa flamboyance caustique, tant à l'écran que sur les planches – pour ne rien dire de ses frasques en coulisses...



Michael GREER

A ses côtés, nous retrouvons Larry CASEY en adonis bodybuildé -- que nous voyons savourer l'omelette dans l'extrait qui suit --, Kevin COUGHLIN, autre acteur familier des rôles de gays (bien qu'hétéro) et grand habitué du cinéma Camp, Jo Ann HARRIS, alors abonnée aux rôles de jeunes pestes chaudasses (remember Les Proies, où elle se jetait à la braguette de Clint EASTWOOD sous les yeux écumants (?) de jalousie d'une Geraldine PAGE non moins agitée du berlingot), et Christopher RIORDAN, acteur, danseur et top modèle qui bourlingua dans une tripotée de films cultes, beach movies et shows télévisés, aux côtés du gratin de la culture Camp – notez soigneusement son nom, vous le retrouverez bientôt en bonne place sur ce blog...


Kevin COUGHLIN & Larry CASEY

Michael GREER & Christopher RIORDAN

Comme il se doit, The Gay Deceivers porta sur les claouis de la communauté homo, peu encline à goûter le pittoresque de l'entreprise et toujours chatouilleuse en matière d'image. Il faut dire qu'à l'époque, certains activistes décérébrés revendiquaient chaudement le droit pour les gays d'aller se faire dézinguer dans les rizières pour l'honneur de la patrie. Aujourd'hui, il est permis de se gondoler devant le miroir à peine déformant tendu par ce film bon enfant, où les hétéros perdent les pédales tandis que les hommelettes cassent des œufs.




mercredi 6 octobre 2010

NOTRE SAINTE PATRONNE


par BBJane Hudson


Il y eut 21 ans hier, disparaissait la Sainte Patronne du cinéma Camp, Miss Bette DAVIS.
Un hommage (modeste, mais sincère) s'imposait sur ce site, hanté par son esprit...
J'ai plaisir à le lui rendre, à travers quelques scans de documents issus de ma collection...



























La première photo de Bette que j'aie achetée, dans une boutique de cinéma parisienne,
et qui trône dans ma vidéothèque depuis 25 ans... :







jeudi 2 septembre 2010

COMMENT FAIRE SES ABLUTIONS AVEC PANACHE


Avertissement de BBJane
: Valentine chérie, je ne saurais trop vous remercier de cet article si complaisant envers ma modeste personne. Je suis d'autant plus navrée de la panne qui affecte malencontreusement mon serveur d'images, et qui m'interdit d'illustrer vos propos avec la concordance requise... Je ne parle même pas des liens, qui cafouillent complètement... C'est bête, hein ?...
(Votre rat, ce soir, vous le voulez au grill ou à la poêle ?...)


LES BONS CONSEILS DE VALENTINE # 10
par Valentine Deluxe

Mes enfants, l’heure est grave !
Je me suis fait taper sur les doigts par ma rédactrice en chef.
Si vous aviez déjà dû affronter Mlle BBJane Hudson quand elle est dans une de ses humeurs « châtaignes », vous sauriez que « dictatrice-en-chef » serait un titre plus en rapport avec le caractère fluctuant de cette harpie. Dans ses bons jours, elle n'est qu'odieuse et hautaine ; mais dans ses mauvais, elle est pire !
La raison de ces récriminations ?… Il paraît que je fais trop long !… J’vous demande un peu !...
Est-ce qu’on reprochait à BALZAC ou HUGO de faire 15 pages sur la description d’un verre d’eau ? Imaginez-vous TOLSTOÏ vous pondre "Guerre et Paix" sur un coin de nappe ?… MELVILLE griffonnant "Moby Dick" sur une étiquette de boîte de sardines ? Non ?… Eh bien alors, qu’on me foute la paix !



Honoré de Balzac (à gauche) et Victor Hugo (à droite)

Mais comme elle s’occupe aussi de l’intendance, j’ai bien peur que ça n’ait quelques fâcheuses répercussions sur la cantine dans les jours qui viennent.
A mon avis, je vais encore avoir des trucs qui gigotent dans le fond de mon assiette ; et si ce n’est qu’un gaspard, je pourrai déjà m’estimer bien heureuse d’avoir de la viande !
En plus, elle me reproche des tas de trucs avec des mots savants : « syntaxe », « ponctuation », « séquence »… est-ce que je sais, moi ?... du moment qu’il y a du Panache !...
Eh bien, il paraît que ça ne suffit plus. Faut que je me reprenne en main, que je me structure, que je me petit-robertise, sous peine de voir l’acariâtre sortir de sa caisse à outils chalumeaux et brodequins, et me travailler avec zèle à la mode «Sainte Inquisition ».
Ça, ma foi, si c’était fait avec goût (je n’ose écrire « Panache »), et si j’avais bu plus que de raison, je ne dis pas non. Encore faudrait-il que la bourrelle ne donne pas dans la dentelle fanée et l’eau de toilette au muguet !



Torture torquémadienne pour Valentine

Bon, allez, ma mansuétude étant légendaire et sans limite, on va tâcher de ménager la pauvre chère vieille chose : Essayons de faire court.
(J’ai bien dit : « essayons », hein !...)



C'est ça, Valentine... Faites cour... ce sera suprême...

Donc, tout d’abord, de la méthode ! Allons directement à l’essentiel : sujet, verbe, complément.
Finis les préambules, les digressions, les parenthèses sans fin, tenons-nous en à notre sujet.
Et celui de ce soir / ce matin / ce midi (vous venez quand vous voulez, vous êtes ici chez vous) est on ne peut plus pragmatique :
Les ablutions.




Eh oui ! Vous fréquentez ces colonnes depuis assez longtemps maintenant pour ne pas vous faire recaler comme des oies blanches sur un sujet aussi basique, alors que je m’use la santé à vous répéter chronique après chronique que la vraie Grande Dame homologuée ne connaît point le repos. Elle se doit d'être toujours attentive, ne dormant que d’un œil et l’oreille aux aguets.
Et ce, chaque jour et chaque nuit de sa glamoureuse existence, afin d’esquiver les pièges vicieux et les crocs-en-jambe mesquins que la médiocrité quotidienne des basses-œuvres réglant les fonctions vitales de notre organisme lui tend constamment. (À part Jacques MAYOL je ne vois personne capable de me répéter cette phrase sur une seule inspiration !)
Ainsi donc, l’hygiène corporelle – tout comme les autres sujets déjà abordés par votre spécialiste maison – ne peut souffrir la demi-mesure.



Chez Valentine déjà, le problème ne se pose pas : je n’ai ni vessie ni intestins, et je transpire du Chanel n°5 !
Mais tout le monde n’a pas cette chance.
Vous par exemple, vous vous imaginez, entouré(e) de marmots braillards en train de vous gratter la couenne, le cul dans une bassine en zinc, dans une arrière-cuisine crasseuse où flotte un panel de fragrances subtiles allant du chou rance au linge moisi ?… Nooooooon !
Aussi, pour prendre une leçon de récurage panaché, je vous propose de retourner dans la Domus Aurea de ma précédente chronique, pour y retrouver notre belle impératrice à l’heure de sa toilette.
Elle arbore cette fois les traits de la divine Claudette COLBERT, toute en décadence et volupté, qui est en train de faire trempette dans une baignoire comme n’en a même pas eu Esther WILLIAMS pour ses pérégrinations aquatico-gymniques en 10 ans de carrière à la Metro Goldwyn Mayer.


Claudette COLBERT

Derrière la caméra, c’est tout aussi fastueux, car nous avons le roi de la fresque épique et de l’hypocrisie catho-pudibonde, l’hyperbolique Cecil B. DeMILLE, qui nous propose ici une curieuse adaptation non officielle du QUO VADIS de SIENKIEWICZ (les droits d’auteurs couraient toujours en 1932…), sous le titre pompeux de Le Signe de la Croix.





Et comme à son habitude, sous le fallacieux prétexte de nous donner une leçon d’histoire édifiante sur la vie des premiers chrétiens (qu’il excise au passage, et contre toute attente, du happy-end traditionnel), le maître incontesté de la superproduction saint-sulpicienne made in Hollywood reconstitue méticuleusement devant nos yeux émerveillés la plus belle palette de mises à mort exotiques et d’orgies païennes jamais osée sur un écran de cinéma.




Si ce n’est pas cet aspect particulier de l’œuvre que je traiterai aujourd’hui (ne vous en faites pas, je reviendrai sur cette facette croquignolette du film dans une prochaine bafouille), vous pouvez au passage en profiter pour avoir une idée de ce qu’il était encore permis de mettre en images durant cette parenthèse enchantée, propice à toutes les gaudrioles les plus scabreuses, que l’on nomme la pré-code era.
Eh oui ! car non seulement, en reluquant bien, on peut apercevoir subrepticement un bout de nichon de son altesse impériale – vision sublime autant que subliminale –, mais de plus, la môme Poppée n’étant pas du genre bégueule, elle accueille volontiers dans sa baignoire (remarquez, y a de la place) l’une ou l’autre vilaine cafteuse de ses amies qui vient lui faire son rapport fielleux à l’heure de la toilette.
Moins de 2 ans plus tard, hélas, ce satané code Hayes rendra ce genre de joyeux débordements pellicula non grata dans la capitale occidentale du cinéma.
Lors de la ressortie du film quelques années plus tard, la scène que nous allons découvrir dans un instant – dès que je me serai décidée à la boucler pour de bon, puisque, faut-il vous le rappeler, je me suis jurée de faire court aujourd’hui – a d’ailleurs subi l’outrage des ciseaux vengeurs des adorateurs du MPPC (le « Motion Picture Production Code » pour ceux qui n’avaient pas capté).
Les censeurs ne seront décidément jamais des amis de la Grande Dame Panachée !




mercredi 1 septembre 2010

OUR MISS FRED ou LA FOLLE VADROUILLE


BB'S MOVIES #5

par BBJane Hudson

On dit toujours : « La Seconde Guerre Mondiale »...
Moi, je veux bien, mais il serait bon de rappeler que le terme « seconde » s'emploie lorsqu'il est établi que rien ne viendra à la suite, autrement dit qu'il n'y aura pas de « troisième ». Sinon, c'est « deuxième » qu'il faut dire. Pour ce qui est d'une Guerre Mondiale, je ne parierai pas mon Tampax qu'on est à l'abri d'une nouvelle d'ici la Fin du Monde (qu'on n'appellera pas « La Première », vu qu'elle promet d'être la seule – ce qui, vous l'admettrez, est d'un grand réconfort...)





Ceci pour en venir à notre film du jour, Our Miss Fred (titre français : néant, vu que la bande n'est pas sortie en nos contrées), qui se déroule précisément durant la Deuxième Guerre Mondiale, et plus exactement lors de l'envahissement de notre beau pays par les hordes teutonnes. Ce jour-là, Fred Wimbush, acteur shakespearien effectuant son service dans le Nord de la France, est surpris par l'invasion chleuse alors qu'il interprète un rôle de femme dans un spectacle monté par ses camarades biffins. Les boches -- qui, on le sait, ne sont pas très malins (même qu'on se demande comment ils firent pour nous occuper si longtemps) -- le prennent pour une véritable lady, et poussent l'inclairvoyance jusqu'à le lutiner un brin. Craignant de passer pour un espion, Fred préfère ne pas les détromper. En même temps, peu soucieux de se faire fridoliner la rosette par nos nazillons en goguette, il décide de regagner dare-dare son île natale en compagnie d'une escouade d'écolières british qu'étaient venues faire du tourisme par chez nous. S'ensuit une Grande Vadrouille mâtinée de La Cage aux folles, alertement troussée par Bob KELLETT, et dominée par la flamboyante personnalité de sa star : Danny LA RUE (décédé l'an dernier, à ma grande consternation, même que mon rimmel n'a pas encore séché).





En Angleterre, LA RUE était une véritable institution : le premier travesti nommé Officier de l'Empire Britannique. Bob HOPE voyait en lui "la femme la plus glamour du Monde", et la grande Noël COWARD le décrivit un jour comme "l'homme le plus professionnel, le plus spirituel, et le plus charmant du métier". Curieusement, Our Miss Fred est le seul film où il tint la vedette, ce qu'on peut déplorer au vu de son talent folle. En France, où, à part Benny HILL et Mister Bean (ajoutons les Monty Python pour faire bonne mesure), les amuseurs anglais n'ont jamais eu la cote, il reste aussi glorieusement inconnu que le soldat du même nom, et que ces autres spécialistes de l'humour rosbif que sont Spike MILLIGAN ou Harry SECOMBE.







La scène qui suit explique peut-être pourquoi Our Miss Fred n'eut jamais l'honneur d'une exploitation hexagonale : nos braves compatriotes y apparaissent comme de foutus péquenots, durs de la comprenette et agités du calcif. C'est comme ça tout au long du film, qui nous offre un portrait assez peu reluisant, pour ne pas dire férocement diffamatoire, du peuple de la Liberté, du baiser fourré, des cuisses de grenouilles, et de Nicolène SARKOYALE (ou de Ségolas ROYZY, si vous préférez...)
Notre Miss Fred croise ici le chemin de deux ruraux à qui elle tente de faire comprendre qu'elle n'est point celle dont elle a l'air, dans l'espoir qu'ils sauront lui fournir des fringues mieux adaptées à son périple en rase cambrousse. Notez l'impayable accent français des acteurs britanniques jouant nos braves paysans. Notez l'étonnante ressemblance du pays ch'ti avec la verdoyante Albion. Notez les tragiques méprises auxquelles nous expose la barrière du langage lorsqu'on ne la sait point enjamber. Notez tout ce que vous voudrez, mais ne manquez pas cet extrait...
God save the drag queen !...




vendredi 20 août 2010

COMMENT FAIRE SA DRAMA QUEEN AVEC PANACHE


LES BONS CONSEILS DE VALENTINE
# 9
par Valentine Deluxe


DRAMA QUEEN : Désespérée chronique, qui montre en toute occasion une propension à dramatiser la moindre bricole et à faire gonfler la broutille la plus anodine dans des proportions gargantuesques, en prenant bien soin d’en faire profiter un maximum de gens.

Si une Drama Queen sommeille en chaque Grande Dame, l’inverse n’est pas automatique.
En effet, si vous êtes au bord du gaz à chaque fois que vous écoutez une chanson de Lara FABIAN (Dieu m’en préserve !), tout en poussant le volume assez fort pour que tout l’immeuble puisse compatir au malheur de votre 248ème rupture, et acquiescer au fait que Lara, en écrivant sa baveuse gueulante, a forcément dû penser à vous et à la tragédie sentimentale que vous traversez (cette fois-ci, c’était sérieux : vous êtes presque restés 15 jours ensemble, et il avait même fini par se rappeler votre prénom !), cela ne fait pas de vous une grande Dame pour autant.
Que vous faudra-t-il pour acoquiner ces deux qualitatifs en forme de label de qualité ?
Je suis sure que, cette fois, je n’aurai même pas à vous souffler la bonne réponse pour vous entendre tous en chœur reprendre après la fatidique question :
"Le…."
"Le Pa…."
Ooooh, ben flûte ! Allez ! faites un effort, cornegidouille !
"LE PANACHE !!!" (La prochaine fois, il y aura des sanctions du genre supplice oriental !) Il y a parfois de quoi me décourager et vous laisser toute misérable dans votre crasseuse ignorance. Heureusement qu’il y a du Saint-Bernard en moi (surtout le tonneau autour du cou !...)

Deux attitudes typiquement drama-queenesques :


Gloria SWANSON


Lypsinka

Donc, remontons un peu le temps et la via Apia pour dénicher celui qui est à la fois l'une des plus incontournables Drama Queens de l’Histoire de l’Humanité, et qui se double d’une incontestable Grande Dame : l’Empereur Néron en personne ! (ici incarné par le sublime et tant regretté Peter USTINOV, dans une magistrale démonstration de haut cabotinage sans filet avec triple axel et saut périlleux arrière, et qui semble déjà nous préparer à son sublime Prince Jean dans Robin des Bois version Disney. Ne manque que le pouce en bouche !)
Démonstration :
Quand Néron fait une java à la maison, on ne se retrouve pas à trois péquenots autour d’une pierrade posée sur la toile cirée de la table de cuisine de votre minable galetas semi-meublé, noyé dans des effluves de graillon et de mauvaise vinasse.
Non, ici, nous allons prendre le modèle au-dessus, la full option tendance « orgiaque » : une salle à manger grande comme un terrain de foot.
La mansarde s’appelle la Domus Orea (ce qui est on ne peut plus panaché, vous en conviendrez...) 300 personnes engoncées dans des péplums aux couleurs agressivement technicolorisées, se goinfrent de langues de rossignols confites et de sangliers entiers farcis de canaris vivants, parmi mille et une autres délicatesses… Et ce tandis que des myriades d’esclaves nubiennes, une plume dans le rectum -- ben oui, Valentine à fait Latin-Grec au lycée ! -- exécutent des danses aussi lascives que pouvait le permettre le code Hayes en 1951 après Jésus-Christ (année de production de l’œuvre que je me propose d’ausculter aujourd’hui, l’hyperbolique Quo Vadis de môsieur Mervyn LeRoy.)





Evidemment, Grande Dame oblige (oui, on peut être Empereur et Grande Dame, la grande dame attitude n’étant définitivement pas une question de sexe), le maître de maison et divinité vivante s’est réservé un petit podium « center stage », histoire d’être bien en vue du public de choix qu’il s’est composé pour l’occasion.
Et quelle audience !… A ses côtés immédiats, un phalanstère de lèche-fondements de compétition, et évidemment, sa garce d’impératrice -- sortie d’un quelconque bordel de la ville basse, comme se plaisent à ragoter les tombereaux de mauvaises langues et autre faux-culs qui peuplent votre palais --, qui, d’un regard langoureux au travers d’un de ses merveilleux monocles en rubis ou émeraude pour trouver le centurion musclé qui pourra honorer le devoir conjugal négligé par son époux, nous donne la meilleure définition qui soit d’un mot de 6 lettres, commençant par un S, avec un E à la fin et « ALOP » entre les deux (vous trouvez, ou faut que je développe ?...)
Bien évidemment, notre drama-queenesque Grande Dame adorant pousser la chansonnette, il y a toujours un faux-derge dans le tas pour lui gueuler avec un air à faire passer Judas pour un boy-scout en quête de sa quotidienne BA : « Une chanson ! Une chanson ! ».



Peter USTINOV, Drama Queen en chef


Conditions incontournables pour avoir votre brevet de Drama-Queen :
Refuser avec la dernière énergie, prétextant un quelconque bobo d’ordre oto-rhino-truc-bazar, et SURTOUT ne céder qu’après mille supplications mielleuses de l’essaim d’hypocrites qui bourdonne autour de vous.
Là, évidemment, vous en profitez pour sortir votre lyre, et crac !
Allons-y gaiment et sans retenue, pour brailler sans complexe la dernière décoction musicalo-épique sortie de votre géniale et divine caboche !
Car évidemment, vous ne donnez JAMAIS dans la mélodie de bastringue pour fille à matelots (même si, soyons juste, vous ne détestez pas marins et débardeurs ; mais ne nous égarons pas dans les questions de vie privée, sinon on n’a pas fini !)
Donc, vous allez nous faire ça dans le lyrique, le grandiose, avec des airs de vestale effarouchée et des intonations grand-guignolesques qui feraient passer Sarah BERNHARDT pour une anonyme gourdasse sortie d’un film de Robert BRESSON.
Mais je ne vais pas tout vous raconter non plus... Voyez par vous-même, si vous ne me croyez pas :





Et n’oubliez jamais cet adage plein de bon sens, made in Valentine :

QUAND LA MARABOUNTA GRONDE...
… LA DRAMA-QUEEN COUINE !

(Si j’entends une réflexion désobligeante, je fais ma Drama Queen, et je m’en vais bouder ailleurs, alors faites bien gaffe !...)

mardi 3 août 2010

COMMENT ALLUMER LA LUMIERE AVEC PANACHE


LES BONS CONSEILS DE VALENTINE #8

par Valentine Deluxe


Bon. Le panache, on maîtrise, maintenant. C’est un acquis, on ne revient plus dessus...
Et pourtant, parfois, au détour d’un chemin balisé, d’une situation convenue ou d’une figure imposée, se glisse LA question piège !… et c’est là que l’on tire une implacable ligne de démarcation entre l’aimable amateure compétente et la Vraie Grande Dame -- Ze professionnelle of Ze panache !
En effet, n’importe quelle deuxième dauphine en huitième de finale à l’élection de Miss Poitou-Charentes peut reconnaître une pince à homard d’une clé de 8, ou encore faire la courbette idoine devant duchesse, baronne ou vicomtesse lors du bal des débutantes.
Mais une fois que l’on a à faire aux gestes les plus quotidiens, crac !… on se fait gauler !...
Et vous pouvez croire votre Valentine sur parole : le ruisseau, c’est beaucoup plus facile d’y retourner que de s’en extraire. (Vous prendrez le mot « ruisseau » dans l’étymologie fangeuse et urbaine qui était la sienne au 19ème siècle, s’il vous plaît.)
Alors faites gaffe, conseil d’amie et de Grande Dame !
Vous voulez un exemple ?
Oh, je vais vous trouver ça !...
Et bien, disons : Allumer la lumière !


L'interrupteur Deluxe


Quand vous arrivez quelque part et qu'il fait sombre, vous avez besoin des bienfaits de la Fée Électricité.
Réflexe basique : on part en tâtonnant à la recherche de l’interrupteur, voire du dimer pour les plus sophistiqués d’entre vous, ou encore du premier lampadaire IKEA atteignable (lampadaire qui, bien sûr, se trouve derrière une table basse que vous ne manquerez pas de heurter en plein tibia, et sur son coin le plus tranchant, cela va sans dire...)
Et bien, voilà l’erreur ! la grossière erreur de débutante !...
Retrait de permis de Grand Dame à vie pour une bourde pareille ! (et sans souffler dans le ballon !...)
Heureusement que je suis là pour vous éviter l’infamie d’un gadin gros modèle du haut de cette échelle sociale que vous aviez déjà eu toutes les peines du monde à escalader en talons hauts -- échelle dont vous ne manqueriez pas de vous prendre chaque échelon dans les gencives avant d’atteindre le rez-de-chaussée de la grisaille et du tout venant, après pareil impair. Bref, retour à la case départ : bienvenue chez les affreux !...
Mais cette rubrique ne s’appelle-t-elle point « Les Bons Conseils de Valentine » ?



Vous ne voudriez quand même pas régresser à ce stade ?


Grâce m’en soit rendue -- c’est du tout bon pour mon karma, ça ! --, je vais encore une fois vous tirer d’embarras en vous tenant le menton hors de la fange plébéienne des anonymes.
Nous allons aujourd’hui prendre exemple sur Mme Ayesha, qui, le temps de la séquence à venir, aura les traits de l’obscure Helen GAHAGAN, dans une superproduction de Merian « KING-KONG » C. COOPER de 1935, avec Irving PICHEL comme homme de main derrière la caméra (inutile de se prétendre « metteur en scène » quand on a le colonel COOPER dans les pattes comme producteur !...)
Le film, d’une opulence et d'un faste qui enterrent définitivement et sans la moindre peine la version HAMMER avec Ursula ANDRESS, fut un flop sanglant qui renvoya aussi sec Miss GAHAGAN par le premier vol Hollywood-Broadway, où elle avait acquis une certaine notoriété.
Piquée par le démon de la politique et farouche démocrate, elle affronta avec bravoure ce goujat de NIXON, qui la surnomma « the Pink Lady », et fut durant plus de 50 ans Mme Melvyn DOUGLAS à la ville.
Deux faits d’arme qui, vous en conviendrez, ne peuvent que nous la rendre sympathique.
Ça, c’était pour votre édification personnelle.



Helen GAHAGAN


Mais revenons a Mme Ayesha ; ou SHE-WHO-MUST-BE-OBEYED, comme elle aime à se faire appeler !
Déjà, si c’est pas un patronyme panaché, ça ???
Croyez-en mon expérience : Madame She, c’est la Grande Dame des Grandes Dames ! Même votre Valentine a l’air d’un titi de Ménilmuche en comparaison (je sais, c'est dur à croire, et pourtant !...)
Disons que c’est le genre de fille qui a su rester simple :
Premièrement, pas besoin de Botox, de crèmes antirides et tout le bataclan esthético-chirurgical qui nous sert de cache-misère une fois que les méfaits conjugués du grand âge et de la pesanteur commencent à avoir un effet des plus ingrats sur l’ovale de notre beau visage. Non : elle, un bain de flammes tous les 15 du mois -- une flamme sacrée, s’entend ! -- et hop ! elle est prête à aller passer un casting chez POLANSKI, malgré ses 2000 ans au compteur (Ayesha, pas Popol...)
Ensuite, elle a beaucoup de personnel de maison. Dans les 2 ou 3000 têtes de pipes, rien que pour le repassage !




Pour lui apporter ses œufs bacon le matin, il faut une procession comme on n’en voit même pas à Lourdes un 15 août.
Quand elle flemmarde en savates à la maison, c’est toujours dans une robe en lamé platine, avec une traîne de 30 mètres en plumes de dodo, et un You-Koun-Koun à chaque oreille.
Et pour ce qui est d’allumer la lumière, ben... ça donne ça :





Bon, pas besoin de parlementer pendant trois plombes : ça a quand même une autre gueule comme ça, vous ne trouvez pas ?...
Non, non, ne me remerciez pas, puisque je vous dis que ça me fait plaisir !...