"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



vendredi 11 février 2011

LA MUSIQUE ADOUCIT LES MOEURS (et dissout les neurones...)


par Valentine Deluxe


Force est de reconnaître que, jusqu'à présent, nous fûmes plutôt timides question exotisme... Oh, bien sûr, pour ce qui est des Grandes Dames qui font des crises d’hystérie dans des escaliers sunset-boulevardiers, des dialogues ampoulés et grandiloquents, des dictionnaires complets d’insultes et noms d’oiseaux raffinés : geen probleem ; mais dès qu’il s’agit de voyager, on se timore, on se grippe, on se referme comme des huîtres : pas question de sortir des 52 états de l’oncle Sam !... Le kitsch, le camp, et l’excès seraient-ils des spécialités locales d’appellation contrôlée, comme l’andouille de Vire ou les bêtises de Cambrai, directement importés de la machine à rêve hollywoodienne ?... Voilà une épineuse question qui a bien souvent fait l’objet de débats de haut niveau au sein de la rédaction de votre blog préféré !... (Bon... au passage, faut reconnaître que question rédaction, Mein Camp n'est pas non plus le Daily Planet ! Si je compte bien, nous sommes deux en tout et pour tout ; nos bureaux occupent une loge de concierge rue Lepic, qu’on sous-loue tous les premiers mercredis du mois à des fourreurs Libanais partis en livraison ce jour-là -- Oups ! excusez la digression parasite, je me reprends de suite...)


Destination : Tokyo

Eh bien, pour aujourd’hui – une fois ne sera peut-être pas coutume –, cassons les habitudes et embarquons à bord du vol 714 pour Tokyo, histoire de nous offrir une virée mémorable dans un night-club select du coin... Musique pop au message écolo d’une naïveté désarmante (qui a dit « pléonasme » ???), projections psychédéliques baveuses à vous donner la nausée, danseurs hystériques dont les déhanchements syncopés évoquent dans des proportions qui restent à déterminer des bovidés atteints du syndrome de Creutzfeldt-Jakob et les crises d’épilepsie mystiques de Vanessa REDGRAVE dans Les Diables. Le tableau pourrait sembler assez chargé comme ça... Eh bien, détrompez-vous ! Car voilà que débarque, au moment le moins opportun, un invité surprise aussi encombrant que visqueux, gluant et nauséabond – je ne sais pas ce que vous en dites, mais moi, tout ça suffit largement à faire mon bonheur !

L'invité surprise, gluant, visqueux et nauséabond.

Avant d’aller plus loin, il faut que je vous fasse une chtite confidence. Vous ne le saviez peut-être pas, mais votre servi… trice ? teuse ?… enfin, votre Valentine, elle kiffe à donf’ (comme disent les jeunes d'aujourd'hui) les grosses bestioles issues des cauchemars cathartiques de l’inconscient collectif niponais post-nucléaire. Autrement dit : Godzilla, Mothra, Gamera, King-Ghidora, Ebirah, etcetera (là, ce n’est pas le nom d’un monstre, c’est une locution latine...) ; bref, toutes ces abominations écloses des retombées traumatiques consécutives au largage de Little Boy sur Hiroshima (encore un truc en « A », comme la bombe du même nom...) Parmi ce défilé de monstruosités qui ferait chanter la Marseillaise à un compteur Geiger, un de mes préférés (un ou une, son sexe reste assez difficile à établir formellement) est la puante et crapoteuse bestiole surnommée par un gamin des plus agaçants « Hédora » (dénomination reprise sans sourciller par les autorités, les médias et les plus hautes sphères de l’Empire du Soleil Levant).

Fruit des amours d’un fût de déchets radioactifs et d’une bestiole préhistorique gros modèle sur laquelle on aurait renversé le contenu d’un camion poubelle, il faut bien reconnaître que dans le genre « délit de faciès », Hédora se pose là !... Et dire qu’il y a des ados qui vous pondent une pièce de Claudel pour une pustule sur le menton, non mais, j’vous demande un peu !... Bon, en parlant de Claudel, j’ai juré que je ne vous ferai pas une paire de souliers de satin avec cette bafouille, alors, on y va au taquet : retournons fissa dans cette boîte de nuit où va s’inviter « sans coup fait rire » le débonnaire mais fort encombrant Hédora... Le flash existentiel qui s’impose à nous en visionnant l’objet du délit ci-joint, pourrait se résumer en une candide formulation : « Mais qu’est ce qu’ils ont bien pu prendre comme substances illicites pour nous pondre ça ?...» Réponse : « Je ne sais pas, mais c’est de la bonne ! »

On va voir ?... Attachez vos ceintures, ça va dépoter !...