"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



jeudi 28 juillet 2011

samedi 23 juillet 2011

FEMMES, FEMMES, FEMMES !...


Les vidéos de Valentine


Voici donc, pour votre plus grande jubilation, le "I'm a Woman" de Peggy LEE mis en images (et quelles images !) par Valentine Deluxe (et quel luxe !)...
Non, je ne dirai pas qu'il s'agit de sa plus grande réussite, et qu'elle aura du mal à surpasser cette œuvre d'art, puisqu'elle s'ingénie à me faire mentir chaque fois que je formule cette affirmation, en nous offrant ensuite un montage encore plus supercalifragilitisque... Les Déesses de Camp se sont de toute évidence penchées sur sa poussette pour la pourrir de dons, et le moins que l'on puisse dire est qu'elle le leur rend bien...
Alors, qu'est-ce qu'on dit ?... "Merci Valentine !"... et : "Encore !"...
Tenez, pourquoi ne pas passer aux hommes, la prochaine fois ?... Cabots grandiloquents, tatas flamboyantes, Apollons bodybuildés, et matinee idols ; ce n'est pas la matière qui manque... Reste plus qu'à trouver la musique qui va avec... Quelqu'un a une idée ?...
En attendant, régalez-vous ! C'est du nanan !...





jeudi 21 juillet 2011

SHE'S WOMAN


Une vidéo Deluxe !


Tout a commencé par une demande terriblement titillante que Valentine formula sur Facebook : "Sur quelle musique souhaiteriez-vous que je vous concocte ma prochaine vidéo-montage ? Soignez vos propositions, je ne retiendrai que les plus pertinentes..."
Quelques petits malins avancèrent des suggestions pour le moins farfelues... C'est ainsi que le bienheureux Thierry SOUVERAINS proposa carrément la tétanisante aubade à la vie de Sandra KIM, que l'aquatique Damien DAUPHIN opta pour les vocalises soap opératiques du méconnu (et qui gagne à le rester) Gilles SINCLAIR, que le très tendance Fred DEEFRAY osa l'inconcevable en nous pokerisant en pleine face le nom de Lady Gaga, que le très-apostolique Frédéric ERNOULD nous chanta les louanges des Compagnons du Goupillon de Brelou-la-Cloche, que le pétulant Claude DROUHIN prétendit nous embourber les zozores avec la salissante ariette de Mrs CLARK, que l'ingérable Damien MASSART nous refourgua l'annonce d'accueil musicale de son téléphone mobile, que la dodécaphonique Isabelle FRANÇAIX tenta de nous convertir au seul choix qui, selon elle, tombait sous le sens, et que l'incorrigible Héloïse D'ANJOU nous orienta in petto vers les rusticités grivoises de son verdoyant répertoire.
En toute logique, c'est sur ma proposition que se rabattit Valentine, à savoir le I'm a Woman de Peggy LEE. Trois semaines plus tard, elle m'envoie ce message désespéré : "Je trifouille, je farfouille, je bidouille, mais je n'arrive a rien qui me satisfasse... Me vient l'idée de changer la musique pour une autre "I'm a Woman" (n'ayant rien à voir avec la version de STOLLER & LEIBER), celle de Helen "The singin' nun in Distress" Reddy. Là, ça marche mieux, et au final, ça donne ceci..."
Conclusion : quand Valentine "n'arrive à rien", elle nous offre quand même un magnifique aboutissement... Du reste, à force d'acharnement, elle finit par relever le défi, comme vous le constaterez demain en découvrant le résultat de ses inestimables efforts...

N.B. : On remarquera que la belgitude de la môme Deluxe transparaît une fois encore dans sa création ; elle nous offre en effet ici, au hasard des images, une Pat Ast dont on pourrait tirer de gargantuesques cornets de frites...



samedi 16 juillet 2011

AH ! SI VOUS CONNAISSIEZ MON POULPE...


THE BB'S HORROR PICTURE SHOW #5
par BBJane Hudson


Nul n'ignore que les murs ont des oreilles, que la colline a des yeux, et que la mer a des dents ; ce que l'on sait moins, c'est que cette dernière est également pourvue de tentacules, comme le prouve le film très arrière-gardiste d'Ovidio G. ASSONITIS, dans lequel un poulpe relativement géant (c'est-à-dire filmé en très gros plans) sème la terreur chez les balnéaristes d'une charmante station californienne.


Tentacules -- plus marrant sous son titre espagnol...

Cette coproduction italo-américaine louche à s'en décoller la rétine sur le classique de Steven SPIELBERG, dont il repompe à peu près toutes les occurrences scénaristiques avec une scrupuleuse incompétence et une bonne dose de loufoquerie involontaire.
Mais ce qui rend le bousin puissamment attractif, c'est son casting à se rouler par terre en chantant "Viens poupoulpe, viens poupoulpe, viens..." Une aussi glorieuse brochette de démonétisés ne se rencontre pas à tous les coins de toiles, jugez-en : Henry FONDA en industriel véreux répondant au nom chenu de Mr. Têteblanche ("Whitehead" en V.O.) ; Bo HOPKINS en ichtyologue amoureux fou de ses épaulards à qui il ne dédaigne pas de faire tendrement la causette, voire de chanter de jolies chansons ; Cesare DANOVA en je ne sais plus trop quoi (j'ai revu le film il y a plusieurs mois et mes souvenirs tendent à se déliter) ; Claude AKINS en shérif d'une inutilité flagrante ; et surtout, John HUSTON et Shelley WINTERS, le premier en scientifique alarmiste qui a tout compris avant tout le monde mais qu'on ne veut pas écouter et on a rudement tort, la seconde en grosse bonne femme sympathique bien qu'un peu nunuche et légèrement alcoolique sur les bords, sans parler de sa nymphomanie militante mais difficile à satisfaire. Cerise sur le pudding : ces deux-là, accrochez-vous bien, sont FRÈRE ET SŒUR ! Les scénaristes, jamais en retard d'une bonne idée, n'ont pas hésité un instant à tabler sur l'hallucinante ressemblance physique entre les deux interprètes pour les gratifier de ce lien de parenté des plus réjouissants !


Shelley WINTERS et John JUSTON : un air de famille (surtout le cigare).

Dans la scène qui suit, vous pourrez apprécier deux événements remarquables, car absolument inédits : le premier est le refus de prendre un verre par John HUSTON, pourtant connu pour ses légendaires facultés d'absorption ; le second est de voir le même arborer une splendide "robe de nuit" à rayures, mettant particulièrement en valeur sa silhouette de manche à balai dyspepsique à l'usage des nettoyeurs d'arrière-salles de tripots texans. On ne s'étonnera pas, en revanche, de voir Shelley se préparer un bloody mary à 8 heures du mat', et faire la promotion de son inaltérable pouvoir de séduction -- ce qui laisse à penser que les cocktails éclusés la veille ne sont peut-être pas totalement digérés...



Dans cette autre séquence, extraordinaire exemple de maîtrise du montage alterné et du dialogue exhilarant, notre white mama favorite discute muettement avec son neveu par l'intermédiaire d'un talkie-walkie, au milieu d'une foule riant à contretemps, et avec un entrain bougrement méritoire, aux bien bonnes blagues d'un amuseur public fraîchement diplômé de l'Académie Garcimore de la Plaisanterie Impayable (à moins que ce ne soit de l'Eddie Deezen School of Unbearable Joke). Notez que Shelley met un bon moment à piger que les spectateurs ne peuvent pas l'entendre lorsqu'elle est filmée en gros plan, et qu'il lui faut donc logiquement s'éloigner un maximum de la caméra pour devenir audible. Dans les milieux de la critique cinématographique, on appelle ça du "putain de grand portnawak", et il faut bien convenir qu'en la matière, Tentacules se pose un peu là...



Si vous souhaitez faire le tour complet de la question, je ne puis que vous diriger vers le post très élaboré et hautement instructif de notre vénéré collègue, Soyons Suave...