"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



dimanche 24 avril 2011

LA MUSIQUE DES SINGES


LA MUSIQUE ADOUCIT LES MŒURS #6

par Valentine Deluxe

Puisque nous sommes peu ou prou en semaine sainte (tout dépend du temps qu’il m’aura fallu pour pondre cette pige et la remettre à ma vénérable et vénéneuse rédactrice en chef, Mère BBJane Hudson de la Descente de Croix – admiration, contrition et génuflexion en passant ! ...), je me disais qu’il serait peut-être opportun d’élever le débat, en ce jour de la Saint-…... (je vous laisse remplir idoinement les petits points par le saint patron du jour de la publication), à un niveau de pieuse dévotion rarement atteint en ces pages.

Le saint du jour

Loin de moi l’idée de vous faire passer pour d’odieux mécréants, mais regardons les choses en face : si vous êtes présentement en train de lire ma délicieuse bafouille, c’est que -- comme votre Valentine chérie -- vous vous voyez plutôt aller en pèlerinage sur les tombes de la Très-Sainte Gloria SWANSON ou de l’Immaculée Joan CRAWFORD (vous n'ignorez pas combien la tendre chérie était à cheval sur l’hygiène) que de pousser des tétraplégiques qui n’en finissent pas de baver leurs derniers soupirs glaireux dans une petite carriole couinant sur le tarmac de Lourdes un jour de procession -- nous sommes bien d’accord ! ( ?)

Effigies bénies de la Très-Sainte et Très-Traplégique Joan Crawford et de l'Immaculée BBJane

Mais si je dois vous ramener sur les verts arpents du p’tit Jésus, il va de soi que ça ne sera pas pour aller écouter un office « Vatican II », dans une arrière-salle paroissiale aménagée hâtivement dans un pavillon préfabriqué d’une quelconque banlieue grisâtre et embrumée par les miasmes dioxinés que crachotent les cheminées branlantes des dernières hauts-fourneaux non encore délocalisés des environs (vous noterez au passage que ce n’est toujours pas cette fois que j’arriverai à faire des phrases courtes !!!)

Non, vous pensez bien que je vous ai forcément dégotté la crème de la crème de la liturgie panachée !... Déjà, rien que pour vous situer le niveau : on trouve Victor BUONO parmi les officiants... si ce n’est pas un gage de panache ça ???

Sainte-Victorine de la Suave-Obésité

Où sommes-nous ?… Eh bien, dans les décombres irradiés de la Grande Pomme (passablement fripée ici), la Sodome du Nord, Nova York l’orgueilleuse, et plus précisément dans ce qui semblerait être les ruines de la cathédrale Saint-Patrick, en l’an 3 000 et des poussières, date à laquelle notre chère vieille Terre est devenue … « la Planète des Singes » !

S'il y en avait encore parmi vous que ne connaissaient pas le twist le plus éventé de toute l’histoire du cinéma, et ben voilà, c’est fait !« La Planète des singes », c’est la Terre !... D’ailleurs, si vous me permettez un petit coq-à-l’âne dont j’ai le secret : quand j’étais petiote, je m’amusais comme une folle à "singer" (c'est le cas de l'écrire !) le grand Charlton HESTON à la fin du premier chapitre de l’interminable saga simiesque, en refaisant la légendaire Cène… heu ! scène finale du film, devant une reproduction touchante de maladresse de Lady Liberty. Ainsi martelais-je de mes petits poings serrés le sable humide d’une plage de la Vlamse Kust, (du temps où elle s’appelait encore la côte belge), devant un parterre de vacanciers médusés, en hurlant comme une Linda BLAIR en pleine crise de foi :

« Ce monde de dingues, c’était... LA TERRE ! »

(Il m’est aussi arrivé de gueuler : « Le soleil vert, c’est de la chair humaine ! », devant un Big-Mac d’une enseigne de fast-food trop connue pour avoir l’honneur d’être citée ici, mais là, je m’éloigne du propos !)

Ici, grâce au deuxième opus de la fameuse saga, je me propose de vous confier le fameux « secret » de ladite planète (enfin, son deuxième secret, puisque le premier, je vous l'ai révélé un paragraphe plus haut).

Eh bien, figurez-vous que tous les dimanches que le Bon Dieu fait, à l’heure de l’apéro, merveilleusement drapés dans des chasubles que n’aurait point renié un Paco RABANNE en plein choc mystique, une bande d’adorables illuminés se réunissent pour adorer quoi ? je vous le donne en mille !… LA BOMBE !... (à chacun ses marottes, nous ne sommes pas là pour critiquer...)

Le problème, c’est que cette foutue bombe (sans doute aussi poreuse que le sarcophage de Tchernobyl), a rendu tout ce beau monde plus radioactif qu’une prostate de pompier de Fukushima. De quoi faire chanter l’Ave Maria de Gounod à un compteur Geiger !

Une prostate de pompier de Fukushima (avant/après)

Tout cela ne serait que passablement contraignant si nos paroissiens n’étaient affligés, pour la cause, d’un problème cutané des plus embarrassants... A tel point qu’ils ont cru bon (pour des raisons que nous éviterons de creuser afin de ne pas embarrasser le scénariste responsable de cette trouvaille à la logique contestable) de revêtir la plupart du temps des masques façon « Fantômas », qu’ils ne retirent que pour adorer… LA BOMBE !

Bon, alors, on va la voir ?… Comment « qui ça » ???... Mais voyons… LA BOMBE !!!...


PS : Evidemment, si je vous dis que les décors de la Cité Interdite sont faits avec les débris du restaurant de Hello Dolly, vous allez vous écrier : « La voilà qui recommence avec ses carabistouilles ! », et courir fissa mettre un cierge à Saint-Alzheimer… Et pourtant, j’vous jure! Va vraiment falloir que je vous fasse une rubrique sur l’art de recycler les décors à la Twentieth Century Fox -- cochonne qui s’en dédit !...