"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



lundi 27 février 2012

DEEFTAG


Taguées par l'ami Deef du Deefblog, nous avons mis quelque temps à nous exécuter, la faute à un agenda très chargé et aux mauvais moyens de communication entre la France et la Belgique -- le pigeon voyageur que j'avais dépêché Outre-Quiévrain eut toutes les peines du monde à localiser Valentine, perdue dans de multiples bringues au cours des derniers jours, et ne refaisant surface sur le pavé liégeois que le temps de passer d'un caboulot à l'autre.


Mission accomplie, donc. Voici les réponses de vos servantes au questionnaire de Deef ; puissent-elles égayer votre début de semaine...
Nous renonçons néanmoins à infliger le tag à d'autres blogueurs (en fait, cette décision m'est imputable, Valentine étant trop éloignée du clavier de mon ordi pour faire opposition) ; la raison en est simple : nous n'en connaissons pas onze qui accepteraient de s'y soumettre. La dernière fois que nous avons pratiqué ce petit jeu, la moitié seulement des blogueurs convoqués a bien voulu y participer (et encore ! les trois quarts de cette moitié répondirent dans la rubrique des commentaires, et non sur leur propre site !), ce qui nous dissuade de renouveler l'expérience...
Voici donc nos réponses aux indiscrétions deefiennes...
Honneur à la plus âgée : c'est Valentine qui s'y colle la première...

LES RÉPONSES DE VALENTINE :

1. Qu’est-ce qui vous démange ?
Les restes de foin des cœurs d’artichauts et de peaux de kiwis qui sont tombés dans mon lit il y a quelques semaines et que je n'ai toujours pas réussi à localiser (quoi ?... changer les draps ???... oui, c'est une solution...)

2. Avez-vous déjà fait l’amour en avion ? (Si oui, développez : pourquoi, quand, avec qui, combien de fois, était-ce plus orgasmique qu’ailleurs ? Si non, développez quand même...)
Je ne prends jamais l'avion, j'ai ma suite à l'année sur le "Queen Valentina", un cargo mixte battant pavillon Montévidéen.

3. Au secours, êtes-vous laide ?
I'm the beautiful reflection / of my love's affection / a walking illustration of his Adoration!

4. Irez-vous voter en 2012 ? Pourquoi ?
Étant citoyenne Belge, le vote étant obligatoire chez nous, et au vu du labyrinthe cauchemardesque de nos différentes institutions, nous votons à peu près tous les 15 jours, donc la réponse est "oui".

5. Avez-vous encore des rapports sexuels ?
Des rapports sexuels ???... Pour quoi faire ?...

6. Quelle est votre plus grande peur ?
Pousser la porte des bureaux de MEIN CAMP et remettre ma pige sur papier pelure à ma bien aimée rédactrice en cheftaine, l'insurpassable BBjane Hudson (elle est sévère, mais juste!)

7. Avec ou sans la langue ?
Sans. Et je ne remercierai jamais assez l'inventeur du timbre autocollant !


Désolée, je n'ai pas trouvé de timbres Belges...

8. Quel est le pire gros mot que vous connaissez ?
"Bougre de foutriquet!"

9. Faites-vous l’étoile ?
Evidemment ; et comme disait Norma : "No-one ever leaves a star."

10. Le sexe : avec ou sans poils ?
Le quoi ?... Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler (certains disent que c'est comme le vélo, "ça ne s'oublie pas", mais j'ai des doutes...)

11. La réponse est 42 : trouvez la question. 
Le nombre de mes ruptures de fiançailles (parce qu’ils voulaient mettre la langue, justement !...)

LES RÉPONSES DE BBJANE : 

1. Qu’est-ce qui vous démange ?
Les cols roulés des pulls en laine.

2. Avez-vous déjà fait l’amour en avion ? (Si oui, développez : pourquoi, quand, avec qui, combien de fois, était-ce plus orgasmique qu’ailleurs ? Si non, développez quand même...) 
Je n'ai pris l'avion qu'une seule fois, il y a 14 ans, en vol privé. J'étais assise à côté d'un rappeur très connu à l'époque -- mais connu par d'autres que moi ; à vrai dire, je le connaissais si peu que je n'ai même pas retenu son nom.... Sa proximité m'a laissée froide (d'autant qu'il avait mauvaise haleine et se montrait disert – comme tout ceux qui ont mauvaise haleine). Au bout d'un moment, lassé de mon laconisme, il a échangé sa place avec Vanessa DEMOUY.... Non, franchement, vous me voyez lui faire l'amour ?...

 Vanessa Demouy

3. Au secours, êtes-vous laide ?
Demandez-le à mes amants...

4. Irez-vous voter en 2012 ? Pourquoi ?
Non. Parce que je me serai cassé un ongle.

5. Avez-vous encore des rapports sexuels ?
Pas depuis que je suis levée.

6. Quelle est votre plus grande peur ?
Perdre la vue. Et l'éventuelle fermeture de Rapidshare.

7. Avec ou sans la langue ?
Avec. Toujours et pour tout. J'aimerais que l'être humain en possède au moins deux.

8. Quel est le pire gros mot que vous connaissez ? 
Le silence. Sinon, j'aimerais trouver une injure qui me choque.

9. Faites-vous l’étoile ?
Comme je respire ! Je SUIS une star !...

10. Le sexe : avec ou sans poils ?
Le strict minimum. Et artistement taillé, s'il vous plaît.

11. La réponse est 42 : trouvez la question.
« Combien de questions aurais-je pu te poser ? »

samedi 25 février 2012

AVE MARIA ! MORITURI TE SALUTANT ! ou "Gif Me Dat Cobra Jioul !"


BB'S MOVIES
par BBJane Hudson

Imaginons que vous ayez un rendez-vous d'une extrême importance (style déjeuner galant avec BBJane ou première d'un spectacle de Valentine Deluxe), nécessitant une ponctualité si rigoureuse que vous avez quitté votre domicile en vous ménageant une bonne heure d'avance sur l'horaire convenu, et que vous croisiez dans la rue un ami dont vous n'ignorez pas qu'il est grand amateur de Camp (il vous a vivement conseillé, le mois dernier, de dévorer l'intégralité des chroniques de ce blog). Dans une telle situation, vous serez avisé de ne surtout pas prononcer – même poussé par une absolue nécessité – les mots « cobra » et « woman », à plus forte raison si, au lieu de les disséminer dans la conversation, vous commettez l'imprudence de les accoler l'un à l'autre.
Il vous faudrait alors subir une logorrhée de trois heures, ponctuée de glapissements stridents, de trémulations et de soupirs pâmés, où se presseront des termes et des formules qui risqueront fort d'ébranler votre entendement, tels que : « Naja », « Tollea », « Sabu », « Mariamontez », « Joo meen, joo are maï grandmozer », « Gif me dat cobra jioul », ou le plus intelligible « Fabuleusement sublissime ! » ; une logorrhée, disais-je, qui ruinerait définitivement tout espoir d'atteindre votre destination dans les délais impartis.
Imprégnez-vous de ce conseil, et si l'occasion d'en tirer profit se présente, n'hésitez pas à m'en remercier...


Car Cobra Woman se trouve être le titre de l'un des dix ou quinze films qui sont au Camp ce que la mode de Caen est aux tripes, ce que la Tour Eiffel est à Paris, et ce que le verre de whisky est à votre servante : un composant indissociable ayant valeur métonymique. En d'autres termes, Cobra Woman est l'un des films Camp absolus, un mètre-étalon du concept, à ranger auprès d'œuvres-sommes comme Maman très chère, Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?, ou Myra Breckinridge.


D'où vient que ce film de Robert SIODMAK jouit d'une popularité campesque aussi enviable ?
La réponse est simple : de TOUT ! D'un scénario ludique au schématisme bon enfant, de dialogues d'une stupidité amoureusement ciselée, d'un Technicolor plus rutilant qu'une vitrine de Noël des Galeries Lafayette, d'une musique emphatique et redondante dont chaque mesure vous en fout plein les tympans, de décors d'un baroquisme échevelé, de costumes d'une fabulosité insolente, et d'un casting à grimper aux rideaux à la force des dents et en trois coups de mâchoires...
On y retrouve Jon HALL, le héros sans peur ni reproche le plus insipide de l'écran hollywoodien (bien qu'ayant vu l'essentiel de sa filmographie, je suis toujours infichue de mémoriser sa binette...), SABU, le cliché racial ambulant, spécialiste des rôles de jeunes indigènes semi-nus et chouchou des colonialistes invertis, et Lon CHANEY Jr., spécialiste des rôles à poil (surtout les loups-garous) ayant promené sa bonhommie rugueuse dans tous les grands genres populaires.
Et, bien sûr, Maria MONTEZ. La Reine des Mille et Une Nuits. L'impératrice du kitsch et du Camp. L'ambassadrice de la contre-performance. La Plus Belle Femme du Monde, doublée de la plus piètre actrice (ou de la plus sublime, selon vos critères de jugement). L'égérie de Jack SMITH, cinéaste underground qui lui vouait un culte exclusif et qui lui consacra des pages brûlantes, et le modèle de tous les travestis d'Amérique (du moins ceux des années 60 à 80), pour qui un show sans une imitation de Maria était comparable à un couscous sans semoule ni harissa.


D'origine dominicaine (j'entends, native de Saint-Domingue, et non membre de l'Ordre des Prêcheurs initié par Saint Dominique), Maria devint dans les années 40 l'interprète privilégiée des films d'aventures exotiques produits par la Universal, où elle promenait avec une classe inégalée son incomparable beauté et son indéchiffrable accent, mélange improbable d'espagnol, de patois cévenol et de javanais, sonnant à l'oreille comme une forme inédite d'espéranto.
Quelques exemples tirés de ce film : dans sa jolie bouche, que l'on imagine encombrée de fromage blanc ou de purée de brocolis, des phrases aussi lumineuses que « Give me that cobra jewel ! » (« Rends-moi le bijou du cobra ! ») ou « You mean, you are my grandmother ? » ( « Vous voulez dire que vous êtes ma grand-mère ? ») deviennent « Gif me dat cobra jioul ! » et « Joo meen, joo arre my grandmozer? » --  intraduisible en français, sinon peut-être par : « Rench'moi le bayou du copra ! » et « Fous foulez tire que vous y êtes ma grammaire ! »... On peut y ajouter le fameux « I have spoken ! » dont Maria ponctue chacune de ses sentences les plus décisives, et qui donne en français « Ch'ai dit ! » et en dialecte montezien : « I haffe spoken ! ».
Robert SIODMAK narrait à son propos : "Maria MONTEZ était une grande personnalité qui croyait complètement à ses rôles. Si elle incarnait une princesse, vous deviez la traiter comme telle ; si elle jouait une esclave, vous pouviez la malmener de même. Une adepte de la "Méthode" avant l'heure..."
Ainsi que me l'écrivait récemment mon ami Greg MacKELLAN sur Facebook : "Si elle avait pris des douches au lieu de bains, peut-être vivrait-elle encore." Car la pauvre Maria mourut noyée dans sa baignoire, après avoir été victime d'un malaise cardiaque (d'ailleurs provoqué par sa manie de s'immerger dans de l'eau bouillante et salée afin de perdre du poids...)


Cobra Woman reste son film le plus emblématique, le plus ornementé, le plus extravagant, celui où son talent éclate et époustoufle plus qu'à l'ordinaire, d'autant que ce n'est pas une, mais deux Maria qui nous y sont offertes, la divinissime jouant à la fois l'héroïne, Tollea, et sa méchante sœur jumelle, Naja, grande prêtresse du Culte du Cobra sur une île imaginaire de l'Océan Indien. La gentille Maria est kidnappée la veille de ses noces par un émissaire de sa grand-mère, qui souhaite la voir affronter la vilaine Maria, usurpatrice de ses fonctions. L'un des signes révélateurs de la cruauté de Naja est qu'elle n'aime rien tant que de sacrifier les îliens au terrible Dieu Cobra, en leur faisant gravir les mille marches menant au cratère d'un volcan voisin, dans lequel ils sont priés de piquer une tête.
La scène qui suit nous montre comment se produit la sélection des victimes propitiatoires. Elle est entrée dans les annales du high camp, passant jusqu'à l'usure sur les magnétoscopes et lecteurs DVD de générations de campers, qui n'hésitent généralement pas à la mimer in extenso -- sauf lorsque, terrassés par tant de beauté, ils perdent connaissance en poussant un cri de belette enculée par un éléphant. (Notons qu'une autre scène produit un effet similaire sur les fans : celle de la mort de Naja, qui, lançant une hallebarde sur sa sœur, est rétro-propulsée dans le vide par l'effet conjugué de la puissance de son lancer, de l'encombrement de ses vêtements, et de la hauteur de ses talons...)


Mais revenons à l'extrait que je vous propose. Passé à la postérité sous le nom de « Danse du Cobra », il nous montre Maria se déhanchant avec une sensualité épileptique devant un symbole phallique vivant, dans un lamé d'argent du plus scintillant effet. Face à elle, son peuple extatique effectue une variation locale du salut fasciste, qui consiste à lever le bras droit en lui imprimant des ondulations reptiliennes. Au plus fort de sa chorégraphie choréique, Maria, un air méchant placardé sur la fiole, désigne d'un doigt impératif, et comme à l'aveuglette, les infortunés élus destinés à se taper les mille marches menant au plongeoir volcanique, d'où ils effectueront le grand saut dans la lave sacrificielle...
C'est grandiose, c'est titanesque, c'est ahurissant... C'est Camp !...


(Le film vous est proposé en hadopisation sur SMORGASBLOG...)

mercredi 15 février 2012

LA GRANDE DESOPULENCE


BB's MOVIES
par BBJane Hudson

« Les temps sont durs
Serrons-nous la ceinture... »
fredonnait ma bisaïeule Pulchérie Lamerluche lors de la fameuse crise qui frappa le village de Fouillicourt-les-Bernouflettes, de novembre 1886 à mars 1887.
Du jour au lendemain, les bonnes gens du patelin se retrouvèrent sans le sou, contraints de se nourrir de racines terreuses, de baies non domestiquées et de menus immondices, couchant à la belle étoile au fond de leur jardin (lorsqu'ils avaient la chance d'en posséder un, les autres devant se contenter de grelotter sur le pas de leur porte ou de se blottir au creux des caniveaux), égarant délibérément leurs enfants dans les profondeurs de la forêt voisine après avoir confisqué leurs cailloux blancs (ladite forêt étant en réalité un bosquet, les gamins avaient vite fait de regagner leur absence de domicile, et il fallait alors les égorger), vendant leurs cheveux et leurs dents en fonte aux habitants des bourgs limitrophes, épargnés par la récession.

Fouillicourt-les-Bernouflettes

Ces temps de misère, que la mémoire locale désigne encore, avec un gros frisson sur l'échine, comme « La Grande Désopulence » (« Quand c'est désopulent, on rigole pas ! » disait ma bisaïeule), prirent heureusement fin avec l'élection d'un nouveau maire qui fit raser toutes les maisons et instaura un couvre-feu dont le non-respect était sanctionné par la décapitation immédiate.
De sans-abris, les Fouillicourtois passèrent au statut d'émigrants, dans un grand mouvement d'exode vers les villages environnants où ils refirent vaguement fortune par le biais d'ingénieuses rapines.

Un Fouillicourtois en exode

« Le plus dur, en c'temps-làlle », confiait ma bisaïeule, « c'est qu'on pouvait même plus acheter des vélocipèdes à nos mioches ! »
Comme nul ne l'ignore, le vélocipède constituait alors le seul recours contre l'usure des semelles de godillots, une usure que les gosses pratiquaient avec ardeur, habitués qu'ils étaient à battre les gadoues et à pouloper en tous sens sans raison discernable en faisant un affreux potin (qui provoquait, chez les adultes, une usure prématurée des trompes d'Eustache). Aussi, l'impossibilité d'en acheter (des vélocipèdes) posait-elle un fichu problème, dans la mesure où les gamins se retrouvaient bientôt nu-pieds, ce qui est fort contraire à la bonne santé et entraîne généralement des rhumes de cerveau (les gosses étant de petite taille, la maladie se propage rapidement de la voûte plantaire à la boîte crânienne...)

 Un Fouillicourtois sur son vélocipède

En 1950, Joan CRAWFORD dut affronter le même problème dans un très sombre film de Vincent SHERMAN, connu en Néerlande sous le titre de De Verdoemden Zwijgen, en France sous celui de L'Esclave du gang, et baptisé The Damned don't Cry aux Etats-Unis.
Soumise à la semi-misère, ou du moins à l'obligation de serrer drastiquement les cordons du porte-monnaie (elle fut l'une des dernières à posséder un porte-monnaie à cordons), Joan ne peut offrir à son mouflet la bicyclette de ses rêves. Son cœur de mère en saigne comme un cochon à l'abattoir, aussi se résout-elle, pour stopper cette hémorragie, à faire fi de la dèche, quitte à se saigner aux quatre veines (ce qui, au demeurant, n'arrange rien...)
Elle achète donc la bicyclette, à la grande joie de son rejeton, mais au désespoir de celui avec qui elle conçut ledit gnard, à savoir son époux, le pragmatique Richard EGAN. S'ensuit une engueulade en règle, où le père furibard ne mâche pas ses arguments, et en produit même d'assez cocasses (« A ce train-là, tu finiras par lui acheter un zeppelin ! »), n'hésitant pas à rappeler à Joan qu'il effectue un travail d'une extrême dangerosité (grossiste en amiante ou un machin dans le genre) et que la seule dépense qu'il puisse s'autoriser est de payer son assurance.

Aussi extravagant que cela paraisse,
le film jouit même d'un titre Belge : "Le Silence des damnés"...

Les bonnes intentions forment le pavement de l'Enfer ; la pauvre Joan s'en avisera doublement au cours de cette séquence, le savon passé par son jules n'étant que le prélude à un événement beaucoup plus déplorable, que je ne puis décrire sans qu'à mes yeux battus ne se pressent les larmes. Voyez plutôt :


Logiquement, le poids d'une éléphantesque culpabilité devrait s'abattre sur Joan.
Eh ben non, pas tout !...
C'est sur son mari qu'il retombe, accusé d'avoir chipoté pour 39 malheureux dollars, et d'avoir provoqué, par sa malembouchure, la mort de leur fiston. On dira ce qu'on voudra, mais les années 50 étaient bien moins sexistes qu'on ne veut nous le faire accroire...
Joan plaquera sans retard cet épouvantable ronchon et entamera une existence quelque peu chaotique, louant son corps au plus offrant, puis fricotant avec la pègre avec une sympathique absence de scrupules... Mais ceci est une autre histoire, fort bien narrée au demeurant par l'efficace Vincent SHERMAN dans ce film volontiers campy, qu'il n'est pas interdit de préférer au plus connu Roman de Mildred Pierce.
Fidèle à son image de marque, Joan s'y montre beaucoup trop âgée pour le rôle, et tend tous les ressorts de sa séduction déclinante pour nous faire compatir aux tourments de ce qu'il faut bien appeler une belle garce...
Cette merveille est hadopisable chez Old ciné passion...