"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



lundi 3 septembre 2012

LES BONNES COPINES DE VALENTINE # 2 : Edna

par Valentine Deluxe

Tant pis si vous croyez que je n’ai que des gardes-chiourmes dans mon phalanstère, mais après ma bonne amie Harper, il faut que je vous parle d’Edna.
Edna, c’est une crème ! Là-dessus, le doute n’est pas permis... mais une crème du genre « riche », une crème tout au beurre...
Pour se présenter à vous, elle arbore les traits rieurs, les courbes avenantes et la croupe charolaise d’une ex-étoile de l’écurie d'Andy WARHOL : la bien nommée Pat AST. (Note de BBJane : Ah, c'est donc d'elle que vient la célèbre expression : "Pat Ast au beurre" !)
Vous l’aurez sans doute compris, ma copine Edna n’est pas du genre à passer entre le mur et l’affiche sans décoller cette dernière. Comme on dit chez nous : « Il vaut mieux l’avoir en photo qu’en pension ! ». 


Une Pat Ast orientalisante (par Patrick NAGEL)

Pour le reste, Edna et Harper, Harper et Edna, c’est chou vert et vert chou ; il faut avoir l’esprit vif et l’œil aux aguets pour ne pas se mélanger les pinceaux. Même métier -- « vocation » devrais-je dire --, mêmes méthodes -- qui peuvent être expéditives le cas échéant (et le cas échoit assez souvent, il faut bien le dire) -- et même physique jovial, tout en rondeur et bonhommie. Si on n’y regardait pas à deux fois, on pourrait aisément les confondre.
Mais attention !… En dépit de son bon caractère et de son air affable, faudrait voir à pas trop se foutre de la bobine d'Edna. Car elle peut aussi avoir ses humeurs, et au vu de son gabarit, qui que vous soyez, vous ne faites définitivement pas le poids !

 Harper (Hope EMERSON) et Edna (Pat AST)

Allons donc visister cette Reform School Girls où sévit Dame Edna.
Ce pur produit d’exploitation fut consciencieusement mis en image en 1986 par le très fréquentable Tom DeSIMONE, avec pour seule ambition de surfer sur les derniers succès des « WIP » (acronyme qui, je ne vous apprendrai rien, désigne les  films de prisons pour femmes -- Women In Prison...)
Révisant pour l’occasion les grands classiques du genre, DeSIMONE, a visiblement été très marqué (ou inspiré) par l’indispensable Caged de John CROMWELL (...où sévissait précisément ma bonne amie Harper).
Soulignons au passage que ce cher DeSIMONE est aussi célèbre pour avoir été l'un des pionniers du porno gay, où il a gaillardement œuvré -- modeste et laborieux, mais toujours prêt à bien faire -- pendant 2 décennies ! *


Bon, maintenant, n’oubliez pas : quand vous pousserez la porte du bureau de la môme Edna, essuyez-vous  les pieds, baissez les yeux, et dites bien « Bonjour, Mme Edna »… sinon elle pourrait se formaliser, et je ne voudrais pas qu’il vous arrive des bricoles !



Et si vous le permettez, j’aimerais laisser à monsieur Léon Labbé, chapelier et serial killer de son état, le soin de conclure cette rubrique

* Si une bonne âme avait d’ailleurs une copie de son Sons of Satan, tourné en 1973, avec un vampire sodomite, et que je recherche éperdument pour des raisons strictement cinéphiliques, elle peut nous l’envoyer au bureau de la rédaction (sous pli discret).