"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



mardi 29 octobre 2013

L'ANTECHRIST (L'Anticristo, 1974)

LES BONNES COPINES DE VALENTINE #4

-- SPÉCIAL HALLOWEEN --

Par Valentine Deluxe 



Bon, si nous profitions de cette veillée d'Halloween pour revenir un peu à la présentation, un temps délaissée, de mes bonnes copines ?
Après ma chère Harper et ma bonne Edna,  vous pourriez être tentés de généraliser, de faire des amalgames, et de classer hâtivement toutes mes relations féminines dans la catégorie "vilains boudins hargneux et mal fagotés, confinés dans l'univers carcéral", ayant de plus des goûts rien moins que discutables au niveau capillaire.
C'est ce qui m'avait valu, rappelez-vous, cette remarque -- il est vrai pertinente, quoiqu'un tantinet lapidaire -- de Monsieur Léon Labbé, chapelier du côté de Concarneau (et étrangleur en série les soirs de relâche...)


Eh bien, cette fois, je vais vous parler d'une demoiselle encore jeune, encore belle, issue d'une très bonne famille, et évoluant dans les meilleurs milieux :  ma bonne copine Ippolita.

Ippolita est jeune, riche et belle : 
mes autres bonnes copines vont faire la gueule !

Ippolita Oderisi, fille de Massimo Oderisi, nièce de son Excellence l’évêque Ascanio Oderisi, vous avouerez que ça nous change de Harper-la-harpie et de Edna-la-teigne.
Si socialement c'est déjà pas de la crotte de bique, Ippolita ne se débrouille pas mal non plus niveau physique.
En effet, elle est incarnée par la charmante Carla Gravina, ex-conquête de Jean-Paul Belmondo dans "L’HÉRITIER", qui passera aussi dans les bras d'Alain Delon dans "LES GRANDS FUSILS" , avant de s'emmerder, comme toute bonne héroïne flaubertienne qui se respecte, dans un  "MADAME BOVARY" produit pour la télévision italienne...
Pas franchement le repoussoir quoi !

 C'est vrai qu'elle a des arguments qui font défaut à Edna ou Harper...

Seulement voilà, on a beau être née avec une cuillère en argent dans la bouche, on peut aussi avoir ses mauvais jours, comme le commun des mortels.
Et Ippolita, les mauvais jours lui arrivent plus souvent qu'à son tour.
Déjà, faut vous dire qu'elle est l'héroïne d'un film intitulé L'ANTECHRIST -- rien qu'à l'oreille, vous vous doutez bien qu'on n'est pas chez de Funès.
Je me dois d'ailleurs de vous prévenir, comme ça en passant -- en bonne copine qui se respecte -- qu’aujourd’hui, c'est un spécial "Halloween", donc on ne va pas regarder Liv Ullman chanter des niaiseries sucrées dans les verts pâturages de Shangri-La. Loin s'en faut ! Il risque plutôt d'y avoir de la giclure de barbaque sur les murs.
Faites gaffe, va falloir avoir le cœur et l'estomac bien accrochés !
Je dois également préciser que toute ressemblance entre les extraits qui vont suivre et  un certain film de William Friedkin est purement fortuite...

"Purement fortuite", mon nez !

Donc, ma bonne copine Ippolita, malgré ses indéniables qualités, n'est pas exempte de quelques menus défauts.
Pour commencer, voyons les choses en face : elle utilise parfois un langage de charretier, et fait montre de manières un tantinet rustiques, cadrant fort mal avec la majesté empesée de la salle à manger familiale...



C'est cocasse, vous en conviendrez !
Non, vraiment... voyons les choses en face : Ippolita a quand même de drôles de façons de se tenir à table...



Peut-être faut-il attribuer son comportement hyperkinétique et ses désordres bipolaires à un sommeil agité ?
C'est vrai qu'elle fait de drôles de rêves, ma bonne copine Ippolita !



Et moi qui m’inquiète quand je rêve de Marthe Villalonga faisant un tour de chant à l'Olympia avec les Rolling Stones (authentique !)
Bon, sinon, les grenouilles, personnellement, j'en préfère largement les cuisses ! Bien revenues dans un petit beurre d'ail, c'est une merveille...
En revanche, moi qui ne supporte déjà pas l'andouillette, vous imaginez ce que je pense de l'anulingus caprin !

Et si  ses sautes d’humeurs -- spectaculaires, il est vrai -- n'étaient que le résultat de cette méchante conjonctivite qui la tourmente jour et nuit ?



... A moins que ce ne soit dû à son problème de reflux gastrique ?




Je ne sais pas, mais au final, ce qui nous autorise à lui passer tous ses caprices, à ma bonne copine Ippolita, c'est que pour faire des farces, elle est unique, un vrai boute-en-train !
Y en a pas deux comme elle pour mettre de l'ambiance dans les  réunions familiales, grâce à ses facéties et pitreries diverses.
Laissez-moi donc vous présenter, pour clôturer ce "spécial Halloween", sa formule préférée -- qui fait un tabac dans les  mariages, communions, enterrements, crémations et consorts --, qu'elle a cocassement baptisée "Huba-hup, Barbatruc"




Qu'est ce que je vous disais ?... tordant non ?...
Elle a aussi un numéro de pétomane très au point, mais ça, on  vous le garde pour une autre fois.

Sur ce... 
JOYEUX HALLOWEEN!

samedi 26 octobre 2013

L'ATLANTIDE (Antinea, l'amante della città sepolta, 1961)

"... Alors on danse !" #1

Par Valentine Deluxe



Rosy Varte, sainte-Patronne et inspiratrice de cette nouvelle rubrique.

 Plus que 66 jours avant de dire adieu à 2013 ! ...Vous faites quoi, vous,  pour les réveillons ?
Ça vous dirait une nouvelle thématique dominicale et hebdomadaire pour finir l'année ?
J'espère que la réponse collégiale sera un "Oui" retentissant, sinon, je risque de me retrouver toute coite avec mes 9 épisodes prévus sous les bras !

 Pour combattre le spleen des fins de week-ends, à la fin du siècle dernier, -- entre le 8septembre 1985  et le 6 juin 1992  pour être exact -- nous pouvions toujours compter sur les inénarrables  facéties de "Maguy".
Mais mon volumineux courrier pour pour réclamer la rediffusion de l'inépuisable sitcom  dans son créneau horaire d'origine étant resté lettre morte (...encore un coup bas de la direction socialo-maçonnique ça !), je crois que nous pouvons faire notre deuil de l'audacieux brushing de Rosy Varte :
Son retour n'est hélas pas à l'agenda des pontes du P.A.F. !


Antinéa aurait-elle bénéficié du même savoir-faire capillaire que Rosy Varte ?

C'est donc, il me semble, le moment idoine pour vous proposer un nouveau  petit rendez-vous régulier, concis et coloré pour égayer la langueur monotone des longs dimanches d'automne.
Au vu de la tranche d'âge des animatrices de votre blog préféré (oui, nous ne doutons de rien, c'est ce qui fait notre force !), la formule du "thé dansant" dominical me semblait tout ce qu'il y a de pertinent... C'était ça ou bien après-midi loto/macramé de toute façon !

"Alors on danse..."
tous les dimanches sur Mein Camp, garanti 100% "Stromae free"  !
(enfin, sauf aujourd'hui !) 

Chaque semaine un-e capitaine de ballet viendra vous proposer une nouvelle petite formule acrobatico-gymnique que vous pourrez à loisir essayer de suivre et de reproduire chez vous (... pour le flash-mob "spécial mein camp", on réfléchit encore au lieu...)
Ce qui nous permettra de raffermir les silhouettes fatiguées, mises à mal par les effets conjugués des lois impitoyables de la pesanteur et de la richesse des spécialités culinaires de saison (... Adieu salade, vive les plats en sauce ! Non, ne vous justifiez pas, je fais pareil !)

BBJane Hudson et Valentine Deluxe 
mettant en pratique les judicieux conseils de notre nouvelle rubrique.
(Photo non-contractuelle.)

Pour notre numéro un,  découvrons tout de suite la belle et gironde Antinéa, née de la plume pesante de Pierre Benoit dans son inépuisable ATLANTIDE.
Dans ses adaptations cinématographiques, de Stacia Napierkowska (la première en 1919) à  Haya Harareet (dans la version de Edgard G. Ulmer qui nous occupe ce jour), la mystérieuse souveraine semble avoir fait les beaux jours et les délices des actrices aux noms impossibles à épeler! Brigitte Helm étant l'exception qui confirme la règle.
La belle va exécuter pour notre plus grand plaisir (en tout cas pour le mien, là y'a pas de doute !) son célèbre numéro de contraction abdominale, qui aurait fait fureur dans les célèbres ballets Tiche-Adelle, ceux-là même qui ont fait les grandes heures du casino municipal de Vaux-sous-Chevremont.


 

                   De l'austérité empesée de Brigitte Helm au style "carnaval et cotillons" de Haya Harareet :
deux visages d'Antinéa (... oui, enfin, trois si on compte bien...)

Allons donc regarder les ondulations cervicales de notre belle des sables (puisque l'Atlantide, chez Pierre Benoit, n'a pas été engloutie par les eaux, mais par les dunes du Sahara).
Un style coloré et syncopé, entre danse-de-saint-Guy et crise d'épilepsie, quoi qu'un tantinet mollassons ("Bien, mais peu mieux faire..."), le tout devant des toiles peintes qui n'auraient pas dépareillé chez Méliès!
Attention, concentration !
Mlle Antinéa vous présente :
"Quand le naja jaillit"



mardi 22 octobre 2013

LA PETITE SOEUR DU DIABLE


par BBJane HUDSON...

De la fontaine de Trevi aux bénitiers de la nunsploitation : ainsi peut-on résumer, en un raccourci fulgurant, le parcours de la plantureuse Anita EKBERG. Tellement plantureuse qu'il n'était plus question pour elle de barboter dans les seconds comme elle le fit dans la première, au grand émoi des cinéphiles, sous la direction de FELLINI. On l'imagine mal, en effet, caser son embonpoint dans les bassins sacrés (ça sonne mieux que les « bassins saints ») flanquant les portes des églises, telle une grenouille bouffie de dévotion – quand bien même elle accuse, dans le film qui nous intéresse aujourd'hui, une curieuse ressemblance avec les amphibiens dont les cuisses sont l'un des fleurons de notre cuisine nationale. A ce propos, et pour filer les métaphores, avouons qu'une cuisse d'Anita suffirait amplement à satisfaire la fringale du gastronome le plus gueulard, et pourrait à elle seule fournir la matière d'un méchoui. Mais je digresse (oui, je dis « graisse »...)


 Y a du boulot "pour réparer des ans l'irréparable outrage"...

Or donc, en 1979, la Suédoise incendiaire (néanmoins surnommée « L'Iceberg » par quelques partenaires désobligeants) posa son élégant quintal en Italie pour le draper des chastes atours de La Petite Sœur du Diable, l'un des nombreux « films de nonnes inorthodoxes » qui firent un temps le bonheur des cinéphages déviants. Elle y incarne Sœur Gertrude, aide soignante dans un institut catholique où quelques seniors délabrés et autres éclopés de la vie attendent patiemment le tocsin. Sous une apparente componction, l'aimable religieuse cache une morphinomane doublée d'une fieffée chaudasse travaillée par de rudes ardeurs post-ménopausiques

 Si le film est "uncut", ce n'est pas le cas de son interprète masculin, Joe DALLESSANDRO...


L'effet conjugué des piquouses et de la frustration ne manque pas d'être spectaculaire en quelques occasions.
Ainsi lors de ses factions au réfectoire, où elle s'emploie à sustenter par d'édifiantes lectures l'esprit des barbons dont elle a la charge, il peut advenir que la Sœur pète un plomb (ou, pour user du vocabulaire consacré, qu'elle « coule un ostensoir ») et s'en prenne très injustement à l'une de ses innocentes pensionnaires. Dans la scène qui suit, et qui vous fournira la démonstration par l'image des sautes d'humeur de Suor Omicidi (c'est le doux nom de Sœur Gertrude dans le titre original), elle interrompt à brûle pourpoint la narration fort peu appétissante d'un supplice typiquement chrétien, pour commettre d'irréparables dégâts sur la prothèse masticatoire d'une pauvre vioque


« Elle file un mauvais voile... », « Elle travaille du rosaire... », « Elle chie dans le ciboire », s'empressent aussitôt de médire ses collègues.
Encore ne savent-elles pas ce qui se trame dans la cellule monacale que Gertrude partage avec Sœur Mathieu, sa fidèle confidente et sa plus sûre alliée, qui nourrit envers son aînée des sentiments rien moins que catholiques, et ne perd jamais une occase de tomber la robe après vêpres, pour exhiber son tablier de sapeur.
Un malheur n'arrivant jamais seul, la nonne camée, en plus de ses crises d'hystérie intempestives, est la proie de visions psychotroniques bien gratinées – tellement gratinées que YouTube a jugé bon de les censurer, ce qui n'arrange pas mes affaires. L'extrait qui suit n'est accessible, semble-t-il, que si vous possédez un compte Google...
Si ce n'est pas le cas, il ne vous reste qu'à imaginer le pire...



... et Valentine DELUXE

"Leçon de séduction"

Ce puits d’érudition sans fond qu'est notre bien-aimée BBJane rendant toute présentation du présent objet de dévotion superfétatoire, allons donc à l'essentiel.
Oublions le poids des mots : après l'intervention de notre Bossuet en jupons, ils ne pourront qu'être peccadilles et roupie de sansonnet !
Alors, passons donc directement au choc des photos...
(Remarquez, après le démonte-pneu de monsieur Dallessandro, la gredine a mis la barre haut !)
Je ne sais pas vous, mais personnellement, avant de découvrir la petite merveille qui nous occupe ce jour, lorsque j'imaginais Anita Ekberg sous le voile, je voyais plutôt quelque chose comme ça :

Anita sous le voile...

Comment ? Anita en religieuse ???
La naïade des fontaines romaines ? Celle qui frôla l’excommunication par le Vatican  suite à ses frasques aquatico-felliniennes, tout en étant dans le même temps canonisée par les érotomanes du monde entier ?
A priori, elle n'était certes pas l'actrice idoine pour incarner une dame, certes légèrement agitée du bocal et du clitoris, mais qui aurait néanmoins  prononcé ses vœux et prit pieusement pour unique époux Jesus-Christ-Notre-Sauveur.
Et parlant de vœux, rappelons que parmi ceux-ci, celui de chasteté ne semble pas le plus évident à respecter... Donc, quant à imaginer Anita entrer dans les ordres, ma première réaction fut plutôt dans ce goût là :


Mais comme vous avez déjà parcouru la bafouille de miss Hudson, vous avez pu comprendre qu'avec Anita, c'est pas toutes les semaines Grand-Carême.
Il y a même, çà et là,  de sévères jours de relâche, ainsi que de sérieux coups de canif dans le contrat.
Car pour notre Sœur Gertrude, de temps à autre, entre les matines et les vêpres, une fois les murs du couvent passés en catimini, elle se rejoue La Mélodie du bonheur en partant s’encanailler en tout anonymat dans le centre urbain le plus proche.
Une fois descendue du Turin-express de 10h45, elle fait preuve d'une aisance et d'une rapidité dans la transformation vestimentaire supersonique, qui la ferait arriver en bonne place sur le podium olympique de la ci-devant discipline, juste derrière Wonder Woman et Arturo Brachetti.

Soeur Homicide se change pour aller faire son shopping
 (photo non-contractuelle)






C'est que, à l'époque du tournage du film de Giulio Berruti, elle conserve de plantureux arguments, la môme Anita !
Elle n'est pas encore devenue le sosie officiel de Maître Capelovici, et si le trait s'est indéniablement empâté, les attributs mammaires, eux, sont toujours à même de faire pâlir d'envie la production laitière de la Normandie.
Ajoutons que sous l’épaisse toile de serge blanche propre à son ordre, il y a toujours un appareillage génital fonctionnant avec la régularité d'un coucou suisse, donnant toute satisfaction à sa propriétaire, et surtout, lui imposant de sérieux besoins et envies ! (Moi, personnellement, j'ai refourgué tout mon bastringue gynécologique au Mont-de-Piété, comme ça je suis tranquille...)

 Anita/Capello, un indéniable air de famille 
(oui je sais, c'est vache !)

Du coup, notre brave sœur Gertrude, quand l'idée lui vient de monter en ville, ça n'est pas QUE pour faire les boutiques. Car l'appel de la chair est là, impérieux, envahissant et obsédant.
Mais plutôt que de m’étendre en rhétoriques lourdingues et métaphores improbables, laissons la parole à une (autre) très bonne copine de Valentine.
Cette délicieuse amie a déjà eu l'honneur de venir illustrer l'une de mes dernières rubriques, et elle risque fort de s'inviter à nouveaux dans les prochaines (et plutôt deux fois qu'une !)
Enfin, bref, qu'est ce qu'elle veut faire, sœur Homicide ? 




Côté "leçon de séduction", elle ne va pas faire dans l’à-peu-près et la demie-mesure, notre Bienheureuse Roulure ; non, elle y va au taquet, histoire de se faire bien comprendre : l'information est claire, limpide et sans ambiguïté, le message ne s’embarrasse pas de préambules codés façon "Radio-Londres"...




Bon, tout ça c'est bien joli, mais ils ne vont quand même pas se grimper dessus comme des bêtes en rut, sur le formica et la toile cirée, là, devant tout le monde !
Non, quand même, c'est vrai que ça ne saute pas aux yeux pour l’instant, mais notre divine gourgandine a quand même encore un doigt... euh, non : un soupçon de décence et de retenue.
Alors pour ce faire, elle se replie vers un lieu plus propice à l'accomplissement de ses noirs desseins :


 
Et là, déjà que jusqu'ici, notre vilaine pécheresse n'avait pas fait dans la périphrase ampoulée ou les envolées lyrico-poétiques pour dévoiler (si j'ose dire) ses intentions empestant le stupre et la concupiscence, ici, comme vous allez le voir, elle se rue à l'essentiel.
Un essentiel qui se situe pile-poil entre le nombril, la cuisse droite et la cuisse gauche.
Bref dans le fameux appareillage à la rigueur de pendule helvétique dont je vous parlais quelques lignes plus haut.



Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai quand même un petit faible pour l'ambiance musicale.
Ça vaut peut être pas des cantiques à l’harmonium, mais c'est gentil quand même !

Et si vous pensiez avoir tout vu après cette chronique fleuve, sachez qu'il n'en est rien : nous avons dû trier, écrémer, sélectionner, faire des choix drastiques et cornéliens, car  LA PETITE SŒUR DU DIABLE, c'est comme la Samaritaine :
on y trouve tout, tout, tout! (et plus encore)


mercredi 2 octobre 2013

LUST FOR A VAMPIRE

LA MUSIQUE ADOUCIT LES MŒURS # 9: 

"Une chanson douce..."

par Valentine Deluxe



"On ne mélange pas les torchons et les serviettes", pas plus qu'on ne remplace les perles par des cochonnes !... Enfin moi, c'est ce qu'on m'a toujours dit (et je m'y suis tenue !)

Puissent les producteurs de la Hammer Films avoir respecté cet adage trempé dans la soupe du bon sens (c'est comme ça qu'on dit ?) ; cela leur aurait épargné bien des déconvenues.
Mais écoutez plutôt...

A l'aube des année 70, après avoir apporté un écho et une popularité sans pareil à l'industrie cinématographique locale, ainsi que de substantielles rentrées de devises au Trésor Britannique, la respectable maison de production n'en est pas moins exsangue.
La censure lui fait des misères, les distributeurs américains se montrent de plus en plus frileux pour distribuer largement leurs produits sur le nouveau continent... Plus d'idées, plus de pognon, et bientôt plus de talent -- ou peu s'en faut --,  bref, ça sent le sapin !

Mais alors qu'on commençait à ne plus trop y croire, voilà qu'une pinte de sang frais (voyez comme j'utilise subtilement les métaphores sanguines !) vient relancer les espoirs les plus fous.
Ingrid Pitt, poitrine insolente et canines affûtées, vient de crever l'écran dans "The Vampire Lovers" !
Avec elle, c'est sûr, les récentes gaudrioles de Christopher Lee dans des "Dracula" de plus en plus carnavalesques sont oubliées, gommées, effacées :
... une étoile est née, Carmilla Karnstein est dans la place!


Une pinte de sang frais pour la Hammer :
Ingrid Pitt est dans la place !

Manque de bol -- et un malheur n'arrivant jamais seul --, quand, suite au succès du premier opus,  viendra l'heure de mettre en chantier une séquelle, pépins et avanies vont s'enchaîner avec la régularité implacable d'un coucou suisse.
C'est tout d'abord le légendaire Terence Fisher, le plus prestigieux metteur en scène de la Hammer, qui doit quitter le projet, suite à une fracture de la jambe.
Après quoi, Peter Cushing abandonne le navire pour veiller sur son épouse bien aimée, bientôt emportée par la maladie.
Et pour finir, cerise sur le gâteau, c'est la plantureuse Ingrid qui, épouvantée par la médiocrité du script, refuse de reprendre le rôle qui venait de lui apporter la gloire.
A se demander si le studio n'avait pas été bâti sur un vieux cimetière indien ???

Loin de se laisser démonter, les producteurs remplacèrent :
- Peter Cushing par Ralph Bates (Ouais, bon, passe encore...)
- Terence Fisher par Jimmy Sangster (Oye !...)
- Enfin,  comble de désespoir, Ingrid Pitt laisse la place à une jeune starlette d'origine danoise point trop farouche, Yutte Stensgaard (Boum!... ça y est, je suis morte !)

C'est pas qu'elle soit spécialement mauvaise, la petite Yutte (oui, ce prénom en plus !...), mais comme je vous le disais plus haut, on ne remplace pas des serviettes bordées de guipure de Calais par des torchons de serge rugueuse ! (Jugement on ne peut plus subjectif, je l'admets volontiers).

La Hammer, jamais à une arnaque près, inondera la presse de photos particulièrement torrides de  la belle,  les roberts au vent, recouverte d'un linceul d'hémoglobine du plus bel effet, pour offrir à  ce "Lust for a vampire" ("Luxure pour un vampire", on appréciera la finesse du titre !) une publicité retentissante.

Publicité  mensongère #1 : ce qu'on vous promet...

Las ! Les érotomanes de tout poil en seront pour leurs frais, car dans le film, la scène incriminée est noyée dans un tel flou artistique qu'il faudrait un chien d'aveugle pour y déceler le moindre téton impudique et frondeur ! 

Publicité  mensongère #2 : le résultat à l'écran !

Les mauvaises langues de la rédaction de Mein Camp (on n'est que deux, donc ça va vite !) susurrent à qui veut l'entendre qu'ils auraient utilisé les mêmes objectifs (en gros, comptez 1/2 kilo de margarine sur la lentille de la caméra) pour les gros plans de Lucille Ball dans MAME ! 
Rooooooh, que nous sommes vilaines !...


Ils avaient le sens du slogan accrocheur, à l'époque !


Mais la musique, dans tout ça ???
Eh bien, parmi les mille et une petites bizarreries qui ponctuèrent la production de ce deuxième volet des aventures de la famille Karlstein,  il y a cette délicieuse niaiserie sirupeuse, ânonnée candidement par une certaine Tracy, mystérieuse chanteuse que je serais bien en peine de vous présenter plus avant, tant il est difficile de trouver sur la toile la moindre trace la concernant, en dehors de cette improbable berceuse.
Si l'une ou l'autre bonne âme parmi notre bien aimé lectorat en savait davantage, qu'elle n’hésite surtout  pas à se manifester !

Karen Black ? Dalida ? Marty Feldman ??? 
Non ! Mircalla Karnstein !

Trêve de commentaires, filons voir notre petite vampirette rouler des yeux et loucher comme un caméléon épileptique  (c'est à cause des faux cils ça ! je connais et compatis !), pendant que le bellâtre de service lui règle le carburateur en musique !




Avant de nous quitter, je ne saurais trop vous recommander de vous repasser le petit tremblement de menton qu'adopte Mlle Stensgaard vers la 14ème seconde, pour bien nous faire comprendre qu'elle est blessée dans son orgueil ! Touchant comme tout... J'adore!!!!