"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



dimanche 24 novembre 2013

ALERTE SATELLITE 02 (Moon zero two, 1969)

Alors... on danse #3

par Valentine Deluxe 



"J'y suis, j'y reste !" 
Tel sera mon credo du jour pour entamer ce nouvel épisode de notre belle saga dominicale.
Nous étions sur la lune dans l'épisode précédent, nous n'en bougerons pas pour ce présent opus.
Mais attention, aujourd’hui, si  nous alunissons, ce n'est pas pour y assister à une matinée-opérette du Châtelet de la grande époque...
Noooon ! Promis ! Ici déjà, c'est en couleur, c'est tout moderne, tout plastique et formica, eau-et-gaz à tous les étages,  le rêve de la ménagère !
Aujourd'hui, point de belles Amazites  (barbarisme made in Valentine, croisement entre "amazones" et "sélénites" ) fagotées comme des carêmes-prenants : on va faire dans le  sérieux, le scientifique !


Comme je vous disais : "sérieux et scientifique" !

Oui, enfin, nous sommes sur "Mein Camp", pas dans les colonnes de "Science et Vie", alors il faudra quand même prendre cette assertion avec un tantinet de recul, voire une sacrée dose de second degré.
Mais au départ, comme souvent, même dans les crimes les plus abominables, les intentions étaient tout ce qu'il y a de plus louables.
Nous sommes en 1969, l'homme a enfin mis le pied sur la lune (pour y faire quoi, par contre, ça, c'est une autre histoire !...)
Kubrick et son 2001 nous ont emmenés nous balader en Cinérama du côté de Jupiter et au-delà ; Jane Fonda a exécuté un magnifique et audacieux strip-tease en apesanteur dans Barbarella, bref la mode est au "spatial".
C'est comme ça, sans doute, que les pontes à la tête des glorieux studios Hammer  -- alors "glorieusement" en perte de vitesse -- se sont dit qu'il serait peut être temps de laisser tomber les vieux châteaux poussiéreux et les laboratoires ténébreux perdus sur les cimes brumeuses des Carpates, pour aller voir ailleurs si l'herbe était plus verte... que les maigres dollars engrangés par leurs dernières productions.
... Et ailleurs, cette année-là, ça ne pouvait pas être moins que la lune !



Le 9 mai 2021, ça sera un... Dimanche ! 
(Fortiche la Valentine, hein ?) 

Mais comme souvent dans la production hammerienne de la fin des années soixante, on sent bien que, passé le postulat de départ -- produire une ambitieuse épopée spatiale -- personne ne savait trop quoi faire exactement.
Alors, faute de mieux, on a simplement cru bon de recycler un argument de western de série B, tel que la Republic Pictures en avait produit à pleines brouettes et pour pas cher.
On réquisitionne alors tout l'arsenal des clichés ad-hoc :
- la vieille mine d'or abandonnée
- l'escroc diabolique, avec à sa solde un pistolero aussi débile que sauvage, et quelques filles de mauvaises vies.
- et du côté des "gentils", le mercenaire désabusé et bourru mais ayant le coeur sur la main, ainsi qu'une frêle donzelle en détresse.
Mais qui dit western, fut-il spatial, dit aussi, bien sûr... le saloon, haut-lieu emblématique et incontournable s'il en est des films de garçons vachers.
Et dans tout bon western qui se respecte, si nous poussons la porte d'un saloon, nous croisons immanquablement un escadron de girls emplumées, tout en froufrous et bas résilles, exécutant  un simili-cancan endiablé pour le plus grand plaisir de la compagnie mâle des environs.



Un western, fut-il lunaire, se doit d'avoir un saloon, agrémenté 
de son indispensable corps de ballet !

Évidemment, si nous sommes sur la lune, aux alentours de 9 mai 2021, vous pouvez légitimement vous demander si le lever de gambette, tel qu'il se pratiquait du temps glorieux de Toulouse-Lautrec, est toujours d'actualité.
La réponse est non, of course ! Et le film ayant été produit pendant les plus belles heures du swinging London, nous allons tout de suite voir -- pendant que se trame le nœud d'une intrigue poussive et léthargique au possible -- que la chorégraphie du jour semble nettement plus influencée par le style « bidi bidi ba » d'Evan Evans / Louis De Funes dans L'Homme orchestre, que par les polissonnes acrobaties de la Goulue et de Grille d'Egout au Moulin Rouge. 


« Bidi bidi baaaa ! »
Evan Evans serait-il l'auteur caché de nos chorégraphies lunaires ???

Partons vite rejoindre James Olson (aucun lien de famille avec Nancy) notre grand crâneur de héros, qui camoufle tant bien que mal -- surtout mal -- une calvitie envahissante, selon la technique bien connue dite "du cache misère", qui consiste à ramener sur le côté les cheveux restant que l'on aura eu soin de laisser pousser démesurément afin de recouvrir l'espace dénudé... Jusqu'à preuve du contraire, ça n'a jamais trompé personne.

Et  notez bien au passage, qu'en plus d'ajouter à votre répertoire une nouvelle danse des plus caloriphages, vous apprendrez aussi un truc imparable pour ne pas devoir répondre à un coup de téléphone inopportun.





Et puisque vous avez été privés de danse dimanche passé, aujourd'hui, je vous en offre deux pour le prix d'une ; elle est pas belle la vie ?
Donc, après "Bidi bidi baaaa!", voici, public aimé, public choyé, une deuxième opportunité de brûler notre excédant pondéral et de raffermir fessier et adducteurs.

Madame, mesdemoiselles, messieurs, voici:  
 "La Danse du Dindon en rut"
(ainsi que l'indispensable recette du cocktail lunaire le plus en vogue alors : le jus de chou au kérosène !)




dimanche 17 novembre 2013

LE COLOSSE DE HONG-KONG (Xing Xing Wang 1977)

La musique adoucit les mœurs #10

Par Valentine Deluxe


Pourquoi, grand Dieu, ai-je voulu me prendre pour Yvonne de Carlo ce matin ???


Oui, je sais, c'est dimanche, on devrait danser.
Sauf que...
-- prenons une profonde inspiration pour vous narrer scrupuleusement la scène --

Ce matin, en faisant griller mes toasts, le déclencheur du grille-pain -- qui a toujours eu tendance à être un peu violent -- a catapulté mes deux tartines dans les airs, tels de foudroyants Spoutniks.
Celles-ci ont fait un ricoché fatal dans l'abat-jour de la cuisine, qui du coup a éclaté en mille morceaux.
Les débris tranchants sont retombés sur mon chat, qui, pris de panique, a commencé à courir sur les murs et au plafond tel un possédé, en poussant d'effroyables feulements que même Ippolita, ma dernière bonne copine en date, n'aurait pas osé émettre dans ses pires crises de délirium.
Dans sa course folle, le pauvre félidé a entraîné la chute de l'armoire IKEA (branlante, comme toutes les armoires IKEA de la création) sur laquelle étaient entreposés mes bocaux de confiture.
Les pots de confiote se sont bien évidemment empressés d'aller se fracasser sur le lino, le transformant en une dangereuse patinoire sucrée.
Et c'est là, mesdames et messieurs,  que votre Valentine chérie, intriguée par le brouhaha infernal venant  de l'office, arrive au pas de charge dans ses escarpins 12 cms et dérape dans la marmelade !
Le pied droit glisse dans la mélasse, tandis que le gauche, suivant un mouvement rotatoire dû à la force d'inertie, décrit un arc de cercle vertigineux, dont la puissance envoie l'élégante tatane en orbite bien au-dessus de la mise-en-plis impeccable de l'auteur(e) de ces lignes.

Mais ce n'est qu'à ce moment seulement que les événements prennent un tour véritablement dramatique, car la foutue grolle atterrit dans mon vase Val-Saint-Lambert -- divinement posté sur mon merveilleux  guéridon Carlin -- provoquant ainsi un tsunami miniature dans les glaïeuls.

 
 Le trio infernal ! l’alliance diabolique !
...bref, le début des emmerdes !


Bon, jusque là, me direz-vous, ce n'est pas encore la mort du petit cheval.
Sauf que... (comme nous disions  plus haut) :
Les éclaboussures, expédiées à la ronde dans un rayon  d'approximativement un mètre soixante-quinze, sont retombées -- avec les effets que vous pouvez aisément imaginer -- sur mon ordinateur.
Ordinateur dans lequel se trouvaient bien entendu entreposé le précieux extrait que nous aurions NORMALEMENT dû vous proposer aujourd'hui... si -- bien sûr! -- Valentine n'avait eu la malencontreuse idée de préférer le pain grillé à la baguette!  (Ça va ?... tout le monde à suivi, ou il faut que je recommence ???)

Donc, en lieu et place de la rubrique envisagée, je vous propose un interlude musical, qui par un hasard des plus heureux, attendait sur mon compte "Viméo" depuis plus d'un an que je me décide à pondre un article lui correspondant.
Mais comme je suis épuisée par ces péripéties dominico- matinales, je  me contenterai donc de vous planter le décor de façon on ne peut plus succincte... Vous ne m'en tiendrez pas rigueur, n'est-ce pas?

Pas besoin d'en rajouter : tout est dit !

Nous sommes donc perdus en pleine jungle : à vue de nez et sans GPS, quelque part entre Bornéo et Sumatra .
Là,  nous allons assister aux ébats lénifiants d'une Tarzane un peu gironde et cérébralement déficiente, et d'un nigaud pas plus futé qu'elle ("Ça, c'est rien de le dire", ajouterait-on à Bruxelles...)

Régalez-vous maintenant de quatre minutes de pur bonheur mièvre et fendard, à les voir courir au ralenti dans la cambrousse, tout en faisant gouzi-gouzi avec la faune locale, sur une musique aussi sucrée qu'une barbe à papa.
Le tout, bien évidemment, loin de la surveillance de Goliathon, le puissant homme de Pékin (traduction littérale de "The Mighty Man of Pékin", choisi comme titre par certains distributeurs anglo-saxons ; bien que ce proche cousin de King-Kong n'y mette jamais la patte, et que le final du film se passe entièrement... à Hong-Kong!)
Soulignons également au passage, et sans la moindre animosité, que ce grand couillon de Goliathon, sans doute jaloux des infidélités de sa greluche, ne daignera même pas apparaître lors de cet extrait pour vous faire un petit bonjour.
Sur ce, je la boucle et on lance la zizique!... Un vrai cauchemar pour mélomane diabétique!





dimanche 10 novembre 2013

FUSEE POUR LA LUNE (Missile to the moon, 1958)

"... Alors on danse !" #2

Par Valentine Deluxe

 Sainte Mireille Dumas, 
madone des drag-queens désespérées,
priez pour nous !
 
Pour des raisons absolument indépendantes de l'insu de notre plein gré, nous n'avons pu vous livrer dans les délais requis - à savoir, dimanche passé - le deuxième chapitre de notre nouveau et passionnant  rendez-vous dansant.
Nous avions d'abord pensé vous le poster le lundi suivant, mais une rubrique dominicale un lundi ça ne faisait guère sérieux, notre image risquait d'en pâtir.
Mardi nous avions "piscine", mercredi "poney", donc pas possible non plus.
Ne disons rien du jeudi : Jeudi, c'est jeudi on ne travaille pas.
Quant à vendredi, c'est vendredi: on ne travaille plus.
Samedi on s’était bien dit que peut-être... et puis non ! 
Samedi c'est le jour  des courses, du ménage, des lessives, du coiffeur... Bref :  ce n'était absolument pas envisageable non plus.
Donc au final, nous revoilà dimanche et c'est très bien comme ça. 


Si c'est dimanche... alors on danse!

Bon, autant vous prévenir : va falloir pousser vos meubles pour pouvoir exécuter chez vous, la ci-devant chorégraphie.
Et oui, c'est que ça va remuer frénétiquement  du croupion aujourd'hui.
Alors vous avez plutôt intérêt à vous mettre à votre aise.

De plus,  alors que dans notre premier opus, tous les yeux étaient braqués sur les circonvolutions reptiliennes de la belle Antinéa, cette fois l'action sera diantrement plus chiadée à suivre !
Et si, lors de l'épisode inaugural, quelques esprits chagrins (j'ai les noms des meneurs dans mes dossiers, faites gaffe !) pouvaient penser que l'Atlantide, finalement, c'était pas le Pérou ; ici, la rédaction ne reculant devant rien pour vous éblouir, nous vous offrons rien moins que... la Lune


Sélénites ou Bluebell girls?
(en tout cas, c'est sûr, c'est pas le comité rédactionnel de Mein Camp !)


D'ailleurs, à ce propos, le film qui nous intéresse aujourd’hui ne s’embarrasse pas d’ambiguïtés du côté du titre : 
"FUSÉE POUR LA LUNE", c'est clair, net et précis, et ça devrait m'épargner la peine d'un résumé interminable : 
C'est l'histoire d'une fusée qui est en route  pour la Lune!


Au moins un titre qui ne vous trompe pas sur la marchandise !

Bon, maintenant, si vous voulez chipoter, il y a matière !
On peut en effet légitimement se demander comment il était Dieu possible, 10 ans seulement avant le fameux pas de géant pour l’humanité posé par Mr. Armstrong sur notre bon vieux satellite, que les auteurs de cet improbable chef-d'oeuvre aient étés encore assez cornichons pour nous dépeindre  l'astre lunaire peuplé d'une rocambolesque tribu d'amazones, fagotées comme des drag-queens chez Mireille Dumas, dans le spécial "Vie privée/Vie publique" d'un soir de réveillon !


Un petit pas pour l'homme, 
un grand coup de trompette pour l'humanité.


Et si il n'y avait que ça ! Mais en plus, c'est qu'elles sont châtaignes comme tout, les gueuses !
Déjà, il y a la plus moche du lot, comme souvent, qui veut être calife à la place du calife.
De plus, cette virago à la fâcheuse manie de faire jeter en pâture à une grosse araignée pelucheuse et passablement empotée, toutes les terriennes ayant l'outrecuidance d'être mieux roulées qu'elle (La virago, pas l'araignée!... suivez, bon sang !) 

Pendant ce temps-là, une autre sélénite trahit sa mère-patrie pour les beaux yeux d'un Yankee conquistador, et ce, alors même que le supérieur hiérarchique de celui-ci est sous l'emprise hypnotique de la première (Pas l'araignée, la virago!... je vous avais prévenus que ça ne serait pas du mille-feuilles ! )


 "Calife à la place du calife":
 la schtroumpfette Nina  Bara se prend pour Iznogoud.

Enfin, de toute façon, l'essentiel n'est pas là, puisque nous sommes ici pour...  Danser ! 
Alors attention,  le Grand Lido - c'est le nom de son altesse sérénissime la reine des amazones sélénites , je vous jure que je n'invente rien! -  avec le panache qu'on lui connaît, va lancer les réjouissances, et nous présenter notre nouveau numéro dansant : 

"Parle à ma main"