"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



vendredi 4 juin 2010

COMMENT S'ENVOYER EN L'AIR AVEC PANACHE


LES BONS CONSEILS DE VALENTINE #6

par Valentine Deluxe


Les bonnes manières, le tricot, les vieilles gloires déconfites et la Fête des Mères ; tout ça c’est très joli, ça peut même permettre de briller en société (enfin, tout dépend de celle qui vous sert d'auditoire), mais le printemps s’installant, nos hormones en prennent un coup, et l'on est comme qui dirait un petit peu agités du côté des glandes en ce moment.
Alors, dégrafons nos corsages, et laissons-nous glisser doucement vers des terrains plus déliquescents afin de nous ensabler dans la gaudriole pure et simple avec le conseil du jour :
« Comment s’envoyer en l’air avec panache »


PANACHE : le maître-mot de Valentine !

« Aaaaaaaaah... », vous entends-je soupirer comme des bêtes en rut devant votre écran d'ordinateur, frétillants que vous êtes d’expectation lubrique.
Et comme je vous comprends ! Car on a beau être une Grande Dame, on n’en est pas moins un être de chair et de sang. On a des besoins, des désirs, et tout un attirail génital encombrant qui se réveille de temps à autres et demande un entretien minime mais indispensable tous les 2000 kms.
Aussi, partons vite à la découverte d’un endroit merveilleux où l’on a trouvé la réponse la plus panachée à la problématique du jour :
La Cité des Dômes !





Vous pouvez toujours lancer votre GPS, z’êtes pas près d’y arriver, car primo, c’est perdu quelque part dans la suburb de Washington DC, et deuzio, il vous faudra faire un petit bond en avant sur l’échelle du temps... Oh, trois fois rien ! Une broutille ! Juste de quoi vous projeter en l’an 2274...
Bâtie sous de drôles de cloches à fromage aux proportions cyclopéennes, censées la protéger de l’air vicié et contaminé d’une nature ravagée par on n’ose trop se demander quel cataclysme d’origine humaine, la Cité en question offre d’abord, devant nos yeux émerveillés, une architecture « futuriste », mixant une Marina baie des Anges et un hypermarché de banlieue, tel qu’on se l’imaginait au siècle dernier, et tel qu’on pouvait la rêver quand l’an 2000 était encore un symbole propice aux fantasmes utopiques les plus fous.




Une fois a l’intérieur, l’éblouissement continue, car l’endroit offre la crème de la crème question confort moderne : eau et gaz à tous les étages, des escalators à profusion (histoire de faire sa Gloria SWANSON du 23ème siècle), des chirurgiens esthétiques comme s’il en pleuvait, tout fringants dans leurs belles combinaisons argentées du plus bel effet, prêts à vous refaire la tronche façon Farah FAWCETT-MAJORS en trois coups de bistouri-laser ; des baisodromes de la taille d’un stade de foot, de la schnouf multicolore à foison, et pour s’envoyer en l’air avec panache (puisque c’est pour ça que nous sommes ici, si vous avez bien suivi depuis le début) il y a… (ra-ta-ta-tam) :
LE CARROUSEL !


Mon amie BBJane sur son carrousel

Un carrousel, quand j’étais gamine, c’était un truc que l’on pouvait trouver dans toutes les (bonnes) kermesses de village, entre « la Pêche aux Canards » et « le Palais des Glaces ».
Ça tournait à la vitesse d’un mange-disque, et c’était amoureusement garni avec des Bambi en plastique, des petits avions montés sur pistons hydrauliques, des camions de pompiers, ou encore de vrais carrosses de princesse rose bonbon... -- j’en passe, et de plus fluorées.
(Inutile de préciser au passage que votre Valentine ne choisissait jamais le camion de pompiers !)
Comme nous étions des gens simples, en ces temps lointains où n’existaient ni DVD, ni Nintendo-DS, ni internet !... Le simple fait de poser notre auguste popotin sur l’une de ces babioles, pour tournicoter pendant 3 minutes chrono en tentant d’attraper la floche qui se balançait au bout d’un gros ballon multicolore, voilà qui nous emplissait d’une joie rien moins qu’orgasmique !



Valentine (à gauche), nostalgique, n'attrapera plus la floche...

Le carrousel de la Cité des Dômes, c’est ça, et beaucoup plus encore.
Dans une arène type « colisée en formica » arrive un merveilleux défilé de majorettes de tout sexe, arborant fièrement des masques type « Vendredi 13 » du plus bel effet.
Et si elles ont revêtu leurs plus beaux atours – de splendides combinaisons de patinage artistique en lycra zébré ! – c’est que l’heure du Renouveau à sonné.
Arnaque monumentale, que le spectateur le plus lent d’esprit aura deviné 3 heures avant le protagoniste de l’histoire qui nous intéresse ici (bon, d’accord, c’est vrai que Michael YORK n’a pas non plus la tête d’un prix Nobel de physique quantique, m’enfin quand même !), le Renouveau en question frappe chaque habitant de la Cité, dont le cristal qui brille au creux de leurs paumes, horloge interne implacable, vient de virer au rouge le jour de leur trentième anniversaire
Autant vous dire que l’auteure de ces lignes aurait déjà été « renouvelée » depuis un bail !



Michael YORK, before and now

Et les voilà qui pénètrent dans notre fameux carrousel, bien décidés à s’envoyer en l’air sous les hourras d’une foule bigarrée, habillée comme quelque groupe norvégien d‘un concours Eurovision de l’époque, que je ne nommerai pas pour éviter que les avocats d’ABBA me tombent sur le râble.
Mais un petit clip valant mieux qu’un long discours, place au spectacle !




Oups !... Sorry, j’oubliais... encore un dernier mot :
Si il y en a dans l’assistance pour qui « s’envoyer en l’air » rime encore avec se faire minablement culbuter sur la banquette arrière toute pouilleuse d’une vieille Skoda déclassée, ouvrez grand vos mirettes et prenez une bonne leçon de… DE ???… DE PANACHE ! (bravo, un bon point pour celui qui suit...)




7 commentaires:

  1. ...quel bonheur a chaque de decouvrir en même temps que vous, les petits clin d'yeux visuels dont BB Jane émaille mes bafouilles
    ...mais je tiens quand même a préciser que malgré ce que cette petite vipère persifle à tout va, il arrive encore à Valentine d'attraper la floche. Pas bien souvent il est vrai, mais ça lui arrive!

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  2. PS: ...et je ne sais pas vous, mais je suis complètement folle de cette vois monocorde et atone qui annonce "...Last day... Capricorn 15's... Year of the city... 2274... Carousel begins."
    La aussi, on peut se gausser de tout l'attirail kitchouné des décors, des costumes, mais vous n'imaginez pas le pouvoir de fascination que ce film (et avant lui, la série télé, puisque j'ai d'abord découvert les produits dérivés) pouvait avoir sur une petite Valentine de 7/8 ans!
    ...et il en reste toujours un petit quelques choses 'tuit ans plus tard

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  3. C'est vrai, les bonnes manières finissent par nous lasser. Sans renier notre éducation, nous avons avons tous envie qu'on nous dise des choses folles. Par exemple : "Défonce-moi le bigorneau, vite, et emmène -moi à Biarritz."

    (Notons bien qu'il appartient à chacun de déterminer dans quel ordre les choses doivent se faire - Biarritz pouvant d'ailleurs n'Etre qu'optionnel.

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  4. @ Kranzler : Très juste... Ou "tire-moi sur la floche et filons à Knokke-le-Zout"...

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  5. "tire-moi sur la floche et filons à Knokke-le-Zout" ...on dirait du Marguerite Duras mis en scène par Max Pecas!!!

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  6. Ou "butine-moi le capricon et fais-moi reluire le cristal" o_O

    PS. Je connaissais la série, pas le film. Comme tous les mômes de l'époque, la série m'avait fasciné. Le thème — un univers clos, fini, limite concentrationnaire, qui, pour éviter toute surpopulation "mortelle", doit procéder à l'élimination systématique et donc totalitaire des sujets arrivés à un certain âge — est récurrent dans quasiment toutes les séries de SF. À croire que ça nous "turlupine" sévère :p

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  7. Moi aussi j'étais fan de la série avant de découvrir le film un peu plus tard, dans le cadre de la légendaire émission "l'avenir du futur".
    Le thème est récurant d'une certaine s/f adulte des 70's (avant que Lucas ne débarque)
    Le thème est développé de façon assez parallèle mais beaucoup plus efficace dans SOLEIL VERT, un de mes grands favoris de l'époque.
    Car "filtre nostalgique" mis a part, il faut bien dire que LOGAN'S RUN a sérieusement pris du plomb dans l'aile. Comme on dit c'est une série de "hit and miss" ...avec une sérieuse avance pour les deuxièmes!

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