"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



mardi 22 octobre 2013

LA PETITE SOEUR DU DIABLE


par BBJane HUDSON...

De la fontaine de Trevi aux bénitiers de la nunsploitation : ainsi peut-on résumer, en un raccourci fulgurant, le parcours de la plantureuse Anita EKBERG. Tellement plantureuse qu'il n'était plus question pour elle de barboter dans les seconds comme elle le fit dans la première, au grand émoi des cinéphiles, sous la direction de FELLINI. On l'imagine mal, en effet, caser son embonpoint dans les bassins sacrés (ça sonne mieux que les « bassins saints ») flanquant les portes des églises, telle une grenouille bouffie de dévotion – quand bien même elle accuse, dans le film qui nous intéresse aujourd'hui, une curieuse ressemblance avec les amphibiens dont les cuisses sont l'un des fleurons de notre cuisine nationale. A ce propos, et pour filer les métaphores, avouons qu'une cuisse d'Anita suffirait amplement à satisfaire la fringale du gastronome le plus gueulard, et pourrait à elle seule fournir la matière d'un méchoui. Mais je digresse (oui, je dis « graisse »...)


 Y a du boulot "pour réparer des ans l'irréparable outrage"...

Or donc, en 1979, la Suédoise incendiaire (néanmoins surnommée « L'Iceberg » par quelques partenaires désobligeants) posa son élégant quintal en Italie pour le draper des chastes atours de La Petite Sœur du Diable, l'un des nombreux « films de nonnes inorthodoxes » qui firent un temps le bonheur des cinéphages déviants. Elle y incarne Sœur Gertrude, aide soignante dans un institut catholique où quelques seniors délabrés et autres éclopés de la vie attendent patiemment le tocsin. Sous une apparente componction, l'aimable religieuse cache une morphinomane doublée d'une fieffée chaudasse travaillée par de rudes ardeurs post-ménopausiques

 Si le film est "uncut", ce n'est pas le cas de son interprète masculin, Joe DALLESSANDRO...


L'effet conjugué des piquouses et de la frustration ne manque pas d'être spectaculaire en quelques occasions.
Ainsi lors de ses factions au réfectoire, où elle s'emploie à sustenter par d'édifiantes lectures l'esprit des barbons dont elle a la charge, il peut advenir que la Sœur pète un plomb (ou, pour user du vocabulaire consacré, qu'elle « coule un ostensoir ») et s'en prenne très injustement à l'une de ses innocentes pensionnaires. Dans la scène qui suit, et qui vous fournira la démonstration par l'image des sautes d'humeur de Suor Omicidi (c'est le doux nom de Sœur Gertrude dans le titre original), elle interrompt à brûle pourpoint la narration fort peu appétissante d'un supplice typiquement chrétien, pour commettre d'irréparables dégâts sur la prothèse masticatoire d'une pauvre vioque


« Elle file un mauvais voile... », « Elle travaille du rosaire... », « Elle chie dans le ciboire », s'empressent aussitôt de médire ses collègues.
Encore ne savent-elles pas ce qui se trame dans la cellule monacale que Gertrude partage avec Sœur Mathieu, sa fidèle confidente et sa plus sûre alliée, qui nourrit envers son aînée des sentiments rien moins que catholiques, et ne perd jamais une occase de tomber la robe après vêpres, pour exhiber son tablier de sapeur.
Un malheur n'arrivant jamais seul, la nonne camée, en plus de ses crises d'hystérie intempestives, est la proie de visions psychotroniques bien gratinées – tellement gratinées que YouTube a jugé bon de les censurer, ce qui n'arrange pas mes affaires. L'extrait qui suit n'est accessible, semble-t-il, que si vous possédez un compte Google...
Si ce n'est pas le cas, il ne vous reste qu'à imaginer le pire...



... et Valentine DELUXE

"Leçon de séduction"

Ce puits d’érudition sans fond qu'est notre bien-aimée BBJane rendant toute présentation du présent objet de dévotion superfétatoire, allons donc à l'essentiel.
Oublions le poids des mots : après l'intervention de notre Bossuet en jupons, ils ne pourront qu'être peccadilles et roupie de sansonnet !
Alors, passons donc directement au choc des photos...
(Remarquez, après le démonte-pneu de monsieur Dallessandro, la gredine a mis la barre haut !)
Je ne sais pas vous, mais personnellement, avant de découvrir la petite merveille qui nous occupe ce jour, lorsque j'imaginais Anita Ekberg sous le voile, je voyais plutôt quelque chose comme ça :

Anita sous le voile...

Comment ? Anita en religieuse ???
La naïade des fontaines romaines ? Celle qui frôla l’excommunication par le Vatican  suite à ses frasques aquatico-felliniennes, tout en étant dans le même temps canonisée par les érotomanes du monde entier ?
A priori, elle n'était certes pas l'actrice idoine pour incarner une dame, certes légèrement agitée du bocal et du clitoris, mais qui aurait néanmoins  prononcé ses vœux et prit pieusement pour unique époux Jesus-Christ-Notre-Sauveur.
Et parlant de vœux, rappelons que parmi ceux-ci, celui de chasteté ne semble pas le plus évident à respecter... Donc, quant à imaginer Anita entrer dans les ordres, ma première réaction fut plutôt dans ce goût là :


Mais comme vous avez déjà parcouru la bafouille de miss Hudson, vous avez pu comprendre qu'avec Anita, c'est pas toutes les semaines Grand-Carême.
Il y a même, çà et là,  de sévères jours de relâche, ainsi que de sérieux coups de canif dans le contrat.
Car pour notre Sœur Gertrude, de temps à autre, entre les matines et les vêpres, une fois les murs du couvent passés en catimini, elle se rejoue La Mélodie du bonheur en partant s’encanailler en tout anonymat dans le centre urbain le plus proche.
Une fois descendue du Turin-express de 10h45, elle fait preuve d'une aisance et d'une rapidité dans la transformation vestimentaire supersonique, qui la ferait arriver en bonne place sur le podium olympique de la ci-devant discipline, juste derrière Wonder Woman et Arturo Brachetti.

Soeur Homicide se change pour aller faire son shopping
 (photo non-contractuelle)






C'est que, à l'époque du tournage du film de Giulio Berruti, elle conserve de plantureux arguments, la môme Anita !
Elle n'est pas encore devenue le sosie officiel de Maître Capelovici, et si le trait s'est indéniablement empâté, les attributs mammaires, eux, sont toujours à même de faire pâlir d'envie la production laitière de la Normandie.
Ajoutons que sous l’épaisse toile de serge blanche propre à son ordre, il y a toujours un appareillage génital fonctionnant avec la régularité d'un coucou suisse, donnant toute satisfaction à sa propriétaire, et surtout, lui imposant de sérieux besoins et envies ! (Moi, personnellement, j'ai refourgué tout mon bastringue gynécologique au Mont-de-Piété, comme ça je suis tranquille...)

 Anita/Capello, un indéniable air de famille 
(oui je sais, c'est vache !)

Du coup, notre brave sœur Gertrude, quand l'idée lui vient de monter en ville, ça n'est pas QUE pour faire les boutiques. Car l'appel de la chair est là, impérieux, envahissant et obsédant.
Mais plutôt que de m’étendre en rhétoriques lourdingues et métaphores improbables, laissons la parole à une (autre) très bonne copine de Valentine.
Cette délicieuse amie a déjà eu l'honneur de venir illustrer l'une de mes dernières rubriques, et elle risque fort de s'inviter à nouveaux dans les prochaines (et plutôt deux fois qu'une !)
Enfin, bref, qu'est ce qu'elle veut faire, sœur Homicide ? 




Côté "leçon de séduction", elle ne va pas faire dans l’à-peu-près et la demie-mesure, notre Bienheureuse Roulure ; non, elle y va au taquet, histoire de se faire bien comprendre : l'information est claire, limpide et sans ambiguïté, le message ne s’embarrasse pas de préambules codés façon "Radio-Londres"...




Bon, tout ça c'est bien joli, mais ils ne vont quand même pas se grimper dessus comme des bêtes en rut, sur le formica et la toile cirée, là, devant tout le monde !
Non, quand même, c'est vrai que ça ne saute pas aux yeux pour l’instant, mais notre divine gourgandine a quand même encore un doigt... euh, non : un soupçon de décence et de retenue.
Alors pour ce faire, elle se replie vers un lieu plus propice à l'accomplissement de ses noirs desseins :


 
Et là, déjà que jusqu'ici, notre vilaine pécheresse n'avait pas fait dans la périphrase ampoulée ou les envolées lyrico-poétiques pour dévoiler (si j'ose dire) ses intentions empestant le stupre et la concupiscence, ici, comme vous allez le voir, elle se rue à l'essentiel.
Un essentiel qui se situe pile-poil entre le nombril, la cuisse droite et la cuisse gauche.
Bref dans le fameux appareillage à la rigueur de pendule helvétique dont je vous parlais quelques lignes plus haut.



Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai quand même un petit faible pour l'ambiance musicale.
Ça vaut peut être pas des cantiques à l’harmonium, mais c'est gentil quand même !

Et si vous pensiez avoir tout vu après cette chronique fleuve, sachez qu'il n'en est rien : nous avons dû trier, écrémer, sélectionner, faire des choix drastiques et cornéliens, car  LA PETITE SŒUR DU DIABLE, c'est comme la Samaritaine :
on y trouve tout, tout, tout! (et plus encore)


1 commentaire:

  1. ouahhhhhhhhh!!!!!!!!!!!!!!! la belle ANITA qui fut un temps IN LOVE avec notre cher ami ROD TAYLOR...... Vite.... the time machine....

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