"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



mardi 1 septembre 2015

MAXIME (1958)

Les Bonnes copines de Valentine # 10

par Valentine Deluxe

 

  !!! AVERTISSEMENT !!! 

Des plans de nudité aussi gratuites que masculines ce sont subrepticement infiltrés à l'insu de notre plein gré dans le ci-devant article, veuillez nous excuser.

 



Vous commencez à connaître un peu le calibre de mes bonnes copines : soit elles sont moches et méchantes - ici et ici -, soit elles sont moches mais gentilles - ici, ou encore -, soit  elles sont belles mais légèrement possédées par un quelconque démon, dans le coin et aux entournures, ce qui a pour effet de les faire jurer comme des charretiers polonais en vomissant de la soupe de pois à la ronde (ici -- merci m'sieurs-dames, n'oubliez pas le guide).
Alors aujourd'hui, une grande première : une copine jolie ET gentille!
Je sais, à première vue, vous vous dites : "Oui, d'accord, mais quel intérêt ???"

Une copine de "Mme de..." et "Mme X", sans doute ?

Vous allez voir que vous y trouverez quand même votre compte, promis/juré/craché (pas tout vert et gluant comme ma bonne copine Ipolita, le "craché"...) 
Car ma bonne copine du jour, c'est Gazelle! - rien que le nom, déjà !
Gazelle, ça sonne aussi un peu comme "gazouillis", et c'est bien à une sorte de grande bécasse toujours gaie comme un pinson et bonne comme le pain que nous avons affaire, prêtant volontiers une oreille attentive à vos malheurs et une épaule accueillante aux cœurs brisés.

Une des robes de Gazelle est partie sur le net pour 800€ !
Vous auriez pu vous cotiser pour mon anniversaire, non ???

Ancienne vedette de théâtre (dans un style qui tenait davantage du Concert Mayol que du Français ou de l'Odéon), Gazelle est un peu Garance dans "Les Enfants du Paradis", mais une Garance qui, plutôt que de sombrer dans la dépression pour les beaux yeux de cette frangipane détrempée de Baptiste/Jean-Louis Barrault, se serait trouvée pour l'entretenir un généreux général à la retraite, mi papa-gâteau, mi pépé-gâteux.

 Le genre de spectacles où Gazelle a dû se produire 
durant sa grande époque.

Si je vous parle de Garance, c'est que - paf ! parlez-moi de coïncidence !- notre gazouillante Gazelle est justement interprétée par la .......... (ici, vous pouvez mettre le superlatif de votre choix) Arletty!
Et là, tous en chœur, nous entonnerons le désormais traditionnel couplet :
"Mais comment se fait-il que nous n'ayons jamais parlé de... Arletty ?"

Moi, la garde-robe de Gazelle, 
j'en ferais bien mon ordinaire !

Au moment où elle tourne ce MAXIME de Henri Verneuil (un film typique de cette fameuse "qualité française" tant vilipendée par Truffaut et consorts, et qui au final se révèle diantrement plus intéressante que les 9/10ème des productions issues du morne clapotis de la "Nouvelle Vague"), c'est peu dire que la carrière d'Arletty n'est pas au top de la forme.
Je n'apprendrai rien à personne en rappelant que la dame n'eut pas la fibre résistante d'une Lucie Aubrac pendant l'Occupation - un peu comme 80 à 90% de ses compatriotes, d'ailleurs...
Comme votre Valentine, elle avait de plus un petit faible pour les hommes en uniformes :


... et accessoirement, également pour les (mêmes) hommes en uniformes quand ils n'ont plus d'uniformes DU TOUT :

Les hommes en uniformes, on les aime aussi sans.

Bref, à la Libération, elle qui avait toujours refusé de tourner pour la Continental et qui grâce à son intervention - et à celle de Sacha Guitry - avait réussi à éviter la déportation de Tristan Bernard, se vit reprocher par quelques grincheux une certaine attirance pour le vert-de-gris dans la mode masculine...
Vint donc le temps des vaches maigres pour la Reine du cinéma Français.
Elle ne put compter que sur l'amitié indéfectible de quelques irréductibles pour lui offrir encore quelques beaux rôles (quoique toujours "seconds") qui peuvent se compter sur les doigts d'une main entre 1949 - date de la fin de son "interdiction de travailler" - et 1962 - sa dernière apparition au cinéma.

La fête est finie pour la Reine du cinéma Français
(on croirait la Une de" Paris-Match !")

Parmi ces trop rares apparitions, on relève quelques pépites, dont ce merveilleux "Maxime", où apparaît notre Gazelle.
Gazelle, je vous l'ai déjà dit, c'est une perle, une bonne copine comme on n'en fait plus.
Elle n'a qu'un défaut, petit mais tenace, qu'elle avoue elle-même avec des airs de petite fille espiègle, prise la main dans le bocal à confiture :


Je ne sais pas vous, mais pour moi, ce "Parce que je suis avare!" vaut tout aussi bien le "Atmosphère? Atmosphère ???" issu de la plume du même Henri Jeanson (une teigne aussi celui là) !

Là-dessus, les hommes en uniforme sans uniformes vous disent bonsoir!

(Fin de la "gratuitous nudity")

2 commentaires:

  1. Il n'y a pas à dire, votre copine a le sens de la formule!
    Elle aurait pu vous donner quelques conseils - excusez-moi - pour finir votre billet peut-être moins abruptement

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