"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



samedi 9 octobre 2010

MONTEZUMA MADNESS !


BB's MOVIES
par BBJane Hudson

Vous en connaissez beaucoup, vous, des proprios qui viennent mitonner une omelette à leurs locataires sur le coup de 8 heures du mat', pour les aider à affronter une journée de rude farniente ?... Et qui leur offrent en prime une chorégraphie ancillaire sur les accords hispanisants de Bizet ?...
Dans The Gay Deceivers (connu en France sous le titre inspiré du Piège à pédales), Michael GREER n'hésite pas à se mettre en quatre et à jouer les Maïté d'opéra-comique pour les beaux yeux des nouveaux occupants de son pavillon, un couple de jolis garçons fraîchement réformés par les recruteurs de l'U.S. Army pour cause de déviance sexuelle. En vérité, les deux mignons ne sont pas plus gays que... vous, je ne sais pas... moi, ça tombe mal... disons que vous et John WAYNE, pour prendre un exemple flagrant de virilité inoxydable. Exemple d'autant plus pertinent qu'un an avant la sortie de ces Gay Deceivers, le Duke réalisait le mémorable Les Bérets verts, ode à l'intervention américaine au Vietnam, et que c'est précisément pour échapper à ce conflit que nos deux tire-au-flanc décident de poser aux tapettes.




« Dur dur d'être bébé »
, chantait jadis JORDY avec une gouaille émouvante. « Dur dur d'être pédés », s'avisent Kevin COUGHLIN et Larry CASEY, qui se voient contraints, pour tromper la vigilance d'un colonel soupçonneux, de jouer le jeu au quotidien, et à cette fin emménagent dans un quartier résidentiel uniquement peuplé de folles en chaleur, dont la moindre n'est pas (j'y reviens et boucle habilement une boucle qui tendait à partir en quenouille) leur propriétaire, Michael GREER.
Attardons-nous quelques instants sur ce dernier comédien, dont la trop brève carrière, interrompue par le Sida, témoigne d'une homosexualité fièrement revendiquée et quasi militante. En un temps où les comédiens gays aspirant au vedettariat étaient fortement incités à baisser le pavillon rose et cadenasser le placard, GREER afficha sans complexe sa follitude décontractée et sa flamboyance caustique, tant à l'écran que sur les planches – pour ne rien dire de ses frasques en coulisses...



Michael GREER

A ses côtés, nous retrouvons Larry CASEY en adonis bodybuildé -- que nous voyons savourer l'omelette dans l'extrait qui suit --, Kevin COUGHLIN, autre acteur familier des rôles de gays (bien qu'hétéro) et grand habitué du cinéma Camp, Jo Ann HARRIS, alors abonnée aux rôles de jeunes pestes chaudasses (remember Les Proies, où elle se jetait à la braguette de Clint EASTWOOD sous les yeux écumants (?) de jalousie d'une Geraldine PAGE non moins agitée du berlingot), et Christopher RIORDAN, acteur, danseur et top modèle qui bourlingua dans une tripotée de films cultes, beach movies et shows télévisés, aux côtés du gratin de la culture Camp – notez soigneusement son nom, vous le retrouverez bientôt en bonne place sur ce blog...


Kevin COUGHLIN & Larry CASEY

Michael GREER & Christopher RIORDAN

Comme il se doit, The Gay Deceivers porta sur les claouis de la communauté homo, peu encline à goûter le pittoresque de l'entreprise et toujours chatouilleuse en matière d'image. Il faut dire qu'à l'époque, certains activistes décérébrés revendiquaient chaudement le droit pour les gays d'aller se faire dézinguer dans les rizières pour l'honneur de la patrie. Aujourd'hui, il est permis de se gondoler devant le miroir à peine déformant tendu par ce film bon enfant, où les hétéros perdent les pédales tandis que les hommelettes cassent des œufs.




6 commentaires:

  1. "Pas plus gay que vous et John Wayne" lol
    Comment voulez-vous que la communauté s'identifie à quelqu'un qui se met du lait derrière les oreilles ???

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  2. ...j'adore quand il se mire dans le couvercle de la poêle à frire!!!
    "piège à pédale", mon dieu quel titre!!! ...j'en connais qui aurait déjà fait des pétition et des piquets de grèves devant les cinémas pour moins que ça!!! lol!

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  3. ...et le blondinet, il ne joue pas dans "torch song trilogy" (l'amant bisexuel de Harvey Fierstein?)

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  4. ps: je pourrais vérifier sur imdb, mais je trouve ça toujours plus amusant de jouer au devinette avec les copines cinéphages!

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  5. @ Valentine : Tu me poses une sacrée colle, mais vérification faite, non, c'est pas lui. Je ne vois plus trop quelle tête avait l'amant de Fierstein dans le film, mais je crois qu'il devait être plus jeune que Larry Casey ne l'était en 1988 (48 ans...)

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  6. ...bon, je n'y étais pas du tout: c'est Brian Kerwin dans TS3 ;-)

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