"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



dimanche 17 février 2013

A FUNNY THING HAPPENED ON THE WAY TO THE FORUM (le forum en folie, 1966)

LA MUSIQUE ADOUCIT LES MŒURS # 8

ZE REVENGE OF ZE BOUDINS!

par Valentine Deluxe

En ce week-end post-valentinesque (notons au passage, et sans la moindre animosité, que je n’ai reçu ni carte romantique, ni boîte de chocolats enrubannés de la part de notre bien aimé lectorat, merci bien !), j’en profite pour réparer une injustice vieille comme un pape démissionnaire !
Pourquoi est-ce toujours à la belle blonde pulpeuse (voire à la piquante brunette)  que l’on joue la sérénade ? 
Elle encore à qui l’on déclame des alexandrins au pied du balcon ?   
Elle toujours, qui ouvre le bal avec le prince sous les regards envieux de toutes les catherinettes du royaume ? 

 Je les attends toujours, mes chocolats de saint-Valentin !


Les vilaines, les boudins, les laiderons, les mochetés, les imbaisables, les tromblons -- qui composent, soit dit en passant, les 9/10ème et un quart de la population féminine mondiale -- en sont toujours à ravaler leur restant de dignité bafouée, quand vient l’heure du générique final, en voyant la nymphette diaphane s’en aller dans des lueurs d'un crépuscule en technicolor sur-vitaminé, en compagnie du beau héros ténébreux.
Eh bien, cette injustice n’a que trop duré ; il est grand temps d’agir !
Aujourd’hui, foi de Valentine, Miss Monde n’aura pas sa séguedille, car  l’heure du triomphe de Miss Immonde à enfin sonné !!!

  Les moches ont enfin droit à leur heure de gloire ! 
C'est ma copine Harper qui va être contente...


Et à cette fin, il va falloir faire un sacré bond dans le temps.
Allez, 2000 ans et des poussières en arrière... une paille quoi !
Partons donc écouter une merveilleuse aubade, très idoinement intitulée « Lovely ! », et entonnée pour l’occasion par un couple de tourtereaux des plus surprenants.
Cette délicieuse ballade a été écrite par l’indispensable Stephen Sondheim, pour ce qui reste toujours 60 plus tard, son plus grand succès :

 Pour une fois, l'affiche exagère à peine l’hystérie ambiante...

Si le succès de la version théâtrale ne se dément toujours pas après un demi-siècle de reprises diverses, l’adaptation cinématographique (due pourtant à Richard Lester, alors très coté après sa Palme d’Or à Cannes pour « Le Knack…et comment l’avoir » et ses deux films mettant en vedette les Beatles)  sera, elle, nettement moins concluante -- tout au moins sur un plan strictement commercial.
Je me garderai bien d’essayer de vous résumer l’incroyable sac de nœuds qui sert d’intrigue au film -- je connais mes limites ! --, et soulignerai juste que son mérite ultime est surtout d’avoir préservé pour la postérité les prestations des stars originales du show : les légendaires (tout au moins pour les aficionados de Broadway)  Zero Mostel et Jack Gilford.

"A Funny Thing Happened..." nous assure le titre: à voir leurs têtes, on en est moins sûrs !
(de g. à dr. : Phil Silver, Buster Keaton, Jack Gilford et Zero Mostel).

Si le premier, avec un registre grimacier épuisant, ferait passer Louis de Funès pour un acteur de chez Robert Bresson, l’extraordinaire Jack Gilford remporte tous mes suffrages en esclave servile, obséquieux et un tantinet précieux, qui collectionne "sous la toge" les poteries érotiques.
Prêt à tout pour obtenir les bonnes grâces de sa maîtresse, ce brave Hysterium -- le bien nommé --  est aussi le souffre-douleur de son collègue en esclavage, l’ingérable Pseudolius, joué par Mostel.
Et pour en arriver au chapitre musical que nous promet le titre de cette rubrique, c’est précisément ces deux zigotos qui vont devoir nous jouer le couple d’amants romantiques -- pour des raisons qu’encore une fois il serait trop long, trop compliqué et trop périlleux de vous résumer ici ou ailleurs -- dans une de mes séquences favorites du bidule en question.
Vous êtes prêts ?… Alors lançons les violons !

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