"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



dimanche 13 juin 2010

L'ORGUECHESTRE DE Mme TODD


THE BB'S HORROR PICTURE SHOW #4

par BBJane Hudson


La foi déplace les montagnes, à ce qu'on dit. Je veux, mon n'veu ! Même que c'est pas le seul prodige dont elle est capable. En 1972, par exemple, elle fit jaillir d'un modeste harmonium le son de tout un orchestre pop, sous les doigts extatiques et diligents de l'ex-épouse de David LEAN. Ça vous en bouche un coin, pas vrai ? Et même que si vous êtes un tantinet dyslexique, ça peut vous en coucher un boin, voire vous en couber un choin (ce qui est plus agréable que s'en coincher un bout...)
Le miracle se produisit par deux fois dans le chouette film de Robert HARTFORD-DAVIES, Beware my brethren, une œuvre à ce point touchée par la Grâce qu'elle possède deux autres noms de baptême : Beware of the Brethren (ça fait un sacré distingo !), et The Fiend !...
(Pour ceux qui se demandent ce que peuvent bien être de foutus « brethrens », sachez qu'il ne s'agit pas d'une déclinaison de la pâtisserie autricho-alsacienne qui faillit faire périr d'étouffement le fils Bush durant un match de football américain en 2002, mais tout simplement de « frères » appartenant à une même communauté, des « brothers », quoi, mais en vieil anglais, archaïque, poussiéreux et légèrement bêcheur.)



Ceci n'est pas un brethren

Dans une église secrète et pas très orthodoxe située au sous-sol d'une charmante demeure britannique, Mme TODD (Ann de son prénom, ce qui lui fait un point commun -- le "e" en moins -- avec Mme Sylvestre -- la chanteuse, pas l'épouse du Grosminet de Titi) accueille la congrégation d'allumés fortement "imbiblés" que vous pourrez découvrir, si vous l'osez, dans la vidéo qui suit (une poignée de centimètres plus bas). Le maître de cérémonie, gourou en chef de cette confrérie de sniffeurs d'encensoirs, n'est autre que ce bon vieux cinglé de Patrick MAGEE, l'un de mes 2000 acteurs anglais préférés depuis que je suis gosse (c'est-à-dire depuis 39 ans et bientôt 5 mois), qui fut, rappelez-vous, le Mr Alexander d'Orange Mécanique, celui que Malcolm McDOWELL tabassait joyeusement jusqu'à le rendre paraplégique, et qui se vengeait quelques mois plus tard en forçant le salaud de droogy à écouter la 9ème de Beethoven à plein tube dans une chambre étroitement cadenassée.


Patrick MAGEE dans Orange Mécanique

Patrick MAGEE, spécialiste des rôles de vilains déments coiffés comme Léo FERRE, fut aussi le spirite aux sourcils hirsutes qui enregistrait les morts dans les cimetières en posant un micro sur leurs tombes dans Le Chat noir de Lucio FULCI. Il fut aussi le tavernier goule qui faisait peur à Stuart WHITMAN dans le dernier sketch du Club des Monstres de Roy WARD BAKER, un film que j'ai vu 38 fois et qui est le premier que ma sœur cadette (auteure d'un livre homonyme) se repasse chaque fois qu'elle emménage dans une nouvelle maison (elle devrait donc le revoir pour la quatrième fois à la fin du mois). Il fut aussi le nobliau pervers qui jetait son verre de vin rouge à la gueule d'une ballerine naine dans Le Masque de la Mort Rouge de Roger CORMAN... Il fut aussi... bon, j'arrête là...
Il fut surtout un comédien génial mais monstrueusement alcoolo, ce qui lui fait un point commun avec Richard BURTON et BBJane HUDSON, et qui causa bien des soucis à ses metteurs en scène vers la fin de sa carrière, mais bon...





Donc, Beware my Brethren – qui, comme tout bon film d'horreur anglais des seventies, est toujours inédit en France – nous démontre qu'un petit orgue peut produire autant de raffut que le Big Bazar au grand complet, pour peu qu'on y mette un peu d'exaltation.
Dans l'extrait qui se rapproche de vos mirettes fébriles, vous verrez qu'il y a bien d'autres choses dans ce film, comme une malheureuse inconnue poursuivie par un psychopathe anonyme, qui ne le reste pas longtemps, anonyme, vu qu'on apprend très vite qu'il est le fils de Mme TODD, rendu fou par le fanatisme de sa vioque et par le vacarmaüm orgue-asmique de son instrument. (Oui... je sais... encore une mère terrible... J'y suis pour rien, y a que ça dans le cinéma Camp...)
Vous assisterez également à l'immersion baptismale d'un gentil petit blondinet par ce vieux soûlard de MAGEE, ce qui devrait déclencher les foudres de toutes les ligues anti-pédophiles qui fréquentent ce blog, et faire plaisir à ceux qui, comme votre servante, ont les idées particulièrement mal placées, et discernent d'émouvants rapports d'érastes et d'éromènes chaque fois qu'un barbon grimaçant s'approche d'une crevette...
Allez ! Assez jacté !...
Jetez-vous en plein les châsses, bandes de zélotes !...
Et bon Jour du Seigneur...




1 commentaire:

  1. natural born dreamer13 juin 2010 à 10:48

    le côté léo ferré m'avait echappé... tu as raison de le signaler...Et comme tu en arrives de là au big bazar ...Chapeau ! je vois que le vin de messe fait de l'effet, et en regardant l'extrait vidéo, je n'ai plus aucun doute ! lol happy Godday everyone

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