LE COURRIER DU CŒUR #2
par Valentine Deluxe
On dit que « l’amour est aveugle », que « l’erreur est humaine »... Moi, je veux bien, mais vous avouerez que certains poussent quand même le bouchon un peu loin...
Si jamais le doute subsistait chez l’un ou l’autre Saint Thomas qui se serait immiscé en tapinois au sein de notre bien-aimé lectorat, la lumière aveuglante de l’évidence ne pourra que s’imposer dans les esprits des plus sceptiques, passé l'exemple qui va suivre. (Je vous préviens tout de même aimablement que les rebelles et les aporétiques, je les mate à coups de barre à mine !)
Pour illustrer le bons sens de mon propos, je vous propose dès à présent de disséquer pour vous les vices de forme et autres dysfonctionnements internes d’un des couples les plus mal assortis de toute l’histoire du Septième Art depuis…. je ne sais pas moi... disons depuis le professeur Unrat et Lola-Lola...
Pour ce faire, sondons gaillardement les déboires sentimentaux de la jet set américano-yankee.
Comment ça, « pourquoi ? »…Vous auriez préféré les quart-mondistes du bassin sidérurgique Liégeois, peut être ?… Non mais, franchement, vous m’avez bien vue ?… Est-ce que j’ai une tête à me farcir l’intégrale des frères DARDENNE ???...
Puisqu’il s’agit d’explorer les hautes sphères incriminées, avec une patience de socio-archéologue dépoussiérant trois mille ans de dépôts sédimentaires à petits coups de pinceaux maniaques, votre Valentine chérie, profitant de son savoir encyclopédique en la matière, va vous ramener sur les verts arpents du film catastrophe -- le vrai, le seul, l’unique, celui des années 70, tel que je vous l'ai déjà vanté sur tous les tons depuis l’inauguration de notre fastueux Palais de l’Excessif Bon Goût.
(Permettez-moi une légère digression -- une fois n’est pas coutume --, mais je trouve le terme de « blog » du dernier commun ! De plus, cela jure affreusement avec la majesté et la grâce altière des maîtresses de ce lieu. Donc, dorénavant, si vous le voulez bien, nous dirons « Palais de l’Excessif Bon Goût », c’est d’accord ? -- et n’oubliez pas que j’ai toujours ma barre à mine s'il y a des réfractaires à la proposition...)
Mais attention, niveau cataclysme en Technicolor, pour trouver l’oiseau rare, c'est-à-dire celui qui allie défilé de vedettes d’un autre âge, décors opulents mais kitschounés, et imbroglios sentimentaux dignes de la collection Harlequin, c’est parfois un peu plus compliqué qu’il ne semble. En effet, il y a des apparences trompeuses ; et la route des désastres hollywoodiens de grande amplitude étant semée d’embûches et de chausses-trappes, méfions-nous des miroirs aux alouettes !
Un film comme Hôtel international, par exemple, possède à première vue toutes les qualités requises : un casting « all stars » délicieusement « too much », composé d’un couple au bord de la rupture à la ville comme à l’écran (BURTON/TAYLOR), d’un effroyable cabotin cachetonnant pour financer son prochain film inachevé (Orson WELLES), du sosie féminin de Michel SIMON (merveilleuse Margaret RUTHERFORD), et dans le rôle de la secrétaire frigide amoureuse de son salaud de patron qui-ressemble-vachement-à-Rod-TAYLOR, la toujours délicieusement pincée Maggie SMITH.
Le tout dans les salons VIP tout en moumoute et formica d’un grand aéroport international paralysé par un brouillard à couper à la pelle à tarte, vous avouerez que c’est alléchant !
Seulement voilà : problème !… Un grain de sable vient gripper la belle et opulente mécanique : le générique de fin arrive avant que personne se soit jamais décidé à monter dans ce n*** de D*** de **** de **** d’avion de mes **** !!!
Et qu'y a-t-il de plus désespérant qu’un film catastrophe sans catastrophe ???
… quoi ? comment ? que dites vous ?...
« Un film catastrophe avec Alain DELON » ?… C’est pas faux !
(Ça, c’était juste pour vous rappeler finement au passage que vous n’y couperez pas : un jour ou l’autre, il faudra bien que je vous parle d’Airport 80 Concorde !)
Alors, croyez-en mon expérience en la matière, mieux vaut jouer les valeurs sures.
Par exemple, une pelloche qui se titre fièrement et sans complexes Les Naufragés du 747, ça ne peut pas décevoir. Là, vous pouvez y aller les yeux fermés (enfin, pas jusqu’au bout, parce que sinon vous ne verrez rien, et vous risquez même de vous prendre un obstacle imprévu en pleine poire.)
Avec un titre pareil, disais-je, on sent que les producteurs, animés des intentions les plus altruistes, ont voulu combler les spectateurs qui, d’aventure, en viendraient à pousser la porte des salles projetant leur bébé.
Et j’imagine la séance de brainstorming pour en arriver là :
« Bon, alors les mecs, qu’est-ce qui a cartonné ces derniers temps ? »
« Euh… L'Aventure du Poséidon et 747 en péril, chef ! »
« Bon, très bien. Alors faisons couler un 747 en plein océan. On le remplit de has-beens qui ne nous coûterons pas trop cher, et ça ira comme ça !»
« Bien chef ! »
Encore heureux que le loufiat de service n’ait pas rappelé les recettes mirobolantes de La Tour infernale au grand manitou, sinon, ils auraient en plus foutu le feu a ce pauvre coucou !
Donc, imaginons la situation suivante :
Le Boeing 747 privé d’un (très très très) riche collectionneur d’art, plein à craquer de vieilles gloires de l’Age d’Or (Olivia de HAVILLAND et Joseph COTTEN) et de peoples du moment, se fait détourner par de vilains pirates de l’air, qui, à force de faire du rase-motte au dessus du triangle des Bermudes pour échapper au radar, finissent par entraîner le précieux joujou sous les flots, équipage et passagers compris (ben oui, s'ils étaient restés à l’airport comme dans Hôtel international, ça n’arrangerait pas mes affaires...)
Et comme si tous ces braves gens n’avaient pas assez d’emmerdements, ils doivent se farcir en sus les crises dramaqueenesques du couple le plus insupportable et le plus improbable jamais pondu par un scénariste syndiqué, probablement sous assuétude éthylique à l’heure de la rédaction du script.
Ces deux-là, comment vous dire ?… C’est un peu le mariage de la carpe et du lapin, Saint Vincent de Paul et Folcoche, le Mahatma Gandhi qui se serait acoquiné avec la marquise de Brinvilliers, ou l’abbé Pierre amoureux de la veuve Mao.
Faut pas être fakir pour deviner au premier coup d’œil qu'une pareille combinaison ne peut pas marcher.
Evidemment, la production -- bénie soit-elle -- n’a pas fait appel aux derniers des péquenots pour nous agacer avec autant de plaisir pendant 2h15. Aussi avons-nous droit, s’il vous plaît :
1) d’un côté, à Christopher LEE dans le rôle de la dignité bafouée drapée dans les oripeaux du martyr, chochotte et pleurnichard comme on ne l’en aurait jamais cru capable -- sans doute pour se racheter des innombrables vierges sacrifiées les nuits de pleine lune sur l’autel de la Hammer...
2) de l’autre, pour incarner la capsule de cyanure en jupons, à la sublime Lee GRANT, alors en pleine période « ultra-camp », puisqu’elle enchaînera cette performance aquatique par celle tout aussi jouissive de la tatie de l’Antéchrist dans Damien, la malédiction 2, et s’en ira batifoler juste après avec les abeilles tueuses africaines de L’Inévitable catastrophe (qui porte si bien son titre français !)
Vous avouerez que ce genre de duo a déjà de quoi nous mettre en appétit sur le papier ! Mais en vrai, c’est encore mieux… Enfin, je voulais dire : « encore pire ! »...
Bon, maintenant je la boucle (ouf !), et j’envoie les pièces à conviction :
Pièce numéro 1
Pièce numéro 2
10 mètres sous la surface de l’eau, ça continue !
L’ex-vampire de ces dames veut absolument son auréole avant le générique de fin, tandis que la harpie au brushing waterproof nous la joue « ni avec toi, ni sans toi ».
Je n’ai jamais réussi à décider auquel des deux j'avais le plus envie de retourner un bourre-pif maison...
Heureusement, alors que tout espoir semblait perdu, une femme de bon sens va faire ce que tout le monde attend impatiemment depuis que cette mégère a ramené sa fraise dans le gros n’avion. Et pour cet acte de salubrité publique, je propose la canonisation illico presto de Brenda VACCARO. … Ainsi soit-elle !
Si jamais le doute subsistait chez l’un ou l’autre Saint Thomas qui se serait immiscé en tapinois au sein de notre bien-aimé lectorat, la lumière aveuglante de l’évidence ne pourra que s’imposer dans les esprits des plus sceptiques, passé l'exemple qui va suivre. (Je vous préviens tout de même aimablement que les rebelles et les aporétiques, je les mate à coups de barre à mine !)
Pour illustrer le bons sens de mon propos, je vous propose dès à présent de disséquer pour vous les vices de forme et autres dysfonctionnements internes d’un des couples les plus mal assortis de toute l’histoire du Septième Art depuis…. je ne sais pas moi... disons depuis le professeur Unrat et Lola-Lola...
Le Professeur Unrat et Lola-Lola
Pour ce faire, sondons gaillardement les déboires sentimentaux de la jet set américano-yankee.
Comment ça, « pourquoi ? »…Vous auriez préféré les quart-mondistes du bassin sidérurgique Liégeois, peut être ?… Non mais, franchement, vous m’avez bien vue ?… Est-ce que j’ai une tête à me farcir l’intégrale des frères DARDENNE ???...
Puisqu’il s’agit d’explorer les hautes sphères incriminées, avec une patience de socio-archéologue dépoussiérant trois mille ans de dépôts sédimentaires à petits coups de pinceaux maniaques, votre Valentine chérie, profitant de son savoir encyclopédique en la matière, va vous ramener sur les verts arpents du film catastrophe -- le vrai, le seul, l’unique, celui des années 70, tel que je vous l'ai déjà vanté sur tous les tons depuis l’inauguration de notre fastueux Palais de l’Excessif Bon Goût.
(Permettez-moi une légère digression -- une fois n’est pas coutume --, mais je trouve le terme de « blog » du dernier commun ! De plus, cela jure affreusement avec la majesté et la grâce altière des maîtresses de ce lieu. Donc, dorénavant, si vous le voulez bien, nous dirons « Palais de l’Excessif Bon Goût », c’est d’accord ? -- et n’oubliez pas que j’ai toujours ma barre à mine s'il y a des réfractaires à la proposition...)
Mais attention, niveau cataclysme en Technicolor, pour trouver l’oiseau rare, c'est-à-dire celui qui allie défilé de vedettes d’un autre âge, décors opulents mais kitschounés, et imbroglios sentimentaux dignes de la collection Harlequin, c’est parfois un peu plus compliqué qu’il ne semble. En effet, il y a des apparences trompeuses ; et la route des désastres hollywoodiens de grande amplitude étant semée d’embûches et de chausses-trappes, méfions-nous des miroirs aux alouettes !
Un film comme Hôtel international, par exemple, possède à première vue toutes les qualités requises : un casting « all stars » délicieusement « too much », composé d’un couple au bord de la rupture à la ville comme à l’écran (BURTON/TAYLOR), d’un effroyable cabotin cachetonnant pour financer son prochain film inachevé (Orson WELLES), du sosie féminin de Michel SIMON (merveilleuse Margaret RUTHERFORD), et dans le rôle de la secrétaire frigide amoureuse de son salaud de patron qui-ressemble-vachement-à-Rod-TAYLOR, la toujours délicieusement pincée Maggie SMITH.
Le tout dans les salons VIP tout en moumoute et formica d’un grand aéroport international paralysé par un brouillard à couper à la pelle à tarte, vous avouerez que c’est alléchant !
Hôtel International (Anthony ASQUITH, 1963)
Seulement voilà : problème !… Un grain de sable vient gripper la belle et opulente mécanique : le générique de fin arrive avant que personne se soit jamais décidé à monter dans ce n*** de D*** de **** de **** d’avion de mes **** !!!
Et qu'y a-t-il de plus désespérant qu’un film catastrophe sans catastrophe ???
… quoi ? comment ? que dites vous ?...
« Un film catastrophe avec Alain DELON » ?… C’est pas faux !
(Ça, c’était juste pour vous rappeler finement au passage que vous n’y couperez pas : un jour ou l’autre, il faudra bien que je vous parle d’Airport 80 Concorde !)
Alors, croyez-en mon expérience en la matière, mieux vaut jouer les valeurs sures.
Par exemple, une pelloche qui se titre fièrement et sans complexes Les Naufragés du 747, ça ne peut pas décevoir. Là, vous pouvez y aller les yeux fermés (enfin, pas jusqu’au bout, parce que sinon vous ne verrez rien, et vous risquez même de vous prendre un obstacle imprévu en pleine poire.)
Avec un titre pareil, disais-je, on sent que les producteurs, animés des intentions les plus altruistes, ont voulu combler les spectateurs qui, d’aventure, en viendraient à pousser la porte des salles projetant leur bébé.
Et j’imagine la séance de brainstorming pour en arriver là :
« Bon, alors les mecs, qu’est-ce qui a cartonné ces derniers temps ? »
« Euh… L'Aventure du Poséidon et 747 en péril, chef ! »
« Bon, très bien. Alors faisons couler un 747 en plein océan. On le remplit de has-beens qui ne nous coûterons pas trop cher, et ça ira comme ça !»
« Bien chef ! »
Encore heureux que le loufiat de service n’ait pas rappelé les recettes mirobolantes de La Tour infernale au grand manitou, sinon, ils auraient en plus foutu le feu a ce pauvre coucou !
Donc, imaginons la situation suivante :
Le Boeing 747 privé d’un (très très très) riche collectionneur d’art, plein à craquer de vieilles gloires de l’Age d’Or (Olivia de HAVILLAND et Joseph COTTEN) et de peoples du moment, se fait détourner par de vilains pirates de l’air, qui, à force de faire du rase-motte au dessus du triangle des Bermudes pour échapper au radar, finissent par entraîner le précieux joujou sous les flots, équipage et passagers compris (ben oui, s'ils étaient restés à l’airport comme dans Hôtel international, ça n’arrangerait pas mes affaires...)
Et comme si tous ces braves gens n’avaient pas assez d’emmerdements, ils doivent se farcir en sus les crises dramaqueenesques du couple le plus insupportable et le plus improbable jamais pondu par un scénariste syndiqué, probablement sous assuétude éthylique à l’heure de la rédaction du script.
Ces deux-là, comment vous dire ?… C’est un peu le mariage de la carpe et du lapin, Saint Vincent de Paul et Folcoche, le Mahatma Gandhi qui se serait acoquiné avec la marquise de Brinvilliers, ou l’abbé Pierre amoureux de la veuve Mao.
Faut pas être fakir pour deviner au premier coup d’œil qu'une pareille combinaison ne peut pas marcher.
L'abbé Pierre & la veuve Mao
Evidemment, la production -- bénie soit-elle -- n’a pas fait appel aux derniers des péquenots pour nous agacer avec autant de plaisir pendant 2h15. Aussi avons-nous droit, s’il vous plaît :
1) d’un côté, à Christopher LEE dans le rôle de la dignité bafouée drapée dans les oripeaux du martyr, chochotte et pleurnichard comme on ne l’en aurait jamais cru capable -- sans doute pour se racheter des innombrables vierges sacrifiées les nuits de pleine lune sur l’autel de la Hammer...
2) de l’autre, pour incarner la capsule de cyanure en jupons, à la sublime Lee GRANT, alors en pleine période « ultra-camp », puisqu’elle enchaînera cette performance aquatique par celle tout aussi jouissive de la tatie de l’Antéchrist dans Damien, la malédiction 2, et s’en ira batifoler juste après avec les abeilles tueuses africaines de L’Inévitable catastrophe (qui porte si bien son titre français !)
Vous avouerez que ce genre de duo a déjà de quoi nous mettre en appétit sur le papier ! Mais en vrai, c’est encore mieux… Enfin, je voulais dire : « encore pire ! »...
Christopher Lee Grant
Bon, maintenant je la boucle (ouf !), et j’envoie les pièces à conviction :
Pièce numéro 1
Pièce numéro 2
10 mètres sous la surface de l’eau, ça continue !
L’ex-vampire de ces dames veut absolument son auréole avant le générique de fin, tandis que la harpie au brushing waterproof nous la joue « ni avec toi, ni sans toi ».
Je n’ai jamais réussi à décider auquel des deux j'avais le plus envie de retourner un bourre-pif maison...
l'abbée pierre et la veuve mao au milieu de christopher lee et avec valentine en fil rouge, mazette ! il fallait arriver à caser tout ce beau monde dans un seul et même article ! lol
RépondreSupprimerAh la délicate Margaret Rutherford... Inoubliable interprète de Miss Marple,si enjouée,si...délicate ....pff....si peu conforme à la charmante,et faussement innocente anglaise que j'imaginais.
RépondreSupprimerAh Margaret Rutherford....tout un poème!!!
Finalement le "je pratique la plongée" de Christopher n'est pas sans rappeler le "j'ai été championne de natation" de Shelley Winters... Etrange, cela ne m'avait jamais frappé jusqu'alors... Merci Valentine. Par contre je m'insurge : il y a bien une catastrophe dans "the VIPs" : la taille de Miss Taylor. Ne gonfle-t-elle pas tout au long du film ?
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