"ITE MISSA EST": French Camp #3
Par Valentine Deluxe
Avant de commencer notre nouvelle babillarde, histoire de ne pas passer pour une mécréante (on n'en est plus à un péché capiteux près), je me devais d'attendre que nous ayons rangé la crèche, le sapin, et les breloques qui clignotent pour affronter un sujet grave et sulfureux.
De fait, j'ai si bien attendu qu'on a déjà fait sauter les crêpes, et si je ne me secouais pas enfin l’oignon, on aurait aussi bien pu se retrouver en semaine sainte, et je me serais vue contrainte à nouveau de reporter mon sujet polémique Sine die.
(Oui, vraiment, Vatican II a peut-être banni la messe en latin, mais rien ne nous empêchera, pour notre présent sujet, d'user et d'abuser de nos merveilleuses pages roses du dictionnaire. Je suis une frondeuse moi !)
Quand je parlais d'un sujet grave et sulfureux , c’est sans doute ce que l’Office Catholique a dû délivrer comme mise en garde dans sa critique du film qui nous occupe... Aliam vitam, alio mores : aujourd’hui, pour le commun des mortels (à savoir, vous en l’occurrence -- pour moi, niveau mortalité, je suis déjà moins sure, vu les quantités astronomiques de botox et conservateurs divers injectés dans mon anatomie pour en sauvegarder l'inaltérable beauté), ça sera plutôt un moment de franche gaudriole, avec in fine, une séance de fitness comaque pour les zygomatiques.
Aujourd'hui :
un sujet grave, douloureux mais nécessaire !
Pour l’œuvre qui nous occupe, la cote de mon office de contrôle personnel serait plutôt du style : « Grotesque et boursouflé : à ne manquer sous aucun prétexte ! »
Oui, je sais, le Camp, quand il est décliné par votre Valentine a une définition des plus élastiques.
Je serais d'ailleurs bien en peine de vous la donner moi-même....
Disons que j’y range mon amour immodéré pour l’excès sous quelque forme que ce soit, mon attirance pour les déviances et les difformités, ma soif inextinguible d'une étincelle de beauté au cœur de la monstruosité, ma recherche éperdue du diamant dans le tas de fumier.
Je serais d'ailleurs bien en peine de vous la donner moi-même....
Disons que j’y range mon amour immodéré pour l’excès sous quelque forme que ce soit, mon attirance pour les déviances et les difformités, ma soif inextinguible d'une étincelle de beauté au cœur de la monstruosité, ma recherche éperdue du diamant dans le tas de fumier.
Absit reverentia vero, je dois insister sur le fait que cet amour effréné pour l’aberration cinématographique est éthique et (quasi) exempte de toute forme de second degré. J’aime réellement, profondément, indéfectiblement ces canards boiteux et autres bannis des anthologies officielles du 7ème art. Pour moi, "Back Street" ou "Citizen Kane" : même combat!
Bon, maintenant, trêve de préambule alambiqué, pénétrons dans le vif du sujet !
Niveau quota, nous savons que dans nos colonnes, le cinéma américain est en surreprésentation numéraire.
Remarquez, c'est vraiment pas de leur faute, aux Yankees ; avec des Joan Crawford, Bette Davis ou Susan Hayward en rayon, l'achalandage est grandement facilité !
Eh bien moi, Valentine Deluxe, je vous propose aujourd’hui une entrée des plus audacieuses dans notre gotha du Camp... (Attention, on s'accroche à la rampe, car ça va vous faire un choc...)
Mais en plus de cette liaison, jamais officialisée juridiquement, et plus que lourdement teintée de sadomasochisme (les témoignages sur les rebuffades et humiliations publiques subies par Fresnay par son rossignol sont légion*) -- en plus de cette liaison tapageuse, disais-je, le merveilleux comédien du "Corbeau" ou de "la Main du Diable" n’hésita pas, surtout dans la dernière partie de sa carrière, à prêter son concours à des œuvres ayant passé avec moins de brio l’épreuve des ans.
Parmi celles-ci, le biniou du jour, l'extravagant "Le Défroqué", réalisé en 1954 par l'un des chantres les plus prolifiques de ce que l'on appelait alors "le cinéma du samedi soir" : Leo Joanon.
C'est l'histoire -- aussi extravagante que grand-guignolesque -- de deux anciens prisonniers de guerre : un jeune nigaud touché par la grâce et qui s’apprête à rentrer dans les ordres, et son mentor (Fresnay), un prêtre défroqué -- Vade retro Satana! -- dont les théories hérétiques l'ont voué aux gémonies par ses anciens supérieurs hiérarchiques portant soutanes. Bon, maintenant, trêve de préambule alambiqué, pénétrons dans le vif du sujet !
Niveau quota, nous savons que dans nos colonnes, le cinéma américain est en surreprésentation numéraire.
Remarquez, c'est vraiment pas de leur faute, aux Yankees ; avec des Joan Crawford, Bette Davis ou Susan Hayward en rayon, l'achalandage est grandement facilité !
Eh bien moi, Valentine Deluxe, je vous propose aujourd’hui une entrée des plus audacieuses dans notre gotha du Camp... (Attention, on s'accroche à la rampe, car ça va vous faire un choc...)
Pierre Fresnay (!!!)
Avouez que rien que pour son idylle mouvementée avec la diva ultissima (ça, je sais pas si c'est du latin, mais ça sonne bien) du Camp made in France -- je veux bien évidemment parler de la gazouillante et castratrice Yvonne Printemps --, Pierre Fresnay méritait d'être mis à l'honneur un jour ou l'autre par notre équipe rédactionnelle.
Elle le piétine, il adore ça :
Yvonne Printemps et Pierre Fresnay.
Parmi celles-ci, le biniou du jour, l'extravagant "Le Défroqué", réalisé en 1954 par l'un des chantres les plus prolifiques de ce que l'on appelait alors "le cinéma du samedi soir" : Leo Joanon.
Grandiloquent, grotesque et kitschissime :
en un mot, indispensable !
Ajoutons à cela une sorte de femme fatale -- mais néanmoins grenouille de bénitier -- interprétée de façon à peine plus monolithique qu'à son habitude par Nicole Stéphane, qui veut utiliser le renégat pour faire sortir le jeune nigaud, objet de sa concupiscence, des ornières de sa Très-Sainte Vocation.
Pas vraimant un look de femme fatale... et pourtant !
Notre trio infernal se retrouve dans un cabaret russe -- Abyssus abyssum invocat --, où Pierre Fresnay va, avec une obstination absolument diabolique, tenter de faire flancher les convictions de notre béni-oui-oui, sous les yeux épouvantés de la Jezabel de service, qui, reconnaissons-le, l'a bien cherché !
Attention, je vous préviens, c'est du brutal :
Je vous épargne la petite bacchanale russo-parigote, qui comble le temps nécessaire à ce que notre saint neuneu et martyre finisse de retapisser les waters à grands geysers de tripailles, pour atteindre le nirvana absolu après ma petite ellipse, dans une ambiance d’orgie bestiale comme on n'en eût point osé rêver aux plus belles heures de Sodome et Gomorrhe !
Et voilà, Ite missa est !
Alors laissons au merveilleux Jean Ozenne, le soin de conclure notre première chronique de l'année.
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