"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



vendredi 21 mai 2010

La mère, qu'on voit tancer...

par BBJane Hudson

Bientôt la Fête des Mères ! Vous pensez bien que MEIN CAMP ne pouvait négliger l'événement...
Le Camp, comme chacun sait -- et ceux qui l'ignorent le sauront désormais -- est une invention de pédés. Et les pédés, c'est bien connu, sont ce qu'ils sont à cause de leurs mamans, de l'amour dont elle les abreuve ou de celui dont elle les sèvre, ainsi que d'un tas d'autres emmerdements typiquement "génitriques". Vous me direz que toutes les mères sont emmerdantes, et que tout le monde n'est pas pédé pour autant -- sans quoi, il n'y aurait bientôt plus de mères... Mais moi, que voulez-vous, je ne me fie qu'à ce qui est bien connu. Le reste, c'est trop savonneux, on ne sait jamais dans quels gouffres ça nous abîme...




Donc, que serait le Camp sans la figure tutélaire de la Mère ?
Non pas la bonne maman affable et dévouée à sa progéniture, sachant la préserver des avanies de l'existence tout en ne l'étouffant point sous le poids de son affection, et dont la tribu Ingalls et quelques familles disneyennes durent sans doute posséder les seuls spécimens existants, mais la Mater Monstruorum, asphyxiante, castratrice, jalouse, hystérique, dominatrice, braillarde, égocentrique et mal léchée, paranoïaque, schizophrène, voire même carrément psychopathe.
L'authentique Mère à boire, em(mère)deuse patentée, façonneuse d'invertis et de vieilles filles, ou, dans le meilleur des cas, terreur de ses gendres et cauchemar de ses brus, que sut si bien décrire Philip WYLIE dans son vitriolique pamphlet A Generation of Vipers (il ne leur imputait rien moins que le déclenchement de la Deuxième Guerre Mondiale !), et à laquelle des dizaines de cinéastes internationaux rendirent l'hommage dû à son infamie.




En conséquence, d'ici le 30 mai, MEIN CAMP s'appliquera à vous proposer quelques exemples cinématographiques de mamans terribles, histoire de bien marquer le coup.
On commence en beauté avec la plus fielleuse d'entre elles, Mrs Taggart, campée (c'est le cas l'écrire) par Bette DAVIS dans l'un des 90 meilleurs films de sa carrière (et mon préféré, avec Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?) : The Anniversary de Roy WARD BAKER.
Au royaume des salopes, Mrs Taggart est borgne, mais certes pas aveugle, et encore moins muette !





Prodigieuse entrée en scène, répliques venimeusement ciselées, euphorisante dextérité dans la stimulation prostatique du Manneken Piss, sens imparable du claquage de clapet...
Accrochez-vous fillettes !... bouclez vos ceinturons !...
Voilà une vraie leçon de materrorisme...




5 commentaires:

  1. ...je me crèverai un n'yeux rien que pour pouvoir porter le cache-oeil avec autant de superbe!
    je ne me rappelle plus: est-ce que 'l'on sait la raison de son p'titi n'oeil crevé à môman, dans le film?

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  2. @ Valentine : C'est l'un de ses fils -- celui qui doit filer au Canada, et à qui elle s'accroche -- qui a commis un "acte manqué" en jouant aux fléchettes, ou au pistolet à grenailles...
    Pur chef-d'œuvre, non ?...

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  3. Saisissant ! Et comme d'habitude, je commande le DVD.

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  4. ...comment faire mieux (ou pire selon le point de vue) après une telle entrée en matière!!! Vous avez placé la barre diablement haut ;-))

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  5. ...je serais curieux de lire la pièce originale.
    Elle a été remontée y'a pas très longtemps à Londres, avec Sheila Hancock qui reprenait le rôle de la Môman.

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