"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



samedi 23 mai 2015

TORCH SONG (La Madone gitane, 1953) #4

Spécial Fête des Mères

LES BONNES COPINES DE VALENTINE # 8

Par Valentine Deluxe

Elle est de retour !!!  Qui ?... Mais Jenny Stewart, voyons !
Oui, je sais, on ne peut plus se passer d'elle... Mais bon, il faut bien reconnaître que "Torch Song" (qu'on ne vous présente plus), c'est un peu l'encyclopédie Universalis du Camp : c'est quasi exhaustif !
Une diva un peu méchante mais au grand cœur, un pianiste aveugle, un gigolo lèche-derche (normal pour un gig', me direz-vous), un chorégraphe trop poltron pour ne pas être un peu "sotte", un producteur trop faux-cul pour ne pas être un peu impuissant, un chien qui s'appelle Duchesse...
De tout, vous dis-je ! on trouve de tout là-dedans !
Il y a même -- ce qui tombe bien pour la thématique du jour -- une indispensable MAMAN TRÈS CHÈRE (avec la môme Crawford dans les parages, je ne pouvais pas laisser passer ça, excusez moi !)

Ne vous fiez pas à son air affable et souriant, 
elle va surement encore lui piquer de l'oseille !


Et là, d’un coup, tout s’explique, tout s’éclaire !
L’égocentrisme de Jenny, ses sautes d’humeur, ses coups de déprime, tout trouve son origine et sa cause dans la sacro-sainte matrice maternelle.
Ma' Stewart -- également une très bonne copine de Valentine, cela va sans dire --, quoi qu’on puisse en penser, n’est pas à proprement parler une genitrix horribilis comme nous aimons à les fêter chaque année à pareil moment.
Ma’ Stewart, c’est un être d’une générosité sans fond et qui ne regarde jamais à l’argent… surtout quand ce n’est pas le sien. 
Et quand ce n’est pas le sien, c’est forcément TOUJOURS celui de sa fille Jenny.
Ben oui, il fallait bien qu’il y eût un os dans la moulinette  -- je n’ose dire « une couille dans le potage », ce n’est pas du tout le style de la maison !--
Alors bon, la petite Jenny, on peut comprendre qu’elle soit devenue un peu châtaigne avec les années.
Vous avez déjà essayé, vous, de faire un câlin à une caisse enregistreuse ?...
 D’accord, ça fait « ding ding » -- ce qui amuse toujours les enfants --, mais pour les longues soirées d'hiver, c’est d'un contact un peu froid et rugueux.


Madame Stewart mère
(photo non-contractuelle)

Le pire, c'est qu'en plus de ses acrobaties financières -- comme disait si bien ce puits de bon sens qu'était feue ma mère-grand : "Il lui manque toujours 6 sous pour faire le franc" --, Ma' Stewart est coupable d'une indélicatesse autrement plus grave.
Non contente de voler de la façon la plus éhontée à Miss Crawford toutes les scènes qu'elles partagent (ce qui n'est pas un mince exploit), Marjorie Rambeau/Ma' Stewart enfoncera encore un peu plus le clou dans l’abcès en "chipant" la seule et unique nomination aux Oscars, au nez de sa vedette principale !
Mafia, empoisonnement ou accident de chasse : Crawford n'aurait jamais dû la laisser sortir vivante de leur première rencontre sur le plateau de "Laughing Sinner", 20 ans auparavant !

Crawford aurait dû la noyer à ce moment-là !

En plus -- pour notre plus grand plaisir --, elle a une façon imparable de soutirer des pépettes à sa superstar de fille.
Non que sa technique soit d'une subtilité folle, mais il faut au moins reconnaître que ça à l'air efficace.


Et comme cela semble marcher à tous les coups, on ne va pas se casser la tête pour changer une formule qui fonctionne... et qui rapporte !


Bon, à la décharge de Ma' Stewart, on pourra noter qu'elle n'est pas la seule à être un peu vorace, mais que toute la smala semble au diapason : ce n'est plus une famille, mais un banc de piranhas !


* "Lauging Sinner" qui, amusante coïncidence, est tiré d'une pièce montée à Broadway, et qui s'appelait justement... TORCH SONG -- bien qu'il n'y ait aucun rapport avec notre film du jour.

1 commentaire:

  1. ...Marjorie Rambeau pourrait bien revenir nous dire bonjour l'année prochaine, car elle faisait également une monstrueuse mère indigne -cette fois une génitrix horribilis, 100% pur jus!- dans "Min and Bill" avec Marie Dressler! ...faut absolument que l'on vous fasse découvrir ça aussi!

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