"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



dimanche 1 décembre 2013

VEERANA (1988)

Alors... On danse! #4

Par Valentine Deluxe




"Le langage des chiffres a ceci de commun avec le langage des fleurs : on lui fait dire ce que l'on veut. "
Michel Audiard

Mais tout de même… 
Sur « Mein Camp », en plus de devoir assumer un titre qui nous aurait valu quelques bricoles aux heures les plus sombres de la Libération -- déjà que ma liaison avec Tino Rossi avait fait jaser --, nous devons aussi faire face aux attaques répétées des tenants du "politiquement correct" de tout crin. 
... Et boudiou, qu’ils sont nombreux, les bougres !...

Le Conseil de Sécurité de l'ONU s'intéresse au cas  "Mein Camp" !

Cette semaine, nous avions des émissaires de l’ONU dans les bureaux de la rédaction, épluchant comptabilité et articles, avec une avidité qu'on ne rencontre plus guère que chez le ténia ou la hyène, afin de régler notre compte avec des kilomètres de statistiques et des tombereaux de rapports et  de synthèses.
Implacables, cinglants, secs comme des coups de trique sur les fesses (ça, remarquez, quand c’est bien fait, s'il fait chaud et que j’ai bu, je ne suis pas contre...), les chiffres sont tombés :

Nous ne sommes pas équitables ; la parité on ne connaît pas !
(bouh-houh-houh, les vilaines !...)

Il me faut reconnaître malgré tout, le front bas et le menton tremblant, que tout confits dans leur arrogance et leur bouffissure qu’ils étaient, ils n’avaient pas non plus COMPLETEMENT tort, les salauds...
En effet, au long des 1O5 merveilleux articles sortis de nos plumes aussi lyriques qu'inspirées, nous pouvons dénombrer :
- 95 films Anglo-saxons (pour ne pas dire américains).
- 2 français, 2 japonais, 2 belges (si!... et tous les deux avec Delphine Seyrig !... Faut le faire !...), un italien, un autre made in Hong-Kong, plus quelques rares coproductions européennes... Ça fait pas lourd en cinématographies tiers-mondistes !
Alors, de deux choses l'une : soit on redresse la barre au plus vite -- c’est-à-dire maintenant --, soit ça sera embargos, blâmes et sanctions internationales !

Les émissaires de l'ONU, travaillant d'arrache-pied 
dans les bureaux de notre rédaction.(Photo non-contractuelle) 

Un embargo, pas besoin de vous faire un dessin, ça veut dire entre autres infamies,  plus une goutte de pétrole!  
Et vu qu'on se chauffe au mazout, pour deux grandes frileuses comme nous, je ne vous dis pas l'angoisse !  
Vous nous voyez, barricadées  et "embargotées" dans nos locaux, à devoir scier les pieds de chaises et de tables pour nous faire du bois de chauffage ?… BBJane contrainte de s’emballer les arpions dans sa collection de « Midi-Minuit Fantastique» pour échapper à la gangrène?… Votre Valentine coupant sa vodka à l’antigel pour ne pas tomber en hypothermie ? 
… Non, décidément, ça n’était pas envisageable. 
Alors, nous avons courbé nos fières échines et avons cédé aux diktats de la communauté internationale.
Qu'à cela ne tienne, si il n’y a que ça pour leur faire plaisir et nous éviter les engelures durant l’effroyable hivers Anicho-Liegeois, eh bien, on va leur en donner de la parité ! et de l’exotique encore bien !

Le terrible hiver anicho-liégeois !

Pour notre dansante rubrique dominicale, nouvellement placée sous le signe de l'équité culturelle, quittons les studios de Hollywood ou de London pour ceux de… Bombay ! 
Ah ! l’Inde, mystérieuse, colorée  et envoûtante ! (vous voyez, on fait « paritaire » aussi niveau clichés touristiques...)
Ce qui est pratique avec le cinéma indien, c’est que quel que soit le genre abordé (film policier, de guerre, épopée épique, ou comme aujourd’hui, film d’épouvante), faut toujours que ça chante et que ça danse… et ça, ça m’arrange!
Isabelle Adjani dans "la journée de la jupe" ???
Non, Jamsin-la-sorcière dans ses mauvais jours !

Dans "Veerana", un des meilleurs exemples de l’improbable et trop rare cinéma d’épouvante indien de la grande époque (nous sommes ici en 1988), le nœud de l’intrigue tourne autour d’une  charmante donzelle, dernière née d'une famille sur laquelle pèse une malédiction ancestrale.
Ladite imprécation fut lancée, comme il se doit, par une sorcière au faciès particulièrement disgracieux, du haut de son gibet, à l'heure funeste de son exécution.
Plus classique que ça, vous en conviendrez, c'est difficile. 
On dirait du Mario Bava de la grande époque... Remarquez,  avec Mario Bava, tout compte fait, il n'y a que de la grande époque!

Oh non ! elle va pas se mettre à chanter !
(si !)

Par contre, ce qu’on ne voit jamais dans un Mario Bava, c’est ça….
(Et je vous mets au défi de ne pas avoir le refrain en tête pour le reste de la journée !)



Stupéfiant n'est-ce pas?
Allez ! maintenant, on enfile son collant, on pousse les meubles et on se refait la choré chez soi ! 
... Et tout le monde chante avec Valentine, attention !... Troaaaa, Quat' ! : 
"Guru-guru-dada, guru-guru-dada, guru-guru-dada, guru-guru-dada, guru-guru-dada, guru-guru-dada..."

... A dimanche prochain !

3 commentaires:

  1. Avec - comment dit-on déjà - du "placement produit discret, le nounours des JO de Moscou, une choré un brin simplette (même moi ke peux la refaire!)... Et sinon, le film fait-il peur??

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  2. ...peur? ...PEUR??? ...comment dire? ...ça n'est pas vraiment l'émotion qui s'impose à la première vision?

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  3. Mon commentaire n'a rien à voir avec le sujet d'aujourd'hui, mais puis-je vous dire chère Valentine que je vous adore et suis un fervent admirateur de vos chroniques...(même si je l'avoue, je suis aussi un fervent admirateur d'un certain film belge dont l'action se déroule rue du Commerce et avec lequel je sens que vous avez quelques réticences...)

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