"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



mercredi 1 juin 2011

BONNE MERE ! (3)


SPÉCIAL FÊTE DES MÈRES
par BBJane Hudson


La mère du jour :

Mrs JOYBOY
(Ayllene GIBBONS)



Difficile de trouver mère plus encombrante que celle-là ! Ce véritable gouffre à boustifaille aux proportions gargantuesques, rencontrée dans le campissime Le Cher disparu, est la terreur des nutritionnistes et des fabricants de sommiers, de même que celle de sa future belle-fille, la délicieuse (et bien nommée, puisqu'employée dans une entreprise de pompes funèbres) Aimée Thanatogenous (Anjanette COMER). Ce n'est pas que Mrs Boyjoy soit particulièrement méchante ; en vérité, elle pourrait même passer pour sympathique si son comportement recélait encore quelque chose d'un tantinet humain. Prenant à rebours la maxime tant aimée d'Harpagon, la brave chose ne vit que pour manger, et ne se laisse distraire de cette occupation que par la contemplation des pubs alimentaires et des émissions culinaires dont l'abreuve son téléviseur.


Son fils (Rod STEIGER), embaumeur aux Clairières Murmurantes (vaste nécropole réservée au gratin de la population hollywoodienne), lui voue une vénération fébrile, qui ressemble à s'y méprendre à une haine larvée. Craignant sans doute d'être ingurgité par l'irrassasiable ogresse s'il ne satisfait pas son appétit démesuré, il consacre l'essentiel de son temps à lui remplir la panse, abdiquant pour ce faire ses quelques velléités amoureuses.


Mère et fils

Cette incarnation ultime de la maternité dévoratrice est interprétée avec une authenticité inquiétante par l'énorme Ayllenne GIBBONS, que l'on peut croiser dans une petite dizaine de films où elle ne compose généralement que des silhouettes furtives... mais aisément repérables.
Le film est quant à lui le chef-d'œuvre de Tony RICHARDSON, un monument d'humour acide qui fit un flop terrible lors de sa sortie et écourta le séjour hollywoodien du jeune trublion britannique, à qui les producteurs suggérèrent aimablement de regagner son île natale.





2 commentaires:

  1. ...est ce que le film a eut droit à une sortie sur grand écran en France?

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  2. Il y a eu droit, mais on ne peut pas dire qu'il s'attarda beaucoup...

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