"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



samedi 28 mai 2011

BONNE MERE !


SPÉCIAL FÊTE DES MÈRES
par BBJane Hudson


La Fête des Mères est une célébration particulièrement respectée et attendue par Valentine et moi, qui, comme tous les amateurs de Camp, avons une dévotion particulière pour les grandes matriarches du septième art, figures de proue et déesses tutélaires du concept illustré sur ce blog.
Que serait le Camp sans génitrices dénaturées, abusives, retorses et éperdument castratrices, je vous le demande ?... Le terrorisme maternel est en effet le thème privilégié d'une multitude de classiques du genre, comme nous vous l'avons plusieurs fois démontré ici-même.


Pour l'édition 2011 du sacro-saint mother's day, Valentine vous a concocté deux articles flétrissant les mérites (ou vantant l'infamie) de deux spécimens redoutés de la gent matriarcale ; le premier de ces textes sera mis en ligne demain, le second un peu plus tard dans la semaine.
Pour ma part, je m'appliquerai à alimenter votre matrophobie en vous offrant trois brefs portraits de "bonnes mamans" expertes en déconfiture.
Commençons sans tarder par :

Mrs KINSOLVING(Rosemary MURPHY)




Maman et fiston

Nous la rencontrons dans le film You'll like my Mother, où elle reçoit la visite, par un jour de blizzard, de sa belle-fille Francesca (Patty DUKE), enceinte jusqu'aux cheveux, et dont l'époux (le fils de Mrs Kinsolving, donc), vient de mourir au Vietnam. La belle-doche réserve à la parturiente un accueil propre à faire passer la tempête de neige sévissant au-dehors pour un pic caniculaire. Hésitant néanmoins à laisser la malheureuse retourner sur ses pas (d'ailleurs recouverts par trois mètres de poudreuse), elle accepte de l'héberger pour la nuit. Seulement voilà : le lendemain, la météo est encore plus infecte, et Francesca éprouve un besoin pressant de livrer son colis. S'ensuit un accouchement assez inconfortable, pour lequel la marâtre s'improvise sage-femme, et qui se solde par la naissance d'un nouveau-mort (ou la mort d'un nouveau-né, si vous préférez). Soumise aux soins renfrognés de Mrs Kinsolving et de sa fille muette, Kathleen (Sian Barbara ALLEN), Francesca voit son séjour prendre la tournure d'une séquestration, et découvre que la demeure abrite un psychopathe fraîchement échappé de l'asile (Richard THOMAS), qui pourrait bien être le second fils (et néanmoins amant) de son hôtesse... Elle s'avise également que son bambin n'est peut-être pas aussi mort que Mrs Kinsolving le lui laisse entendre...


N'y allons pas par quatre chemins : You'll like my mother (adapté d'un roman de Naomi A. HINTZE) est un petit chef-d'œuvre de suspense, d'atmosphère (le climat hivernal est particulièrement oppressant), et de "vénénosité". L'interprétation de Rosemary MURPHY en belle-maman insidieusement abjecte doublée d'une mère incestueuse, est absolument bluffante.
Comme il se doit, le film est inédit en France (ben tiens !...), mais il peut être vu en intégralité sur YouTube. Alors, si vous maniez la langue de BUSH, ne vous en privez surtout pas !...

1 commentaire:

  1. ...je trépigne d'impatience, la bave aux lèvres pour découvrir les deux autres!

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