"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



mercredi 14 avril 2010

FOSSILES, COQUILLAGES ET CRUSTACES


TO BE OR TO HAVE BEEN ? #1

par BBJane Hudson

Peut-on "avoir été" ET "être" ?...
C'est la question que se sont posée bon nombre de scintillantes étoiles hollywoodiennes lorsque, réduites à l'impécuniosité après avoir empoché des pactoles et irradié le firmament du star-system, elles se trouvèrent contraintes d'accepter des rôles déplorables et souvent subalternes dans des productions plus ou moins rédhibitoirement tocardes ...
C'est, ce fut, et ce sera le lot de la majorité des stars d'hier et d'à venir (je ne parle pas de celles d'aujourd'hui, n'en voyant point), tant il est vrai que la gloire n'a qu'un temps, et que le chronomètre du public est fort mal ajusté aux Rolex de ses idoles...
Cette rubrique inestimablement mesquine a pour but de vous restituer les exploits douteux et tardifs (ou douteux CAR tardifs) de quelques monuments du silver screen, réduits à cachetonner, à leur art défendant, dans le tout-venant du cinoche populaire, après avoir subjugué l'élite cinéphile...
Ces dinosaures pugnaces -- baptisés "has-been" ou "guest-stars" par l'ingrate multitude de leur ex-admirateurs -- ont bien droit, selon moi, à l'hommage que leur déshonneur réclame et justifie...
(Putain ! J'ai jamais casé autant d'adjectifs en si peu de lignes !...)


Démonstration d'un cas de "has been" :
Gloria SWANSON, before & after

Ouvrons le ban avec Robert CUMMINGS, jeune premier hitchcockien (La Cinquième Colonne), partenaire de l'ineffable Deanna DURBIN dans moult sucreries Paramountiennes (Chanson d'avril), playboy estampillé thirties, vestige improbable d'un temps que les moins de septante ans ne sauraient connaître...


Bob CUMMINGS

Dans les années 60, profitant de la vague des beach movies (films de plage) inaugurée par la firme A.I.P. (grande employeuse de has-been devant l'éternel -- j'en reparlerai inévitablement dans cette rubrique), Bob CUMMINGS s'octroya un moment de franche consternation en jouant les surfers d'opérette dans le film-étalon du genre (en fait, le film qui instaura la "beach-mania" et engendra une foultitude de suites) : l'impérissable Beach Party. Nanti d'une barbe à faire pâlir d'envie l'Abbé Faria, le beau Bobby y jouait un docte professeur, étudiant avec flegme et conscience les mœurs des teenagers, et soumis aux avances conjointes de sa consœur en hasbeenat Dorothy MALONE et de la très gourdasse Annette FUNICELLO.
Comme nous sommes dans un film de plage, faut bien, à un moment donné, qu'il grimpe sur la planche.
Voilà le résultat...
Enjoy !

4 commentaires:

  1. comptez sur moi pour racheter très prochainement l'honneur bafoué de lady Swanson! ..."has-been", Gloria!!! ...je fonce préparer la contre-attaque!

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  2. Alors là, je suis assez d'accord avec le commentaire qui précède- Gloria Swanson peut Etre qualifiée d'extra-terrestre dans un film, mais JAMAIS de has been.

    Et je ne parle pas des never been, qui sont légions aujourd'hui et je ne donne pas de nom, à commencer par Trucmuche et Binoche

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  3. @ Valentine et Kranzler :
    Aurais-je laissé mon goût pour la provocation prendre le pas sur mon projet didactique ? Bon, je veux bien l'admettre... Lady Swanson n'était pas une "has-been", mais plutôt une interprète emblématique du concept... On peut quand même estimer qu'apparaître dans LES WEEK-ENDS DE NERON, et achever sa carrière par LA REVOLTE DES ABEILLES, n'est-ce pas... (Vous remarquerez, chère Valentine, que je ne fais même pas mention de AIRPORT '75... C'est que je n'ai pas envie que nous nous chamaillions si tôt pour une vieille pea... Oh ! Flûte ! J'ai encore failli gaffer !...)

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  4. ...crotte, je pensais avoir brûlé les preuves, mais l'œil de buse et le glaive vengeur de notre BB était déjà tombé sur les pièces compromettantes!
    ...Après, Las-Vegas, N-Y-C et Miami, vous devriez essayer de vendre le concept "les experts à Aniche" ...moi je trouve ça assez accrocheur

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