"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



mardi 13 avril 2010

JUSTE UNE MISE AU POINT...


LA MUSIQUE ADOUCIT LES MOEURS # 1

par Valentine Deluxe

Pour celles et ceux qui ne le savaient pas encore, le premier film que je me rappelle avoir vu au cinéma (et un vrai cinéma, façon « Dernière Séance », avec le rideau qui s'ouvre au début, les banquettes en bois qui se relèvent en claquant, et les eskimos glacés à l’entracte !) c’est 747 en péril - a.k.a. AIRPORT ’75 -, film que certaines méchantes langues qualifient de daube monumentale, mais que votre Valentine, parfum des fleurs fanées oblige, ne peut regarder sans une larme attendrie au coin du faux-cil.
Cette information, loin d’être purement anecdotique, est doublement importante :
Premièrement, elle vous permet de mieux comprendre d’où me vient cet intérêt pour ce nanar de compét’ dont vous n’avez pas fini d’entendre parler (pouvez compter dessus !)
Ensuite - et surtout -, si je tiens à cette petite mise au point, c’est pour faire taire certaines (vilaines) rumeurs qui circulent de-ci de-là, cancanant à qui veut l’entendre - et ils sont légions ! - que j’aurais effectué mon baptême cinématographique non pas avec le susnommé film-catastrophe (voire « catastrophique »), mais plutôt avec La Sortie des usines Lumière, ou L'Arrivée d’un train en gare de la Ciotat, lors de la fameuse séance au Grand Café du 28 décembre 1895.
Ce petit règlement de compte passé, régalons-nous d’une séquence merveilleuse et mémorable - parodiée dans le célèbre Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? -, qui est à elle seule une sorte de synthèse.



Tout y est parfait, pas un détail ne manque :
les dialogues cruches, les sourires tartes, la gamine malade (Linda Blair en pleine descente post-Exorciste !), la chanson mielleuse, les passagers qui passent leurs têtes pour écouter, la couleur des fauteuils, tout je vous dis !
C’est plus une synthèse, c’est un festival !
Vous comprenez maintenant comment la petite Valentine Deluxe est devenue accro au Camp dès la première bouchée.
Que voulez-vous, à chacun ses madeleines !



6 commentaires:

  1. Si on commence par des citations de mon auteur préféré Isherwood, je ne peux que revenir ici, et je suis persuadé que ce sera délicieusement infréquentable. Pf...

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  2. Merci Kranzler ! Tu es l'auteur du premier commentaire ! Champagne !... (Enfin, pour moi, ce sera plutôt whisky...)

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  3. la ' daube monumentale' est le deuxième film que j'ai vu - de ma vie - au cinéma, à la question ' aviez-vous des parents indignes?' il me faudra donc répondre OUI ! :DDD bizz et bonne continuation pour votre nouveau blog dont je ne saurais critiquer le brillantissime titre !

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  4. Merci Leni... Je suis convaincue que ton point commun avec Valentine -- la vision "en salle" de ce film, mythique pour elle (et moi) -- va titiller ses fibres... Bises...

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  5. Chaque nouveau blog est une bénédiction ! J'aime bien aussi 747 en péril, et les films catastrophe des années 70, ils me font le même effet madeleine de proust, en me remémorant une époque bénie où Christophe Willem ne polluait pas encore l'espace sonore et où un remake de Pocahontas ne cartonnait pas au box office...
    longue vie à ce blog

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  6. dans mes bras chère Leni!
    ...d'abord ce sont les méchantes langues qui vouent aux gémonies l'objet de mon affection.
    Moi je dis qu'un film qui affiche dans un même générique, Gloria Swanson, Karen Black, Linda Blair et Myrna Loy, ne peut pas être fondamentalement mauvais! (sans même parler de la singing nun!)
    Le petit détail amusant évidement, c'est que la "maman" de Linda Blair, qui n'a pas son pareil pour faire un petit hochement de tête attendri façon "Elie Ewing", c'est Nancy Olson, la Betty Schaefer de SUNSET BOULVARD! ...moi a sa place, j'aurais déjà refusé de monter dans le même avion que Norma Desmond, faut pas s'étonner après si il vous arrive des bricoles!

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