"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



jeudi 22 avril 2010

COMMENT REUSSIR SON ENTREE ?


LES BONS CONSEILS DE VALENTINE #3
par Valentine Deluxe


Cette question cruciale, chaque aspirante Grande Dame se la pose avec angoisse dès lors qu’elle doit débouler quelque part par la grande porte.
Pour les autres, pas de problème : il reste toujours l’escalier de service.
Pour vous donner un embryon de réponse à l’épineuse énigme, public aimé, public choyé, j’appelle à la barre celle que de vilaines langues fourchues et venimeuses ont osé - et à quatre posts d’ici ! - qualifier de has-been : Mlle Gloria SWANSON en personne (excusez du peu...)
De plus, vous pourrez cette fois faire d’une pierre deux coups, puisqu’en réussissant son entrée (dans ce Airport 75/747 en péril si cher à mon cœur) la Swanson s’arrange également pour réussir sa sortie.
Ce film marque en effet sa dernière apparition sur grand écran, après pas moins de 60 ans d'une carrière que je n’oserais qualifier d’éblouissante sans risquer de voir les odieux propagateurs de calomnies rappliquer fissa comme la vérole sur le bas-clergé.

Gloria SWANSON, en pleine "éblouissance", en visite au Roxy Theatre,
mythique cinéma new-yorkais, lors de sa démolition (1960) [C'était la "photo ruines" du jour - BBJ]

Comment s’y est-elle prise, la tendre chérie ?
Alors, tout d’abord, si vous voulez suivre sa recette infaillible, et j’insiste sur ce point, vous débarquerez dans le film en dernier, une fois tous les personnages passés à l’embarquement, histoire de bien ressortir du lot.
Évidement, vous arriverez dans votre Rolls-Royce (à moins que ce soit une Isotta Fraschini ?… les bagnoles et moi, ça fait deux...), et puis surtout, détail d’importance : n’oubliez pas tout le parti que l'on peut tirer d’un simple escalator !
C’est tout bête, pas très compliqué à trouver dans un aéroport, et ça vous permettra d’apparaître par petits bouts - façon Joséphine BAKER à Bobino -, renforçant au passage le halo de mystère qui vous vous efforcerez de distiller autour de vous.
Pour le maquillage, vous serez passés par les mains d’un as de la thanatopraxie (ou un expert de chez Mme Tussauds), et bien sûr, vous aurez stipulé noir sur blanc dans votre contrat de pouvoir écrire vous-même tous vos dialogues, histoire de vous jeter des fleurs au passage (« Mais quelle est donc le secret de votre inaltérable jeunesse ??? »)… car, Grande Dame ou pas, on n'est jamais mieux servie que par soi-même !
Bon, maintenant, si j’arrêtais de jacter comme une pie et qu’on se la regardait, cette démonstration ?
(Ah oui, j’oubliais :
le premier qui dit has-been, je lâche les chiens !… Est-ce bien clair ?...)





… et comme d’habitude, c’est quoi qui fait toute la différence, hein ?
Je vous le donne en mille !… le PANACHE, mes petits chéris, le PANACHE !

5 commentaires:

  1. Film divin et divine Gloria : la voilette, le chapeau cloche, la fleur, l'étole, les perles, et tout ça sur 1m48... Le panache indeed et la swansonitude !

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  2. ...il est vrai que j'ai commis un impardonnable oubli:
    >>>Vous n'oublierez pas de faire dessiner vos robes par la légendaire et toujours géniale, Edith Head! ...enfin, si vous voulez avoir la classe bien sur, sinon, on trouve chez Tati de très joli sac a patate avec un trous plus grand pour faire passer la tête.

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  3. ...on notera au passage qu'elle a le même sac à main que Cruella Devil!

    ...Et la réflexion de la mère supérieure, sublime, je ne vois pas d'autre mot.

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  4. Le blondinet qui l'accompagne c'est... Terry Lester !

    ex-Jack Abbott (avant Peter Bergman dans Les Feux de l'Amour)
    ex-Mason Capwell (après Lane Davies dans Santa Barbara)

    ex-acteur en vie. R.I.P.

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  5. Merci pour cette pointe d'érudition absolument bluffante!

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